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Aider : rien de plus important ?

Publié le 21 janvier 2022 par Christophefaurie

Faut-il se mêler des affaires des Ouighours et des Chinois ? Il n'y a peut-être rien de plus important que de comprendre comment doit procéder l'aide. C'est une étude à laquelle Edgar Schein a consacré la majeure partie de ses travaux, et qu'il a nommée "Process consultation". Tentative d'introduction :

Aujourd'hui, deux théories se partagent le terrain. 

  • L'une, liée généralement au "développement personnel" et au libéralisme, dit : chacun doit se débrouiller seul. 
  • L'autre, sa soeur ennemie, est associée à ce que l'on appelle en anglais le "Care", la compassion. Le sujet est lié au "droit d'ingérence". 

Chacune a ses défauts, dénoncés par l'autre. Le développement personnel, c'est le renard libre dans le poulailler libre. Le Care, le masque du néocolonialisme et de la domination. C'est une des raisons pour lesquelles les droits de l'homme ont acquis une mauvaise réputation : on leur reproche d'aller main dans la main avec les intérêts de l'Ouest ou de tel ou tel groupe d'intérêt occidental. 

Process consultation entre dans une troisième voie : "Organization development". C'est l'idée du "Personal development" appliquée aux groupes humains : que faut-il faire pour qu'ils soient bien dans leur peau ?

Son objectif est de faire ce que les deux autres doctrines font de bien, mais sans leurs effets pervers. Il y parvient en attaquant l'hypothèse implicite sur laquelle elles reposent : l'individu. Ces deux théories sont des individualismes. Elles se trompent : contrairement à ce qu'elles disent, l'individu ne vit pas seul dans l'éther. Il appartient à une société, et c'est là que se résout leur contradiction. Car, c'est en changeant cette société que l'on change le sort de l'individu. 

Process consultation, en particulier, est la question du Care reprise avec ces nouvelles hypothèses. Voilà ce que cela donne :

Certains psychologues affirment que l'on ne doit aider que des personnes qui demandent de l'aide. Mon expérience contredit totalement ce point de vue : 1) on est rarement conscient de ses difficultés 2) quand il y a appel à l'aide, il est souvent, toujours ?, trompeur. 

Pour Process consultation, l'occasion fait le larron. Le donneur d'aide révèle la demande en proposant ses services. (Le commerçant ne fait pas autrement !) La relation d'aide résulte donc d'un échange bizarre à la fin duquel une personne décide de faire confiance à une autre, et de lui parler de ce dont elle ne se parlait pas à elle-même. 

Mais les surprises ne font que commencer. Reprenons, pour le montrer, le cas des Ouïgours. Pour Process consultation, il n'y a pas de bons et de mauvais. Il n'y a que des gens qui ont mal posé un problème. C'est par là qu'il faut prendre la question. Comme son nom l'indique, Process consultation constate que ce qui cause nos problèmes ne vient pas de notre nature (bonne ou mauvaise, par exemple), mais de processus, c'est à dire de notre façon de traiter le dit problème. Pour certains, la meilleure façon d'acquérir un bien est de le voler. Mais ce n'est pas le seul moyen. Le rôle du "donneur d'aide" est d'aider celui qu'il aide à prendre du recul par rapport à sa vie, à la voir de l'extérieur. C'est ainsi qu'il peut apercevoir ce qu'il désire et ce qui l'empêche de réaliser ce désir. Et cela vient de ce qu'il s'y prenait mal, mais aussi, souvent, de ce qu'il lui manquait les compétences de quelqu'un pour atteindre son objectif. Souvent, il s'était replié sur lui même, alors que la solution était à portée de main. Et voilà le second rôle du donneur d'aide : il aide celui qu'il aide à se connecter à la société. C'est un tisseur de lien social. 


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