Certaines mauvaises langues ont parlé de résultats en retrait du Serbe. Petite explication d’une fausse impression : ce n’est pas parce que les médias ne s’intéressent plus à lui qu’il est parti…
L’année dernière, Novak Djokovic était la sensation de l’été (Voir article tennisonline de septembre 2007 sur Djokovic) : il venait, à 20 ans, de battre Federer à Montréal, clamait haut et fort qu’il visait plus que jamais la place de numéro 1 mondial, amusait la galerie en imitant ses compatriotes (certains joueurs en activité comme Federer, Nadal, Hewitt, Roddick mais aussi certains retraités comme Agassi ou Sampras). Bref, toute l’attention était focalisée sur lui.
Aujourd’hui, plus rien ou presque. Pourtant, le Serbe réalise un bel été (quart à Toronto, finale à Cincinnatti) et vient même de chipper la deuxième place à la Race à Roger Federer(Voir explications sur les classements de l'ATP) . Pourquoi ce soudain manque d’intérêt pour « Nole » ?
Tout d’abord parce que tous les regards se tournent vers le nouveau numéro 1 mondial, Rafael Nadal. L’espagnol symbolise la fin du règne de Roger Federer, et d’un côté cela est parfaitement normal et justifié tant les victoires à Roland Garros et surtout à Wimbledon ont marqué les esprits.
Pourtant, Novak a joué aussi son rôle dans la chute du ténor du circuit : c’est le premier à avoir fait vaciller Federer sur dur dans les grandes occasions (à Montréal en 2007, à Melbourne en janvier 2008). Nadal a bien sur grandement fragilisé Federer depuis 2005 mais peut-être que sans les piques de Djokovic, il aurait eu plus de difficultés à « achever » le Roi Federer.
Il faut voir la réalité : l’année 2008 n’est pas une année 100% Nadal. Tout du moins pas encore : Djokovic a gagné l’Open d’Australie, Indian Wells et Rome, et a atteint la finale de Cincinnatti. Dans leurs faces à faces, Djokovic et Nadal sont à égalité : 2 victoires pour le Serbe (à Indian Wells et Cincinnatti, sur dur) et deux victoires pour Nadal (à Hambourg, sur terre battue et au Queen’s, sur herbe). Le Serbe sera favori avant l’US Open et s’il gagnait à New York, plus personne ne pourrait parler d’une année 100% Nadal comme il y a pu avoir des années 100% Federer (2004 ou 2005).
Mais si Novak fait moins parler de lui, c’est aussi parce qu’il a changé d’attitude. Finies les imitations (pourtant amicales et témoins d’un talent véritable en la matière). Finies les déclarations fracassantes et ambitieuses. Le Serbe a sans doute été blessé de se faire coller l’étiquette de joueur arrogant et irrespectueux. Aujourd’hui, il ne dit plus aux médias qu’il veut être numéro 1, il dit juste qui lui reste du chemin à parcourir. Mais son ambition est intacte, cela est certain. Comment cela pourrait-il en être autrement avec l’un des rares joueurs à avoir eu l’ambition et le cran de contester le duo Nadal-Federer ? Pendant que les Roddick, Safin, Hewitt, Davydenko ou autres Ferrero de l’ancienne génération se morfondaient dans la domination psychologique de Federer et que les Gasquet et Berdych se contentaient de coups d’éclats sporadiques, Djokovic a lui eu le courage de s’attaquer à la double-montagne.
Son projet de titan n’est pas encore fini mais on peut sans crainte affirmer qu’il a encore fait du chemin depuis l’an dernier. Certains observateurs voient dans ses matchs laborieux de Toronto ou de Cincinnatti (victoires peu convaincantes contre Bolelli, Soderling) des signes de faiblesse… Mais rappelez vous, Djokovic a souvent galéré dans les premiers tours . Roland Garros 2007 : le français Patience est à deux doigts de le sortir au troisième tour. Derrière, Novak atteint les demi-finales. Wimbledon 2007 : le Serbe passe près de l’élimination contre Hewitt et Baghdatis. US Open 2007 : Stepanek le pousse dans un tie-break au cinquième set, Monaco le malmène pendant près de 3h30. Roland Garros 2008 : Gremelmayr le maltraite pendant 3 sets avant de lâcher. Mais au final, tous ces matchs poussifs sont remportés par Djokovic et c’est bien là l’essentiel.
Il n’y a donc pas de quoi s’alarmer ou de voir un quelconque coup de moins bien chez le Serbe. Il sera là, toujours aussi ambitieux et motivé, emmené par son tennis efficace à défaut d’être toujours flamboyant pour titiller Nadal à l’US Open et aux Jeux Olympiques.