Le direct-to-vidéo recèle parfois de très jolies surprises. Des petits films qui pour des considérations de rentabilité ne sortent pas en salle, et qui pourtant ont des qualités artistiques tout à fait honorables. Et puis il y a les autres. Les films si mal foutus qu’ils font rire, avec des scripts indignes d’un gamin attardé de douze ans, des acteurs qui jouent encore plus mal que Virginie Ledoyen, et un sens du rythme digne de l’intégrale d’André Rieu version down-tempo. Je vous laisse deviner à quelle catégorie Skinwalkers appartient, en attendant la réponse ci-dessous.
Skinwalkers – Comment rater son film de loups-garous en dix leçons
Une vieille prophétie indique que lorsqu’un gamin qui joue vraiment mal aura treize ans et lorsque la lune sera rouge il deviendra un remède contre la lycanthropie. Oui je sais, cette prophétie ne veut rien dire. Mais c’est pas ma faute à moi (moi lolita). Deux clans s’affrontent, l’un pour protéger le mioche insupportable, l’autre pour le tuer, trop content de pouvoir savourer plus longtemps leur état de surhomme poilu (une sorte de Super Demis Roussos). Entre temps ca court dans tous les sens, ca se trahit, ca se transforme en loup nanar et ca parle de vieille légende débile. Chouette !
Autant le dire d’emblée, j’ai regardé ce navet pour une seule raison : Rhona Mitra en tête d’affiche. Sauf que non, perdu, la belle anglaise est reléguée dans un rôle secondaire de maman larmoyante parce que son fifils va se faire grignoter par de méchants loups garous. Bonjour l’arnaque !
Skinwalkers est réalisé, pardon je voulais dire torché, par Jim Isaac. Big Jim c’est un mec qui se trouve trop cool. Il a réalisé plein d’effets spéciaux, entre autre sur eXistenZ, Arachnophobie, La Mouche… et puis un jour quelqu’un à décidé de lui mettre une caméra entre les pattes. Il a pondu Jason X (qui est pourtant assez regardable pour une bouse) puis a décidé de s’atteler à un film qui en a dans le pantalon : le bien nommé Skinwalkers.
Sauf que Big Jim devrait arrêter l’héroïne. Il a du se taper l’intégrale de John Woo avant de lancer son tournage. Et il s’est dit : John Woo réalise mal, pas moi. Sauf que Woo est un bon réalisateur. Pas Jim. Mais il s’en fout. Il a décidé que tous ses protagonistes auraient des gros flingues dans les mains, prendraient la pose au ralenti en contreplongée, se tireraient dessus pendant des heures en se ratant systématiquement, passeraient leur temps à rengainer ou dégainer leurs armes, ou bien à enlever leur t-shirt ou leur veste pour monter au choix leurs abdos ou leur soutif. Ouaip, il est comme ca Jim, il aime les trucs vachement artistiques, tu vois. Surtout si le truc a des gros seins.
Et puis Jim, il croit vraiment à son scénar. Tu vois ca serait en fait deux clans de loups garous, sauf qu’en fait ca en serait un seul, avec deux frères qui s’affrontent, et que même que l’un d’entre eux serait le papa du garçon de la prophétie merdique, et même que aussi on rajouterait un indien parce que ca fait bien, et puis on dirait aussi que… STOOOOOPP ! Le petit Jim est attendu à la caisse par ses parents qui vont lui administrer une dose de sédatif. Faut plus le laisser toucher à un scénario le bonhomme, regardez dans quel état ca le met !
Jim c’est pas un payday, mais il aime bien les films avec Jean Marais, surtout la Belle et la Bête. Du coup il se dit que ses loups garous pourraient bien lui ressembler. En temps que spécialiste des maquillages, il pond donc plusieurs prototypes pour le films, qui font selon les personnages penser à Demis Roussos, Jean Marais donc, ou bien un lion qui se serait mangé une porte après être passé sous un train… mais pas trop voir pas du tout à des loups. Ou alors Jim n’a jamais vu de loup.
J’oublie de parler des décors grandioses : deux couloirs de bureau, et hop magie un hôpital, deux escaliers en acier, et hop une usine désaffectée. Trop fort. Et le casting est à l’avenant. A part Rhona et Elias Koteas dont on se demande ce qu’ils sont venu faire là (à part payer leurs factures) on nage dans le grand nawak. Mention spéciale pour le grand méchant biker loup garou, qui essaie de faire concurrence à Lorenzo Lamas période « Le Rebelle » dans le rôle du mec inexpressif mais avec des cheveux.
Je pense que le principal attrait du DVD de Skinwalkers est d’être parfaitement équilibré, de forme circulaire, avec un poids léger qui en fait le compagnon idéal de parties endiablées de frisbee. Chouette. Merci Jim Isaac !