Il est né un 22 octobre 1918 à Hong-Kong. Il a occupé avec brio le fauteuil n°22 de l'Académie française. Il est mort en 22.
Je suis triste.
René de Obaldia a trépassé. Pour l'avoir connu, je sais qu'il aurait souri de se voir célébré une fois décédé. Il m'avait dit un jour s'amuser de voir que les gens le croyaient mort. Le prenaient aussi pour un autre. Il en jouait. Je me souviens de chaque instant passé à ses côtés. Je me souviens de son regard perçant et espiègle. De sa voix. Quand il m'appelait. On se donnait rendez-vous aux Deux Magots, à Saint-Germain-des-Prés, il disait faire l'école buissonnière de l'Académie française. On papotait. Je me suis souvent demandé quelle mouche l'avait piqué de s'intéresser à moi, même pour de courts moments, de me demander mon avis sans fard sur la mise en scène d'une de ses pièces à laquelle il m'avait convié. Il était profondément curieux de la vie et de ses pairs qu'il dépeignait pourtant avec une ironie mordante, dans ses pièces de théâtre, jouées dans le monde entier, dans ses poèmes. J'ai aimé ses anecdotes qu'il distillait avec gourmandise. En sa présence, j'ai touché du doigt la poésie, l'éternité.
Du fond du cœur, cher maître, merci pour ça, pour votre œuvre, pour votre amitié.
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J'avais raconté ici l'idée folle qui m'avait traversé (une lettre que je lui avais lue) (billet).
✎ Lisez ses Innocentines (poèmes pour enfants et quelques adultes), vous m'en direz des nouvelles ! (éd. Grasset)
✎ Ou encore Génousie, comédie onirique où l'auteur invente une nouvelle langue. Irrésistible !
✎ Et mon impromptu favori : Grasse Matinée. C'est selon moi, son plus beau morceau de théâtre. Une sorte d'hommage drôle et poétique au chef-d'œuvre de Beckett : Oh les Beaux Jours.