La courte autobiographie intellectuelle d’Alain Finkielkraut, joliment intitulée À la première personne, parue chez Gallimard, en 2019 (Folio, 2021), est dédiée à l’écrivain franco-tchèque Milan Kundera. Et, l’on sait combien l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être est un immense écrivain, et combien il est suspect pour un certain politiquement correct de notre époque, continuellement en guerre avec l’académicien également, coupable pour la bien-pensance, de prises de position intolérables. Souvenons-nous de ce manifestant, lors d’un défilé des Gilets jaunes, keffieh palestinien à carreaux noir et blanc autour du cou, scandant à l’écrivain qui sortait de chez lui : « Finkie, tu es un haineux ! » Souvenons-nous de cette émission où Alain Finkielkraut, interviewé au bord du canal Saint Martin, est interpelé par un passant qui lui hurle : « Finkie, jette-toi ! » Tant d’hostilité, tant de brutalité dans les débats contemporains peuvent largement choquer ou interpeler. Or, qu’en est-il de ce réactionnaire ? Jadis, classé à gauche, cet intellectuel français est progressivement passé à droite, jusqu’à être qualifié aujourd’hui de penseur d’extrême droite. À cette accusation, à cette fascisation de sa pensée, à cette nazification parfois même, Alain Finkielkraut a décidé de répondre par un livre. Sans faux-fuyants, sans complaisance, et en écrivant à la première personne. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne Boojum. Elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.