La France sera publiquement mise en accusation à Kigali, ce mardi, pour son implication dans la préparation et l'exécution du génocide perpétré en 1994 au Rwanda, affirme le quotidien Le Soir, qui a pu prendre connaissance des principales conclusions du rapport de la commission rwandaise chargée d'enquêter sur le rôle de la France dans ce génocide.
Des militaires français auraient du sang tutsi sur les mains
Le document de plus de 500 pages, fruit des travaux de la "Commission Mucyo", du nom de son président, l'ancien ministre de la Justice (photo), sera remis ce mardi à la justice rwandaise. Selon lui, la France connaissait les préparatifs du génocide, elle a participé à cette préparation et pris part à l'exécution du crime, écrit Le Soir.
Les accusations portant sur l'Opération Turquoise, menée de juin à août 1994 et présentée comme une action humanitaire, sont "particulièrement troublantes", poursuit le quotidien: selon la Commission, les militaires français auraient "collaboré avec les Interhahamwe dans la continuation des assassinats de Tutsis" jusqu'à être directement impliqués dans des assassinats. Le rapport confirme aussi que des militaires français ont encouragé l'exode des Hutus vers les pays voisins et, au Kivu, ont tenté de réarmer et de réorganiser les forces armées rwandaises vaincues.
En conclusion, la Commission demande au gouvernement rwandais de se réserver le droit de porter plainte contre l'Etat français devant les instances judiciaires internationales. Le génocide rwandais a fait, selon les Nations Unies, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés.