Soirée partage autour de Nimrod à Vitry-sur-Seine (94)

Publié le 07 février 2022 par Onarretetout

Kouam Tawa vient du Cameroun, Simon Winsé du Burkina Faso et Nimrod du Tchad, tous trois étaient, ce samedi, au Centre social Balzac de Vitry-Sur-Seine (94) pour une soirée partage organisée avec le Théâtre Jean Vilar de la ville. Honneur et respect, ces mots nous ont accueillis. Kouam a présenté Nimrod par la lecture d’un de ses poèmes qui se conclut par ces mots :

Je dirai un jour prochain la haute magie des maisons de terre
Je dirai leur charme naturel
Je dirai leur climat
Je dirai leur douceur de rosée
Je dirai la grande rosace
Et sa fraîcheur termitière
Je dirai la région divine en elles

     ni poux
            ni belles
                  ni poubelles 
                         ne vicient 
                              l’air 
                                  du bon dieu 

Car des bondieuseries occupent nos têtes
Mais le paysage n’en a cure
Il n’est même pas païen
Il n’est même pas chrétien
Et pas même musulman
Il est infini à la mesure
De l’amour qui nous consume 

Vivre savamment
Mourir avec le sourire
Quelle rime triste
J’éclaterai ma tête contre leurs bons mots
Eux qui m’ont dépouillé de tout espoir
De toute quête
De toute métaphore

La poussière l’océan les étoiles
Ulysse Aladin Niels
Les rivages les côtes l’horizon me sont refusés à jamais
On ne me dira même pas Juif errant
Ni coolie indien ni sale Chinois
Je suis la dernière figure de l’homme
Je suis le trépassé de Lampedusa
Je suis le fusillé de Ceuta et de Melilla
Je suis le naufragé de Gibraltar de Malte de Sicile
Je suis le vendeur à la sauvette de Rome de Venise
De New York et du Trocadéro
Je suis la manière noire de Vienne
Je 
   suis
      la 
        der
          nière
              fig
                ure
                   de 
                    l’hom
                         me

Puis Kouam a engagé avec Nimrod une discussion amicale où le poète a parlé de son pays, des Kims, le « peuple du bord de l’eau », de son père, pasteur luthérien qui lui a donné le goût de l’écriture et des livres, la Bible, sans doute d’abord, puis Nimrod a découvert Claudel et Péguy, et Saint John Perse plus tard qui lui a ouvert une autre vision du monde. La question de la langue est venue dans la discussion avec la salle et Nimrod a dit son amour pour la langue française qui, explique-t-il, lui permet de dire des choses intimes comme aucune autre ne le lui permettrait, et d'être lu un peu partout dans le monde. D’autres poètes seront cités, dont Aimé Césaire. C’était une très belle soirée, un public nombreux et attentif. Et les musiques interprétées par Simon Winsé à la kora, la flûte ou l’arc à bouche ont ouvert nos oreilles à des sons soulignant les mots des poètes.