En relisant Gide, récemment, je me suis demandé pourquoi il avait joui, en son temps, d'une telle autorité. Ses romans n'ont que la peau sur les os.
François Mauriac a peut-être trouvé une solution à ce problème. Dans ses Mémoires intérieurs, il écrit que "l'immoralisme" de Gide a été une révélation pour la société de son époque, y compris pour lui.
Gide répondait, peut-être, à une aspiration inconsciente de la haute bourgeoisie. Elle était dans une situation paradoxale : elle vivait dans le carcan de règles morales désagréables, ridicules, tout en ayant les moyens d'une existence oisive et dissipée. Pourquoi ne pas profiter de sa situation sans mauvaise conscience ?
D'aucuns diraient que la règle était la condition de la richesse, héritée.
Mais, peut-être aussi, l'enseignement de cette affaire est que l'art est un phénomène de société.