La société Saipol , grossiste en huile et propriétaire de la marque Lesieur, a acheté, à bas prix en Ukraine, un lot de 40 000 tonnes d'huile de tournesol. Puis, cette société a revendu avec profit, un peu plus de 5000 tonnes pour la seule France, à plusieurs fabricants qui l'incorporent à différents produits, lors de leur élaboration en usine.
Or, un contrôle a posteriori a mis en évidence dans ce lot la présence frauduleuse d'huile minérale destinée à la lubrification des moteurs, à raison de 100 centilitres par litre.
Mais malgré cela, depuis le mois de mai dernier, cette huile provenant de la région de Tchernobyl, se retrouve notamment dans les sardines en boîte, mayonnaises, chips, surimis, céleris rémoulade, soupes de poisson, paupiettes de veau, pâtes à tartiner chocolatées, cookies, gaufrettes à la confiture, barres céréalières pour enfants ou autres plats cuisinés...
C'est le Canard Enchaîné qui a révélé l'affaire. L'acheteur en France est le groupe Unilever (Amora, Plantafin, Maille, Knorr, Magnum, Miko...). A la suite de ce contrôle, on s'est aperçu, en haut lieu, que 10 % de cette huile était d'origine minérale qui est obtenue, rappelons-le, par distillation de la houille, du pétrole ou de schistes bitumeux. L'huile minérale est utilisée pour la lubrification des organes mécaniques des machines et des moteurs mais également comme insecticide et acaricide
Craignant que cette annonce par le journal satirique ne fasse tache d'huile - c'est le cas de le dire - l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) affirme que le pourcentage (10 %) de cette huile minérale dans des produits alimentaires ne représente pas un danger pour les personnes qui en consommeraient.
L'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation) aurait néanmoins fait retirer l'huile frelatée mise en bouteilles et les plats préparés à partir de cette mixture mais tous les aliments pour lesquels on a utilisé cette huile n'ont pas été retirés de la vente. Et le consommateur ne sait pas quels sont les produits qui sont restés sur les rayons car seuls auraient été retirés de la vente les produits finis, c'est à dire les produits "les plus significativement contaminés".
Du coup, la Commission européenne a recommandé, dès le 2 mai, de ne pas dépasser dans une huile végétale 10 % d'huile minérale. Elle a considéré le 27 juin dernier que les huiles contenant plus de 100 mg d'huile minérale par kg étaient non conformes. Un véritable scandale qui a l'accord des autorités françaises qui ont décrété que tant que les produits n'en contenaient pas plus de 10%, personne ne devait tomber trop malade. Même s'il n'est pas établi que ce mélange soit hautement toxique, le minimum de précaution aurait consisté à mettre à la poubelle tous les lots de produits, que ceux-ci soient des produits finis ou des produits moins significativement contaminés.
Mais la loi du marché est la plus forte et les 40000 tonnes au total à écouler seront utilisées ici ou là, dans les hypermarchés en France et ailleurs où il y a en ce moment des produits contaminés à l'huile de moteur !
Aujourd'hui, à l'heure d'une mondialisation débridée, il est possible d'importer n'importe quelle denrée alimentaire de l'autre bout du monde, dans le seul but de gagner de l'argent. Il n'y a guère de "traçabilité" des produits et certains peuvent être trafiqués, bourrés de pesticides ou autre sans que personne ne s'en aperçoive. D'ailleurs un produit importé au prix le plus bas est une quasi-certitude de mauvaise qualité doublée d'exploitation des salariés qui ont servi à le produire, triplée d'une pression sur l'emploi et le salaire des salariés français.
Cette tendance lourde est encore amplifiée par le phénomène de la publicité : ces chères petites têtes blondes et leurs mamans épanouies n'éprouvent-ils pas un plaisir intense à bouffer ces marchandises sur emballées dans d'affriolants plastiques aux couleurs vives ?
Pourtant, d'autres pays, moins irresponsables que la France, ont réagi différemment. Ainsi, la Grèce a interdit l'utilisation de tous les lots depuis le 1er janvier 2008.
A travers cette affaire, c'est en fait la notion du danger qui est discutée. Comment peut-on affirmer que ce pourcentage, même minime, ne menace pas notre santé ? Cela pose aussi la question de la transparence, de la désinformation, laquelle a toujours comme justification la volonté de ne pas provoquer de panique. On se souvient du nuage de Tchernobyl qui s'était miraculeusement arrêté à l'époque, aux frontières de la France...
Quand on demandait à Jean Rostand, le célèbre biologiste : "quelle quantité de radioactivité un être humain pouvait accepter sans risque ?", il répondait : " C'est un peu comme si vous me demandiez quelle quantité d'arsenic peut-on mettre dans le biberon d'un bébé ? ".
Et au sujet des dioxines, par exemple, les normes américaines imposent de ne pas dépasser 0,0064 picogramme de dioxine ingérée par kilogramme de poids humain par jour, alors que l'Europe se contente d'une norme bien moins contraignante : 0,2 à 2 picogrammes. Est-ce à dire que nous sommes beaucoup plus résistants que les Américains ? Evidemment, non.
Il faut plutôt penser que les Américains, forts de leur expérience en ce domaine (usage de défoliants lors de la guerre du Vietnam) se sont rendus compte que les dioxines sont liées directement à la prolifération des cancers dans la population. Et pour une fois que les Etats-Unis pouvaient être pris comme exemple, notre cher Président de la République, pourtant atlantiste forcené, ne le fait pas...
Les marques concernées sont les suivantes :
Lesieur et toutes les marques du groupe :
Toutes les marques du groupe Unilever :
Les produits les plus susceptibles de contenir de l'huile minérale sont les suivants :
Mayonnaise
Tarama
Sauce béarnaise
Chips
Vinaigrette allégée
Soupe de poisson en conserve
Thon et sardines à l'huile
Pâtes à tartiner chocolatées
Gaufrettes à la confiture
Barres céréalières et sucrées pour les enfants
Vous pouvez téléphoner au service consommateurs de Lesieur au 0 810 193 702 (tarif appel local) pour demander des précisions !