Quand les jeunes, et les moins jeunes, se tournent massivement vers des formes de travail indépendant, les institutions financières sont contraintes de faire preuve de créativité afin de répondre à leurs attentes inédites. L'accès au crédit a focalisé les premières initiatives, l'optimisation de trésorerie sera probablement la prochaine étape.
Les salariés ont la certitude du versement de leur rémunération à date fixe. Les adeptes des grandes plates-formes de VTC, de livraison et autres du même acabit bénéficient du règlement de leur dû dans des délais prévisibles, généralement courts. En revanche, tous les autres freelances, nombreux, qui opèrent par contrats unitaires, sont soumis aux aléas du respect des échéances de facturation par leurs clients, sur lequel ils n'ont hélas guère de visibilité, y compris au-delà des contraintes légales, fréquemment enfreintes.
Dans le meilleur des cas, ils peuvent recourir à des options d'affacturage proposées par leur banque ou par des acteurs spécialisés. Mais elles peuvent s'avérer onéreuses, elles induisent des démarches administratives (en dépit de progrès notables vers la simplification) et, généralement méconnues, elles sont intimidantes. Dans ce contexte, la solution que développe ABN AMRO n'éliminera pas tous les obstacles mais, en ciblant en priorité les intermédiaires, elle se veut transparente pour le bénéficiaire final.
Avec son offre « Payday », la principale promesse aux fournisseurs est, bien entendu, d'être payés plus rapidement. Cependant, afin de réduire les risques de défaut et, par conséquent, d'abaisser le coût financier du dispositif, le règlement est effectué uniquement après validation de la facture par son destinataire (et quelle que soit la date réelle du transfert correspondant) et non lors de son émission. Le principe est donc plus proche d'une logique d'avance de trésorerie que de l'affacturage à proprement parler.
Ce mode de fonctionnement, qui passe par une interaction avec les débiteurs, est une raison importante pour laquelle la banque commercialise son produit auprès des opérateurs de sites de mise en relation. Ce sont ces derniers qui, d'une certaine manière, assument la charge des procédures techniques de traitement, dont certaines sont difficilement accessibles aux entrepreneurs individuels. En arrière-plan, il s'agit aussi pour ABN AMRO d'instaurer un modèle de volume qui l'aide à rationaliser sa gestion.
Le système a été initialement expérimenté avec YoungOnes, un service typique de recherche et de partage de petites tâches, présent aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, qui, au vu des résultats obtenus, sera le premier à le généraliser auprès de ses abonnés. Il est en outre actuellement testé par une poignée d'autres clients potentiels.
Les particularités de la gestion de l'argent des travailleurs indépendants représentent un vaste sujet qui n'est encore qu'à peine effleuré par l'industrie bancaire, d'autant plus que ces populations se répartissent dans des catégories très différentes requérant des approches personnalisées, adaptées à des besoins distincts. Alors, certes, ce « Payday » constitue une avancée mais elle est tout de même extrêmement modeste…