Pour ce faire, l’autrice nous plonge dans la peau d’une juge d’instruction du pôle antiterroriste, un an après les attentats du Bataclan. Outre un mariage qui bat de l’aile, la magistrate Alma Revel, doit également se prononcer sur une affaire particulièrement délicate: le dossier Abdeljalil Kacem. Doit-elle remettre en liberté ce jeune musulman qui avait rejoint la Syrie avec sa femme enceinte et qui affirme s’être fait berné par la propagande de l’Etat islamique et vouloir dorénavant seulement vivre en paix avec sa femme et son fils ?
Les deux décisions que l’héroïne de Karine Tuil doit prendre, l’une privée, l’autre professionnelle, ne sont pas évidentes et pourraient bien faire des sérieux dommages collatéraux. Quel sera l’impact sur ses trois enfants si elle décide de quitter son mari et surtout, quel risque fait-elle courir aux citoyens français si jamais elle libère Abdeljalil Kacem ? Le risque zéro existe-t-il… et si oui, à quel prix ?
En alternant le quotidien harassant de cette juge d’instruction avec des retranscriptions d’interrogatoires du prévenu, l’autrice invite intelligemment le lecteur à se faire sa propre idée, tout en l’invitant à se rendre compte de la difficulté du choix qui s’offre à lui.
Si cette plongée dans les coulisses de la justice antiterroriste s’avère très documentée et particulièrement didactique, elle est malheureusement servie par un ton journalistique légèrement trop distant, qui freine l’empathie envers les personnages, privilégiant une narration qui lève certes le voile sur le fonctionnement de l’instruction, mais qui oublie de venir cueillir nos émotions… malgré une conclusion plus humaine, qui tente de corriger le tir.
La Décision, Karine Tuil, Gallimard, 304 p., 20 €
Ils en parlent également: Hch Dahlem, Nath, Bénédicte, Brice, Lili, Rose, Alexandra, Books moods & more, L’œil du Quidam
éé