En combinaison avec la chimiothérapie pré-chirurgicale, et en boostant son l’impact, la pratique de l’exercice peut être bénéfique, dès l’annonce du diagnostic et avant la chirurgie, ici chez les patients atteints d’un cancer de l’œsophage. C’est la conclusion de cette équipe britannique de cancérologues, de pathologistes et de kinésithérapeutes qui montrent, dans le British Journal of Sports Medicine, toute l’efficacité de l’« exercice préhab » ou préparatoire, en amont de la chirurgie.
C’est une collaboration pluridisciplinaire de chercheurs de plusieurs instituts britanniques (Guy’s and St Thomas’ Hospitals et Maidstone and Tunbridge Wells NHS Trust, Liverpool John Moores University, Centre for Health and Human Performance (Londres), King’s College London) qui documente ici un rétrécissement de la tumeur plus marqué chez les patients qui pratiquent l’exercice.
Qu’est-ce que l’exercice « pré-hab » : c’est un exercice destiné à améliorer la force, la stabilité, l’équilibre et la mobilité en vue d’une intervention chirurgicale ou d’un autre geste médical. De plus en plus de preuves s’accumulent sur les différents bénéfices de l’exercice chez les patients atteints de cancer, avant le traitement, pendant et après la rémission. Ici, les chercheurs britanniques regardent comment l’exercice « pré-hab » peut renforcer la « préparation » de la tumeur, en combinaison avec la chimiothérapie, et avant la chirurgie.
La chimiothérapie néoadjuvante peut améliorer la survie des patients atteints de ce type de cancer, en rétrécissant la tumeur et en contribuant à freiner sa propagation ailleurs,
un effet connu sous le nom de « downstaging ».
L’étude est menée ici auprès de 21 patients assignés à l’exercice « pré-hab » et 19 témoins ayant reçu les soins standards. Le programme d’exercice d’intensité modérée comprenait de l’aérobie et de la musculation. Le programme avait été conçu pour durer jusqu’à la veille de la chirurgie, soit environ 5 mois et comprenait 150 minutes hebdomadaires d’activité d’intensité modérée plus 2 séances d’exercices de renforcement. Chaque patient a subi 4 cycles de chimio avant la chirurgie. Pour évaluer l’impact du programme d’exercice pendant la chimiothérapie, des échantillons de sang ont été prélevés avant le début du traitement, dans la semaine suivant la fin, puis à nouveau, 1, 3 et 6 jours après la chirurgie pour vérifier les niveaux des différents marqueurs d’inflammation et d’immunité. Chaque patient a également évalué également par scanner pour les changements de masse musculaire squelettique, de graisse viscérale et de taille de la tumeur, avant et après la chimiothérapie. L’analyse constate, qu’après chimio pré-chirurgicale,
- le groupe d’intervention « pré-hab » présente un rétrécissement tumoral plus élevé que les témoins (15/20 (75 %) vs 7/19 (37 %)) ;
- ces patients avaient également maintenu une plus grande masse musculaire squelettique et présentaient moins de graisse viscérale, mais sans aucune perte de poids ;
- enfin, ces mêmes patients du groupe d’intervention bénéficient d’une réponse immunitaire plus forte et de niveaux inférieurs de marqueurs inflammatoires dans le sang.
« Alors que la rétrogradation tumorale et la réponse à la chimiothérapie sont sans doute les facteurs pronostiques les plus importants dans le cancer de l’œsophage »,
cet essai comparatif suggère ainsi que l’exercice « préhab » pourrait considérablement aider tous les patients sur le point de commencer un traitement contre le cancer. Notamment en boostant l’impact de la chimiothérapie -ici administrée à des patients atteints d’un cancer de l’œsophage- et son efficacité à réduire la taille de la tumeur avant la chirurgie.
Si ces résultats étaient confirmés par de plus larges études, et pour d’autres cancers, ils impliqueraient d’intégrer pleinement l’exercice « pré-hab » dans les protocoles de soins standards et pour tous les patients sur le point de commencer un traitement contre le cancer- et pas seulement pour ceux qui vont subir une intervention chirurgicale.
Dans le cas de la chimio pré-chirurgicale qui peut avoir un impact considérable sur le corps, réduire la forme physique et accélérer la perte de masse et de fonction musculaire squelettique (sarcopénie), l’exercice pourrait jouer un rôle de renforcement considérable.
Source: British Journal of Sports Medicine 1 Feb, 2022 DOI: 10.1136/bjsports-2021-104243 Exercise prehabilitation during neoadjuvant chemotherapy may enhance tumour regression in oesophageal cancer: results from a prospective non randomised trial
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