Grâce à la solution de la jeune pousse hexagonale Wirk, le Crédit Agricole peut dorénavant confier certaines tâches routinières de son département de conformité à une intelligence artificielle, avec l'assurance que, lorsque celle-ci atteint ses limites, des opérateurs humains se tiennent prêts à prendre le relais, en toute transparence.
Le concept est particulièrement séduisant dans toutes les circonstances où l'exécution d'un traitement est facilement automatisable la plupart du temps, tout en comportant quelques cas où sa complexité se révèle hors de portée d'un robot. L'idée de Wirk consiste alors à mettre en place un algorithme dédié capable d'assumer l'essentiel du travail, complété par le recours à sa réserve de plus de 50 000 « petites mains », qui se chargent de la besogne quand le taux de confiance du résultat est jugé insuffisant.
Est ainsi réalisée la jonction parfaite entre les mondes de l'apprentissage automatique, jamais infaillible dans les conditions aux limites, et du crowdsourcing de tâches élémentaires (selon le modèle historique d'Amazon Mechanical Turk), offrant une garantie de qualité mais avec un surcoût et une moindre réactivité. Outre son adaptation directe à nombre de situations, il a également l'avantage de permettre d'ajuster dans la durée l'équilibre entre humain et logiciel, au fil des progrès des technologies mises en œuvre.
Le Crédit Agricole a trouvé et sélectionné une excellente cible pour une telle approche parmi ses processus de conformité réglementaire. En l'occurrence, il s'agit de l'obligation d'identification des bénéficiaires effectifs de ses entreprises clientes, inscrite dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Déclenchée traditionnellement par une interrogation directe des responsables, elle requiert ensuite une vérification formelle à partir de sources externes, généralement manuelle.
La collaboration avec Wirk autorise maintenant une validation entièrement pilotée par algorithme pour la majorité des structures, notamment celles détenues exclusivement par des personnes physiques. Pour les montages plus élaborés, passant, par exemple, par des sociétés intermédiaires dont les chaînes de dirigeants et d'actionnariat sont plus difficiles à décortiquer, l'analyse est finalisée par les freelances inscrits sur la plate-forme (tous basés en France, donc au fait des spécificités administratives du pays).
Le premier projet a été conduit avec la caisse régionale d'Île de France, à partir de 2017. Depuis, l'outil a été déployé sur l'ensemble du territoire, où il produit des résultats très concluants autour de la collecte d'informations dans le processus d'entrée en relation. D'autres domaines d'application sont en cours d'exploration, toujours du côté de la conformité, tels que la récupération des justificatifs de domicile des nouveaux clients particuliers, soumis à une exigence de délai parfois difficile à respecter.
Dans des institutions financières qui craignent les erreurs et les incertitudes de l'intelligence artificielle (parfois à raison, parfois à tort, en tous cas dans l'excès), la démarche consistant à protéger ses arrières avec le raisonnement de personnes en chair et en os, sans introduire (trop) de lourdeurs, représente de toute évidence une avancée utile, susceptible de vaincre les réticences persistantes, en attendant de parvenir à démontrer (progressivement) qu'il est possible de laisser leur autonomie aux robots.