Le poète véritable – de par son engagement – est aujourd’hui ce que Pier Paolo Pasolini fut à son époque au cinéma. Ses paroles, sa guitare se doivent d’être une épée à double tranchant. Sinon il sombrera presque instantanément dans l’oubli parmi tant de souvenirs qui disparaissent une fois la prochaine vedette insipide hissée au pilori.
Auteur, compositeur, interprète – le poète et rockeur à textes français, a fait paraître son septième album le 8 juin dernier notamment sur Bandcamp, Apple Music, iTunes, Youtube Music, Deezer et Spotify sous format numérique. Son lyrisme créatif nous transporte dans une série d’histoires tordues en de mots qui résonnent bien avec ce qui se passe sur la planète. Je nous invite à découvrir un artiste de grand talent, un géant à sa manière discrète! Faites le trajet avec moi, sauf que vous devrez y mettre un peu du vôtre et aller écouter le reste par vous-même!
Dès le premier titre, il annonce ses couleurs. Punk en habit de soirée! Poète au grand cours! Explorant un rythme accrocheur et ambitieux, il nous balance un propos universel mature: LA GUERRE DES ÉCRANS ou les affres d’une société digitalisée où les cœurs battent bleu comme des écrans (SI VOUS AVEZ DES ENFANTS VOUS SAVEZ DE QUOI NOUS PARLONS!)
« Allons enfants humanoïdes
Fils du soleil et de la mer
La guerre des écrans est déclarée !
Avec nous, quarante siècles de pyramides,
La Joconde, une saison en enfer..
Dans nos rangs presque huit milliards de fêlés
En face, les points-zéros avides
Algorithmes en rut enrôlés
Une armée de pixels prêt à tout pour gagner
La guerre des écrans… »
Les nappes de guitares s’enchaînent codées sur un hurlement de foule soutenu par son texte qui parsème les accords percutants. On ne met pas toute la sauce au premier morceau, c’est clair! Goutez-moi cet intro! Il y touche avec un air de ne pas trop vouloir nous laisser entrer, c’est mystère et boulette d’opium;
P O É S I E R O C K
« Les enfants, tout cela n’est que folie. Plus besoin des Dieux ce matin
On vous racontera le temps des cerises électriques
Des sirènes de lunes aux datas sans fins s’écorchant dans l’ écume
Aux arbres citoyens !
L’on m’écorce et je clique et je like et follow sur le flot des écrans arctiques
Je bouffe mon cerveau dont l’essence est unique ! La guerre des écrans…
Accroupis dans ma régression, à l’ombre de la dernière zone blanche
Je ronge mes jours jusqu’au trognon
J’ai le passé mélancolique à respirer champs de parfums
Chimères autres que numériques
Sous le crâne des villes j’entends parfois vriller le vent
Mauvais, puant, rageur et vil, c’est la guerre des écrans.. »
Je laisse le soin à Dominique de vous proposer Viral sur ce court clip vidéo made in Quimper (Finistère).
Constatez par vous-même son acharnement subtil au service de son propos. Voici l’album entier en streaming sur Bandcamp. L’album est incroyable. Tout cet album est à écouter dans l’ordre car une trame prend forme au fil des titres en un ordre bien singulier. Il sera positif pour la poésie si cet album en plus d’être innovant et qualitatif devienne une réussite commerciale défiant la magouille du marché. L’artiste fait tout de lui-même sans une équipe d’influenceurs et avec de maigres moyens. Écoutez-moi ça, vous m’en donnerez des nouvelles:
Le Bars n’en est pas à ses premières armes avec le rock. En 2019, il nous avait livré l’album: ENTRE DEUX CIELS et en 2018 SYLAPSE dont voici un extrait intitulé: ÉTAT CUPIDITÉ;
Imaginons un instant qu’il avait l’appui de producteurs et collaborateurs aussi inspirés que lui?! Avec ses mots ardents distillés de sa voix calme, rayonnante et précise?
« Je t’ai séduit par un froid jour de novembre.
Un de ces jours où tu fatiguais les rues de ta morne solitude
Le col d’un pardessus d’ennuis remonté sur ton visage
Et ce coeur mais pas trop, qui t’animait d’un geste fatigué.
Je t’ai pris par surprise au détour d’un étonnement
Toi, tu n’as vu que mes grands yeux de rêves d’où neigaient mille promesses. Elles riaient et tourbillonnaient dans le ciel, retombaient sur ton coeur,
Ce coeur d’hier, amant d’un lendemain..
Clôs dans la solitude d’un étroit petit monde
Aux ailes repliées, les poches remplies d’or
Obstiné de l’argent compte et recompte encore jusqu’à la fin du monde.
Je t’invite ce soir à venir dans ma tombe..
Te souviens tu du jour où je t’ai pris la main comme un enfant ?
Je t’offris des parfums et des charmes que jamais tu n’aurais inventé Ensemble toi et moi traversâmes l’histoire, peuplades et continents
Affigeant un conflit, ici ou là, demain, hier ou aujourd’hui
Ah ! que de guerres avons nous provoqué..
Un soir, je t’amenais sur les bords du grand devenir.
Tu fus littéralement pris de panique, sa lumière t’aveuglait,
oui je me souviens..
Rassure toi je ne suis pas le Diable ou une connerie du genre
Clôs dans la solitude d’un étroit petit monde,
Les ailes repliées, les poches remplies d’or
Obstiné de l’argent compte et recompte encore jusqu’à la fin du monde.
Je t’invite ce soir à baiser dans ma tombe..
Mon terrain de jeu ?
Mer, Terre, ciel.
Partout où rôde ton odeur et ta cupidité
Etat cupidité
Dominique Le Bars ( Sylapse 2015 )
Multi-instrumentiste, il a aussi fait paraître un album de ses œuvres PIANO WORKS en 2016. Et là je dois vous prévenir, il nous balance aux oreilles une de ses personnalités que je commence à peine à explorer. Ça joue dans le salon au plafond cathédrale alors que j’écris ces mots, ça résonne comme si nous y étions, dans la cathédrale s’entend… Sur le deuxième titre: 11/20 – et la septième: PUZZLE des soupçons de (et je ne veux pas le vexer là) Debussy, sans le désir de choquer – au contraire, ça coule, roucoule – non c’est qui ce mec?! Quand on a une telle maîtrise, ce doit être difficile de se retenir: quelle beauté transcendante. Il me les scie!!! Tant l’exécution que la luminosité des compositions, c’est POW comme dirait Batman!
https://dominiquelebars1.bandcamp.com/track/11-20
Ensuite vint L’INTIMITÉ, un album rock instrumental digne de créer un film autour de sa musique. Tiens bon?! Accroche ta tuque Plamondon, y a un Français qui débarque!!!
https://dominiquelebars1.bandcamp.com/album/lintimite
Dès le troisième titre: LE DÉBAT, l’histoire prend forme dans notre imaginaire et je me suis laissé inventer ma propre version de son concept. Le panorama des compositions, leur richesse nous transporte en des lieux, des époques, toujours dans un esprit rock sophistiqué.
Sur SYLAPSE (2018) je me suis senti revenir en France dans ma vingtaine, dès le premier titre: LE COSTUME DE BAL – Louis Chédid (ouais…) que j’ai toujours trouvé capoté m’est venu à l’esprit mais sans le clinquant comme dans son HOLD-UP en 1984 – puis je me suis laissé bercer par les textes solides, les images foudroyantes parsemées de clairières. Je suis poète aussi (t’as pas remarqué?) – je fais ça depuis 1978 en bouquins – puis ça s’essouffle et j’en bouffe depuis bien avant ce jour. (Mais là j’ai lâché. Ndtr = BASTA!)
Le Bars lui, n’y va pas de main morte, grrr: c’est rare que je suis jaloux (hahaha!). Je le réécoute en écrivant ces mots:
« Prendre un grand contenant, faire chauffer à feu doux
Y déposer passions et mesquineries diverses
Mélangez jusqu’à ébullition, éteindre puis réserver
Prendre délicatement une noisette de peur
Ajoutez y faiblesses, craintes et certitudes
Faire revenir tranquillement, mais sans intelligence..
Versez un fond de rire puis faites diluer jusqu’à obtenir un mélange homogène
Ajoutez y richesses et clinquants – tout ce qui brille fera l’affaire –
Déposez au fond du plat deux beaux conflits d’égos
Soupoudrez largement d’humanité bruyante
Couvrir de prétention et faire mijoter sur deux millions d’années. »
(LA RECETTE)
Ça me parle ça! Pas vous?
En 2014 son projet intitulé 8TOP, réunit des voix et talents extraordinaires. Oeuvre qu’il dit communautaire car il l’a réalisé avec la participation de 8 voix francophones: Marina Claire ( Genève ) / Juliana Paul ( Chateauroux ) / Agnès Robert ( Redon ) / Marie Launay ( Londres ) / Alexandre Riou ( Arcachon ) / Pierre-Gilles Bovy ( Paris ) / Erick Campa ( Marseille ) /Julien Victor ( Fribourg ) est un petit chef d’oeuvre. Un classique comme qui dirait. C’est du solide et du sérieux. (Et à mon sens c’est plus intéressant disons que NOTRE-DAME-DE-PARIS de vous savez qui, et que je n’oserais nommer par peur qu’il ne se réveille. )
Je vous conseille chaudement de visiter sa page Bandcamp sur le lien ici-bas. Là vous pourrez entendre ses oeuvres et si vous êtes aussi enthousiaste que moi, SVP achetez depuis ce site car le virus COVID-19 a eu un impact délétère sur la communauté créative du monde entier. Montrez votre soutien à vos créateurs préférés.
Je suis son évolution depuis l’an 4 B-C (before covid) en live grâce à internet, nous diffusons sur une plateforme commune et en tant que créateur, il m’inspire, me surprend et m’oblige à m’améliorer. C’est une des joies de travailler chez les indés, nous nouons des liens avec des créateurs partout sur la planète. Je suis heureux de le lui redire ici en québécois: toé t’es un ‘hot’! Pas tous les jours que nous découvrons des artistes de ta trempe. Merci pour ce nouveau monde à découvrir! Tu as fait de moi un grand fan.
DG, Pays-d’en-Haut, Québec
DOMINIQUE LE BARS – BANDCAMP
ROCK FRANÇAIS