Poursuite et variation du questionnaire précédent, mais cette fois-ci sur le versant nanars, séries Z, films inavouables et autres moments de cinéma qu’on aurait préféré ne pas avoir vus, mais pourtant inoubliables.
Un "cinéaste" (dont j’ai vu toute la production des années 70 et 80) : Claude Zidi
Un acteur (dont j’ai vu toute la production des années 70 et 80) : Jean-Paul Belmondo
Une rencontre d’acteurs : Bud Spencer et Terence Hill
Dieu pardonne, moi pas (Giuseppe Colizz1 1967) : apparemment, leur premier film ensemble, cette scène est peut-être leur première rencontre. Cela dit, jamais vu.
Des gags (pour lesquels j’ai encore une tendresse coupable) : Le film que Daniel Auteuil veut retirer de sa filmo...
Une révélation : les copains dont les parents étaient profs et qui n’avaient pas le droit de voir les Sous-Doués (Claude Zidi 1980) à la télé, ce qui fait qu’ils ont dû attendre des années avant de le découvrir avec le délicat goût de l’interdit.
Quelqu’un qui finira dans une chanson de Vincent Delerm : Une amie de ma sœur qui aurait dû s’appeler Emmanuelle, mais qui à cause d’un certain film qui venait de sortir, a subi un changement de prénom au dernier moment…
Une histoire d’amour : L’Etudiante (Claude Pinoteau 1988), plus qu’une histoire d’amour, un véritable traité sur l’amour…
Un générique, une bande son et une rencontre : Tu appelles ça, l’amour…
Un baiser et une scène d’amour : Plus qu’une scène, une véritable contagion du sentiment amoureux qui nous fait tourner la tête (enfin surtout celle de la caméra) dans tous les sens…
Une grossière erreur de jugement : Fête du cinéma 1989. Entre la séance de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini 1962) et celle d’Amarcord (Federico Fellini 1973), le cinéma Accatone propose Marquis (Henri Xhonneux et Roland Topor), sorte de Téléchat pour adultes sur la réclusion du Marquis de Sade à la Bastille. Echaudé par la crudité des dialogues (mais une crudité toute lettrée), je sors de la salle rouge de honte au bout de vingt minutes, espérant que personne ne saura jamais que j’ai vu (et entendu) un tel film. Comme après coup, mon adolescence me paraît bien puritaine, à mille lieux de celle des héros de Supergrave. De plus, je suis sûr que le film vaut pour sa singularité : marionnettes + dialogues + moralisme de fable voltairienne + esprit visionnaire habité de Topor. Jamais (re)vu depuis.
Une faute de goût impardonnable (mais récemment réparée) : Avoir vu plus de films d’Ozon que d’Ozu.
Un gâchis : Jean-Pierre Rassam + Dino Risi + Gérard Brach + Coluche = Le bon roi Dagobert (1984) plutôt que « bon » : paillard, lourdaud et même gênant (pour un spectateur de onze ans facilement impressionnable, je précise).
Un grand moment de lâcheté : Ciné club de l’Ecole d’Architecture 1992. C’est bien beau de passer Quelques jours de la vie d’Oblomov (Nikita Mikhalkov 1979) ou La planète sauvage (René Laloux 1973) mais ce n’est pas ça qui remplit la salle (plutôt l’amphi où on est si mal assis, excuse commode pour ne pas se rendre aux séances). Pour renflouer les caisses et faire venir les foules, les grands moyens : L’Empire des sens (Nagisa Oshima 1976) que personne, dans l’équipe, n’avait vu. Salle (ou plutôt amphi) effectivement remplie (même des profs qui viennent, ce qui accroît ma gêne) et découverte stupéfaite du film. Remontée de puritanisme (encore !) devant les quelques soupirs, ricanements et réactions stupéfaites de la salle. Je pars me réfugier dans la cabine de projection pour voir la suite du film, ayant peur de devoir rendre des comptes devant le choix du film. Vois la deuxième partie du film depuis la fenêtre du projecteur et avec un son étouffé en me demandant « ce qui va bien pouvoir arriver dans ce film de malade ». Jamais revu depuis.
Une scène qui a éveillé ma libido :
Doit être en partie grâce à ce moment-là que j'ai dû revoir ce Flash Gordon (Mike Hodges 1980) cinq ou six fois. "Pire film vu de toute ma vie" : phrase entendue à la sortie de l’Arche Russe (Alexandre Sokourov 2002) et qui m’a laissé pantois concernant un tel film. Procès politique tellement évident...
"Pire film vu de toute ma vie" : phrase que je me suis bien gardé de prononcer en sortant d’une salle. A la réflexion, the winner is … Une nuit à l’assemblée nationale (Jean-Pierre Mocky 1988), plus que pénible pochade poujadiste (là encore ça sent le procès politique) qui, à l’époque avait bénéficié d’un lancement ahurissant (trop malin le Jean-Pierre qui avait squatté quantité de couvertures de magazines et de plateaux télé sans montrer le film à personne avant sa sortie).
Un faiseur surestimé : Jean-Pierre Mocky
Une œuvre sous-estimée : Bon allez, je prends mon élan parce que soutenir un truc pareil franchement : Association de malfaiteurs (Claude Zidi 1987). Avec le recul, une comédie « presque à l’italienne » bien dans l’esprit des années 80 et même prémonitoire (Tapie, Kerviel et leurs avatars sont déjà là-dedans…). Ouais, enfin, c’est sûr, ça ? M’avait plu à l’époque mais il faudrait que je le revoie pour oser m’avancer un peu plus…
Un décor : Cette usine…
Un film qui m’a peut-être donné le goût de l’urbanisme contemporain: Celui-là
Un somnifère : Hiver 1990. Fin de soirée. Sur Canal, mon premier film porno en clair : Derrière la porte verte 2. Les premières scènes de fesses mettent un temps fou à arriver. On guette le moindre sous-entendu dans les dialogues (inhabituellement fournis pour ce type de film) mais l’ennui gagne. Le lundi, je lis dans Libé, une critique allant dans mon sens mais refaisant l’éloge du premier opus, soi-disant « meilleur porno de l’histoire, influencé par Godard et Pasolini ». Pas vu le 1 depuis mais ce genre d’exégèse pique ma curiosité...
Un choc plastique : Plutôt un choc devant la plastique de Bo Derek découverte à onze ans dans la bande-annonce de Bolero (John Derek 1984) vue avant une séance des Ripoux (Claude Zidi 1984) et qui m’a donné de telles sueurs chaudes. Pour donner une idée, les derniers plans montrent Bo et un éphèbe faisant l’amour dans des fumigènes mauves avec (pour le cas où personne n’aurait compris) le mot « ecstasy » écrit en néons roses derrière. Champion des razzie awards, figurant au gré des fluctuations dans le Bottom 100 d'imdb, inspirateur de la programmation dimanche soir coquin chez M6, programmé plutôt sur la 5 de Berlusconi (c’est là où j’en ai vu 40 minutes avec le son à 1 pour ne pas attirer l’attention parentale), bande annonce visible un temps sur You tube avant d’être retirée (c’est là où j’ai pu la revoir après tant d’années, mais une seule et malheureuse fois, je peux me consoler avec ce misérable extrait), ce film c’est un peu Moby Dick. Fort de plusieurs mythes qui circulent sur lui, je l’ai, en plus de 20 ans de cinéphilie, parfois recroisé mais jamais attrapé.
Un éveil à la cinéphilie grâce à un fort mauvais film : Avoir appris l’existence d’Orson Welles et de son œuvre grâce à « l’hommage » caricatural qu’en fait Michel Serrault dans Les rois du gag (Claude Zidi 1984)… Somme toute, ce genre de passage, ce n’est pas si éloigné de cette si touchante rencontre (et si éloquente quant à la croyance portée dans le cinéma) :
Ed Wood (Tim Burton 1994)
N’espérant pas être le seul à me découvrir de la sorte, je transmets le relais à qui veut passer à l’heure des aveux.