Quatrième de couverture :
Ah ! les muffins de l’hôtel Bertram… Ils n’ont pas leur pareil. Non plus que le thé, le personnel stylé et les clients, ladies respectables, ecclésiastiques et officiers en retraite qui viennent y retrouver l’atmosphère d’antan… Vraiment, l’hôtel Bertram est plus victorien que nature, et Miss Marple se réjouit d’y passer une semaine. Et pourtant, quelques détails la troublent : cette jeune fille, Elvira, qui s’est amourachée d’un pilote de course peu recommandable, sa mère, une aventurière décidée, et ce pauvre chanoine Pennyfather qui disparaît… Il est bien étourdi, mais tout de même…
Décidément, tout n’est peut-être pas aussi paisible et feutré qu’il y paraît… à l’hôtel Bertram.
Agatha Christie a publié A l’hôtel Bertram en 1967 et elle y restitue le charme vieillot mais intact d’un hôtel de luxe londonien qui semble avoir parfaitement survécu à la guerre et aux épreuves du temps. C’est dans cet endroit qu’elle a connu enfant que Miss Marple prend quelques jours de vacances : rien ne semble avoir changé, le personnel est aux petits soins pour prévenir les moindres désirs d’une clientèle d’habitués ou de touristes, tous nostalgiques ou adeptes de la vieille Angleterre. C’est l’hôtel, ses employés et ses habitués qui sont au centre de l’intrigue : un vieux chanoine très distrait, une lady aventureuse, sa fille qu’elle a abandonnée enfant et qui va bientôt hériter d’une grosse fortune, un coureur automobile voyou, le majordome si prévenant, le portier si perspicace… Pendant ce temps, une série de cambriolages et d’attaques de plus en plus audacieuses ont lieu un peu partout dans le pays et la police cherche désespérément une piste pour retrouver le cerveau de la bande de gangsters.
Miss Marple n’occupe donc pas une place centrale dans la résolution des divers mystères qui entourent l’hôtel Bertram mais sa discrétion, son sens de l’observation, les conversations surprises en secret vont aider l’inspecteur-chef Davy à comprendre ce qui se trame dans cet hôtel finalement trop beau pour être honnête. Ayant accepté que la vieille demoiselle ne peut tout mener à elle seule, on goûte les multiples rebondissements et on apprécie la galerie de personnages mis en place par Dame Agatha.
J’ai enregistré et revu la version télé du roman, avec Geraldine McEwan dans le rôle de Miss Marple et quelle n’a pas été ma surprise de voir que l’intrigue avait été complètement transformée pour donner plus d’importance au personnage de Miss Marple. Roman et adaptation télé n’ont pas grand-chose à voir, à part les noms et certaines caractéristiques des personnages, j’ai nettement préféré le roman !
« Tout baignait dans une ambiance de riche velours rouge et de confort cossu. Les fauteuils aussi dataient d’un autre temps. Ils étaient assez hauts pour éviter aux vieilles dames rhumatisantes de se contorsionner pour se lever au péril de leur dignité. A l’inverse de ces fauteuils modernes tant prisés, les sièges ne s’arrêtaient pas à mi-chemin de la fesse et du genou, ce qui inflige le martyre aux arthritiques et aux victimes de la sciatique. Et ils n’étaient pas non plus tous du même modèle. Les uns avaient un dossier droit, d’autres un dossier incliné, et les largeurs d’assise variaient pour convenir aux maigres ou aux obèses. Au Bertram, les gabarits les plus extrêmes pouvaient se trouver un fauteuil confortable. »
« Miss Marple soupira:
– A première vue, c’était merveilleux… Rien n’avait changé, vous comprenez… On avait l’impression de retourner dans le passé… cette partie du passé qu’on avait aimée et dont on avait si longtemps savouré le souvenir.
Elle se tut un instant avant de reprendre:
– Mais bien sûr, ce n’était pas vraiment cela. J’ai appris – ce que je savais déjà, sans doute – qu’on ne revient jamais en arrière, qu’on ne devrait jamais revenir en arrière. L’essence de la vie, c’est d’aller de l’avant. En vérité, la vie est une rue à sens unique, vous ne croyez pas? »
Agatha CHRISTIE, A l’hôtel Bertram, traduit de l’anglais par Elise Champon, Le Livre de poche, 2010 (première publication 1992)
Petit Bac 2022 – Agatha Christie Lieu
Challenge British Mysteries (avec ses magnifiques logos auxquels je n’ai pu résister)