Décidément, la campagne électorale de Valérie Pécresse a bien du mal à décoller : le pachydermique parti « Les Républicains » semble être à la peine pour déclencher la moindre ferveur avec sa candidate. Il faut dire que ses prestations sont assez ternes et au contraire d’autres candidats comme Mélenchon ou Zemmour qui ont une certaine verve de tribuns, ses discours et ses blagounettes tombent plus souvent à plat qu’il ne le faudrait.
Oui, certes, tout est bien préparé mais tout cela sent le laborieux, aussi peu rigolo qu’une rédaction de Terminale littéraire sur un sujet rasoir. Pécresse reste heureusement plus crédible que les candidatures de Taubira ou, pire encore, Hidalgo qui n’a toujours pas renoncé à enfoncer son Titanic électoral aussi profondément que possible dans un iceberg aussi froid que ses militants. Cependant, ce n’est guère brillant et ça reste même suffisamment poussif pour que les sondages reflètent ce manque criant d’enthousiasme.
C’est probablement pour cela qu’afin de donner un peu de corps à une candidature cruellement dénuée de charisme et d’élan populaire, elle s’est prêté à un débat télévisé qui a péniblement attiré un peu plus de 600.000 téléspectateurs (quand celui de Zemmour en a, lui, attiré plus de 4 millions). C’est, bien sûr, un exercice imposé par la campagne présidentielle mais cette fois-ci, elle a fait face à un Jean-Jacques Bourdin qui n’a pas été tout à fait aussi mordant qu’à son accoutumée.
En effet, force est de constater que l’échange de questions-réponses n’a pas franchement brillé par sa vivacité… Il faut dire que la candidate Pécresse a choisi, en début d’émission, de faire disparaître tout le mordant du journaliste qui devait la titiller pendant sa prestation d’une saillie qui n’a pas manqué de jeter un froid sur le plateau, à tel degré que c’est le seul point vraiment saillant que les téléspectateurs et les chroniqueurs politiques auront retenu…
En substance, faisait officiellement passer un message féministo-compatible dans lequel elle tance vertement son interlocuteur d’être soupçonné d’agressions sexuelles, elle lui a aussi clairement faire comprendre que toute question trop piquante, toute attitude un peu trop agressive se paierait un jour ; l’attitude de Bourdin dans la suite l’a largement démontré : innocent ou coupable, il savait que sa prestation serait jugée non comme celle d’un journaliste face à une candidate, mais bien par une potentielle Présidente de la République. En journaliste servile, il a donc joué sa partition pianissimo.
La fadeur de l’exercice résultant ne doit donc pas tout à l’absence de charisme de Pécresse…
Pour le reste, on ne sera pas surpris par les propositions de la candidate, qui slalome mollement entre les bricolages habituels des énarques perdus dans des détails grotesques « à la portion près, les petits ajustements des millions de paramètres que les politiciens adorent tripoter en croyant avoir une influence notable sur l’ensemble macro-économique français (dans une sorte de « danse de la pluie »), et les éventuelles propositions vaguement compatibles avec la droite française. Celle-ci étant lourdement étatiste et gentiment sociale-démocrate, les petites améliorations de la prison fiscale et sociale française se jouent donc à la marge, la candidate ne voulant en aucune manière fricoter avec un libéralisme même pastel qu’elle s’empressera d’ailleurs de définir comme ultra dès qu’elle le peut.
Soyons clair : elle n’apporte absolument aucune espèce de libéralisme même hésitant, et ne proposera des marges de liberté que de façon extrêmement microdosée, pour les deux raisons qui animent la plupart des politiciens français de carrière : d’une part parce qu’ils n’y entendent absolument rien en matière de liberté, et d’autre part parce que leur cheptel électoral a été entraîné à consciencieusement associer « libéral » avec « caca », avec un succès maintenant pavlovien.
Énarque comme Macron, Young Leader (2002 pour Pécresse) comme Macron, impliquée comme Macron dans la vente précipitée d’Alstom aux Américains, elle aura pour elle d’être une femme, ce que la presse ne manquera pas de souligner lourdement lorsque le champ des possibles commencera à se réduire drastiquement à l’arrivée du premier tour (et surtout si Macron abandonne toute velléité de se représenter).
Comme Macron et comme elle l’a amplement montré ces précédentes années, elle cultivera l’art de l’adaptation du discours au gré des éléments, des mouvements d’humeurs et de la presse. N’ayant jamais réellement démontré qu’elle appartenait aux politiciens vertébrés, gageons qu’elle se passera très bien de toute colonne si cela s’avère nécessaire.
Du reste, ce n’est pas une pique gratuite : on voit fort bien la capacité liquide d’adaptation de la candidate à mesure que le discours hystéricovidiste se dégonfle (au Danemark, la presse explique avoir échoué à faire son travail, en Israël où le Pr. Qimron appelle les autorités à admettre l’échec de leur politique actuelle, en Espagne où ils abandonnent les traitements d’exception, en République Tchèque où l’obligation vaccinale est abandonnée, au Royaume-Uni qui lève ses restrictions sanitaires).
Alors qu’elle n’avait absolument pas hésité à déclarer vouloir enfermer les non-vaccinés en cas de besoin (ceux-là s’en souviendront probablement au moment de voter), ayant goulûment participé à la mise en place du pass sanitaire puis vaccinal en servant véritablement de relai publicitaire au gouvernement actuel, la voilà, quelques jours seulement après avoir poussé ses lieutenants à voter cette ségrégation française qui désavoue ce pass avec la même désinvolture.
Enfin, on pourra souligner à titre d’indicateur notoire le récent soutien d’Alain Minc à sa candidature, le même Minc qui s’était porté au secours de la victoire macronienne de 2017, et qui donne une assez bonne idée de l’éloignement politique de Pécresse avec l’actuel président…
Mais il faut se rendre à l’évidence : même si beaucoup d’éléments les rapprochent, Pécresse n’est pas un clone de Macron : à sa place, elle fera bien pire.
Bénéficiant d’un soutien qu’on devine déjà servile et obséquieux d’une presse qui a amplement démontré tout l’aplaventrisme dont elle était capable sous Macron, elle aura aussi l’immense avantage de bien mieux connaître les rouages politiciens et administratifs du pays pour les avoir longuement pratiqués (au contraire du blanc-bec qui guignolise à l’Élysée actuellement). N’ayant aucun frein ni à la Chambre basse, ni à la Chambre haute, les médias devenus inféodés lui mangeant dans la main, les administrations l’acceptant sans mal plutôt que tout autre candidat, elle aura un boulevard pour faire absolument n’importe quoi, le pire inclus.
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