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Tennistiquement parlant....

Publié le 05 août 2008 par Marbor

Tennistiquement parlant, le sol americain est un lieu tres riche en rebondissements. L'Amerique du nord est une terre qui n'est pas ephemere, changeant en effet regulierement de proprietaire. C'est en tout cas ce qui se passe en ce qui concerne les deux Masters Series d'apres Wimbledon, a savoir Toronto et Cincinnati. Ces deux tournois de deuxieme categorie ont fait l'objet de la plus grande convoitise, tant aupres des medias, des protagonistes, ou dans la tete des interesses. Si le continent europeen accueille bon nombre de tournois nomme International series, les moins dotes du circuit, tels que Estoril, l'Open 13 de Marseille ou encore Halle, il accueille egalement 5 des 9 masters series et il serait malheureux d'oublier les deux grands chelems, proche par la distance mais distinct par leurs surfaces, Roland Garros et Wimbledon.

De Monte-Carlo et ses celebres casinos a Wimbledon et son nouveau jardinier, le vieux continent n'a eu qu'un proprietaire, qui a laisse une petite miette, et non la moindre puisqu'il s'agit de Rome, au beneficiaire serbe. Ainsi si l'Europe ne serait que tennis, l'Europe serait Nadal et le roi de la terre ocre serait le vieux continent. Ce n'est pas la premiere fois que l'on pourrait attribuer ce titre europeen a Nadal mais la troisieme dans la mesure ou son parcours sur le gazon londonien en 2006 et 2007 n'est pas a negliger. Cette annee, pleine de reussite a l'echelon europeen ne souffre d'aucune contestation pour le desormais nouveau numero 1 mondial. Il a litteralement survole la saison printaniere pour ensuite confirmer les espoirs places en lui sur la terre cherie de Federer. Le serbe et le suisse confiant et forts d'un bon debut de saison sur terre inquietent le majorquin a la veille de "son" Roland Garros. Mais ces sources d'inquietudes ne seront qu'illusion tant elles auront ete etouffees par la puissance de l'homme au biceps gauche.

Mais une fois Wimbledon termine, il est maintenant temps pour Federer, Djokovic et tous les autres d'aller trouver un souffle nouveau sur le continent qualifie de "Nouveau Monde". Il est temps de passer du vert au bleu, du gazon au dur, de la desillusion a la reconstruction pour Federer et Djokovic.

Et c'est lors de cette tournee americaine que les enjeux sont primordiaux pour le numero 1. Premiere etape de cette tournee preparatrice, Toronto. Tournoi qui se dispute toutes les annees paires, il a deja couronne chacun des trois premiers mondiaux actuels et c'est egalement ici que Lendl y a affiche sa suprematie avec 6 victoires. C'est un tournoi canadien charge d'histoire et qui a vu cette annee la demonstration de force d'un Nadal peu emousse par sa serie exceptionnelle de 6 victoires en tournoi sur 7 disputes, en incluant deux grands chelems et deux masters. Il a ainsi marque les esprits des son arrive sur ces terres nouvelles, bien loin de celles de France ou d'Angleterre, en faisant taire les rumeurs disant que la deuxieme partie de saison est depuis toujours, mal negociee par Nadal et ceci principalement du a son physique.

Le bilan

Un nouveau master series en poche, direction desormais Cincinnati avec l'occasion pour Federer de reprendre les commandes. Et pourtant, ce tournoi aura ete de toute surprise, et cela a tous les echelons. On attendait Youzhny, bien en dea de ses capacites depuis le debut de la saison, on a eu le droit au show Tommy Haas. On attendait la mobylette Ferrer, Nicolas Lapentti lui a coupe le moteur. On attendait PHM, l'impatient Querrey lui a barre la route des son entree en lice. On pensait a Simon mais Blake ne s'est pas laisse endormir par le style de jeu du jeune Franais, tres en verve aux Etats Unis. Enfin si Gulbis a fait un retour talentueux, tout semble encore sombre pour Federer, au contraire de Moya qui retrouve la lumiere depuis le tournoi de Chenai.

Le mot d'ordre de ce tournoi est sans aucun doute rebondissement. Le retour au premier plan de Nicolas Lappenti fut un fait marquant de ce tournoi. Apres avoir elimine deux espagnols, Ferrer et Verdasco, il butera sur l'obstacle majorquin apres avoir ete tout de meme l'auteur d'un excellent premier set perdu 7/6. La suite du match, on a appris a la connaitre ces derniers temps : si l'entame de match est toujours prometteuse face a Nadal, c'est souvent l'ecroulement qui suit derriere. Mais Lapentti n'aura pas demerite durant ce tournoi, car obtenir un quart de finale dans unmaster series n'est plus chose facile quand on sait qu'apres avoir vecu ses plus belles annees tennistiques il est ensuite complique de refaire surface. Loin de son apoge tennistique de 1999, de sa demi-finale au pays des Kangourous et de sa 6eme place mondiale, il aura fait tourne en bourrique un Ferrer, qui physiquement etait inferieur et aura permis a l'Equateur de retrouver des couleurs. La Croatie etait egalement a l'oeuvre dans ce tournoi, cela par l'intermediaire d'un Karlovic qui, comme tres souvent, a ete etincelant en service notamment face a Federer. Brillant aussi dans la faon de gerer son match contre le numero un mondial car il faut souligner qu'au dela du fait qu'il soit une , son revers slice constitue un des compartiments dans lequel il s'est ameliore. Il aura fallu un Murray impressionnant de realisme pour l'arreter (6/4 6/4). Fort de son succes sur Federer, le geant croate se dit confiant pour la fin de saison. Pour ce qui est de Gulbis, le jeune letton, il avait a coeur de montrer son fort potentiel, qu'il n'a pas pu exploiter pleinement durant la tournee sur gazon, la faute a la montagne marjorquaine recontree des le deuxieme tour a Wimbledon. S'il n'a pas frappe les esprits, Nadal lui promet neanmoins un grand avenir, disant qu'un service et un coup droit pareil etaient destructeurs pour quiconque. Nieminen, Clement et Blake n'ont pas dementi. Si chacun d'entres eux a subi la puissance de ce jeune letton, Gulbis aura eu des matches complexes notamment face a Arnaud Clement (6/4) et James Blake (6/4). S'il a echoue face au futur finaliste (6/3 6/4) en quart de finale, il a eu le merite de demontrer des qualites physiques dont on doutait encore a la veille du tournoi. Au vu de son parcours et de la faon dont il frappe la balle, il est certain qu'il peut encore s'ameliorer et cela ne s'averera pas tres bon pour ses futurs adversaires.

Avant d'en arriver au dernier carre, soulignons la mauvaise passe connue par les franais, qui n'ont fait qu'illusion dans ce tournoi. Le terme illusion est certes un peu dur, mais ce n'est pas Florent Serra qui vous dira le contraire, la faute a un Nadal trop confiant et qui apres avoir mis une deculottee au franais a admis avoir simplement joue un jeu normal. Pour Gasquet, le premier tour fut delicat et le niveau de jeu avec lequel il a joue face a Nadal au premier set a Toronto etait nettement superieur a celui pratique face Llodra. Malgre une epaule douloureuse, Llodra gagne le premier set face a un Gasquet trop crispe en coup droit mais qui a su se remobiliser par la suite pour l'emporter. La suite s'avere etre un echec contre Tursunov, qui a profite d'un deuxieme set catastrophique 6/0 ou le franais a totalement lache prise, et cela a cause de la perte du premier set 7/6. Si Gasquet a connu ses plus mauvais jours pendant la premiere partie de saison, il est encore trop irregulier pour renouer avec les exploits de l'annee passee. Le tennis, c'est un peu comme une montagne, vous montez lentement vers les sommets et vous redescendez vite a terre. Pour le reste des franais, Bennetau n'a pas reedite la performance de Roland Garros ou il avait battu Soderling. Cette fois il s'incline 6/0 6/3. Si Gilles Simon perd face a Blake, la faute a l'accumulation excessive de matchs, n'aura pas fait parler la foudre en fond de court face au recordman du nombre d'aces consecutifs (10), Sam Querrey. Enfin, Monfils, dont on attend toujours un retour en forme pour une confirmation de son excellent Roland Garros, est atteint de maux de ventre des son entree en lice face au jeune produit americain, Donald Young. S'il passe le premier tour sans encombre, il abandonnera face a Tommy Haas, rattrape une nouvelle fois par la douleur.

Le mauvais episode des 7 franais fait le bonheur d'un ecossais qui a realise une semaine brillante en usant de patience pour remporter le tournoi. Patience dans le sens ou lorsqu'il a affronte Moya en quart, il a laisse passe l'orage: il etait mene un set un break, il a finalement renverse tout le match et a outrageusement domine la plupart des autres points pour s'adjuger la gagne (2/6 6/3 6/1). Carlos Moya qui sortait aussi de deux matchs en 24 heures n'a pas eu les ressources physiques necessaires pour resister. Il bat ensuite, comme souligne precedemment, Karlovic pour atteindre la finale face a Djokovic qui lui a eu une campagne facile au vu de ses resultats. Un premier tour difficile mais bien negocie contre Seppi (7/6 7/6) puis la route jusqu'en finale a ete tel un fleuve tranquille pour le serbe, se payant le luxe rarissime en ces temps de battre l'homme fort du moment, Nadal (6/1 7/5). Il avouera d'ailleurs jouer plus en confiance avec un tennis reflechi, lui permettant d'avancer et d'obtenir de meilleurs resultats.

Le sacre

La finale s'annonce donc etre un beau combat entre deux protagonistes s'etant deja affronte a Toronto la semaine passe, Murray etant sorti vainqueur. Mais cette fois la donne est differente, il s'agit la d'une finale d'un master series avec un avantage pour le serbe qui a plus d'experience a ce nouveau.

Pourtant, des l'entame de match, il est depasse par Murray qui joue des coups , endormant Djokovic qui n'accelere pas aussi bien son jeu que comme cela avait ete le cas lors des tours precedents. Le serbe bataille face au britannique qui persiste dans la filiere des longs echanges. Ainsi, lors du premier set, les rallyes s'enchainent et leurs vainqueurs s'alternent pour finalement en arriver au jeu decisif. Djokovic, habituellement solide dans les moments importants, craque en revers et permet a Murray de l'emporter 7/4. L'obstacle Nadal doit peser dans les jambes de . Le serbe trouve cependant des ressources innatendues dans le debut du secon set, lui permettant de retrouver un jeu offensif avec des coups droits puissants et d'une precision parfois chirurgicale. Retrouvant de la magie dans sa raquette et un tennis qu'on lui connait, il va de l'avant avec un jeu ou s'allient coups droits, revers longe ligne et amorties tres, parfois trop, frequentes. A 3/2 et break Djokovic, certains entrevoient deja un troisieme set avec ce reveil tardif du serbe, mais pas Murray, qui continue a jouer un jeu varie, principalement defensif, ou s'alternent contres, slices, et retours profonds. Avec ces differents ingredients, la recette semble presque terminee pour qui reprend le service du serbe par deux fois pour servir pour la gagne a 5/4. Mais le syndrome du petit bras frappe Murray qui est paralyse en coup droit. Djokovic sauve 3 balles de matche et emmene son adversaire au jeu decisif. Jeu decisif qui sera pour Murray qui gagne son 6e titre et son tout premier master series apres un revers long ligne gagnant, au bout de sa 6eme balle de match.

Tres intelligent tactiquement et techniquement, Murray sait jouer face a tout type d'adversaire et sait adapter son jeu dans beaucoup de situations. Si la panoplie de coups du jeune britannique est tres variee, sous sa casquette se cache beaucoup de lucidite et de reflexion. Pour Murray, il est venu le temps de vivre ses premiers grands moments...


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