Une chute spectaculaire des hospitalisations pour infections infantiles au cours de la première année de COVID-19, c’est l’un des effets collatéraux, cette fois positif, de la pandémie, documenté par cette étude de la Northwestern University à paraître dans le British Medical Journal. Des résultats qui suggèrent que les mesures mises en œuvre pour contrôler le COVID-19 ont également réduit la transmission d'autres maladies infectieuses chez les enfants.
Ce constat, effectué pour la première année environ de la pandémie, relève ainsi des réductions sans précédent des admissions à l'hôpital pour des infections infantiles courantes et sévères, en Angleterre, très probablement en raison des mesures de distanciation sociale, des fermetures d'écoles, du télétravail des parents et des restrictions de voyage. Si plusieurs de ces mesures ne seront pas durables au-delà de la pandémie, les chercheurs appellent à une évaluation plus approfondie des interventions qui pourraient être poursuivies, en particulier pendant les mois d'hiver, pour réduire le fardeau des maladies infectieuses sur les systèmes de santé et protéger les enfants plus vulnérables.
Exploiter les retours d’expérience
Les effets indirects du COVID-19 dans le monde ont jusque-là moins mobilisé les politiques et les systèmes de santé, pourtant leur impact sur la santé des enfants semble important. Par exemple, les programmes de vaccination des enfants ont été interrompus et les visites aux services d'urgence ont été réduites ou retardées. Pour avoir une vision plus globale de ces effets indirects chez l’Enfant, les chercheurs de l'Université d'Oxford ont évalué les taux d'admission à l'hôpital et les résultats de mortalité pour 19 infections respiratoires infantiles courantes, infections invasives graves et maladies évitables par la vaccination avant et après le début de la pandémie en Angleterre.
L’analyse a porté sur les données de tous les enfants âgés de 0 à 14 ans admis dans un hôpital du NHS en Angleterre avec une infection, du 1er mars 2017 au 30 juin 2021. Les infections respiratoires courantes comprenaient l'amygdalite, la grippe et la bronchiolite, tandis que les infections invasives graves comprenaient la septicémie, la méningite et l'ostéomyélite (infection osseuse). Les maladies évitables par la vaccination comprenaient la rougeole, les oreillons et plusieurs maladies graves de causes bactériennes. L’analyse a pris en compte les facteurs de confusion possible, comme le sexe, l'âge, le groupe ethnique, la région géographique, la privation et les comorbidités préexistantes. L’analyse conclut que,
- après le 1er mars 2020, des réductions substantielles et soutenues des admissions à l'hôpital ont été observées pour les 19 affections infectieuses étudiées, sauf 1 ;
- parmi les infections respiratoires courantes, la plus forte réduction en pourcentage a été enregistrée pour la grippe, où le nombre d'admissions à l'hôpital a diminué de 94 %, passant de 5.379 (moyenne annuelle du 1er mars 2017 au 29 février 2020) à 304 admissions au cours des 12 mois suivant le 1er mars 2020.
- Pour la bronchiolite , les admissions ont diminué de plus de 80 %,
- passant de 51.655 (moyenne annuelle 2017-20) à 9.423 en 2020-2021.
- parmi les infections invasives sévères, les taux de réduction allaient de 26 % pour l'ostéomyélite à 50 % pour la méningite ;
- pour les infections évitables par la vaccination, les réductions allaient de 53 % pour les oreillons à 90 % pour la rougeole, où les admissions sont passées de 149 (moyenne annuelle 2017-2020) à 15 en 2020-2021 ;
- ces réductions valent pour toutes les régions et tous les groupes de population, y compris chez les enfants atteints de maladies existantes qui encourent le risque le plus élevé de maladie infectieuse grave et de décès ;
- le nombre de décès dans les 60 jours suivant l'admission à l'hôpital pour septicémie, méningite, bronchiolite, pneumonie, respiration sifflante virale et infections des voies respiratoires supérieures a également fortement diminué ;
seule la proportion d'enfants admis pour pneumonie et décédés dans les 60 jours a augmenté ;
- la seule infection pour laquelle les admissions à l'hôpital ne marquent pas de réduction, est la pyélonéphrite (infection des reins) : explication, les restrictions sociales n'ont aucun impact sur cette maladie ;
- des données plus récentes suggèrent que certaines infections respiratoires ont repris, à des niveaux plus élevés que d'habitude, après mai 2021.
Ce sont des données d'observation, et non de relation de cause à effet, et ces données ne concernent que les enfants admis en urgence ou pour soins à l’hôpital. Néanmoins, l'étude a inclus toutes les admissions pertinentes pour toute une gamme d'infections infantiles, ce qui suggère des résultats néanmoins solides.
Exploiter les acquis de l'expérience : la conclusion est que tout cet ensemble de changements de comportement et de stratégies sociétales (fermetures d'écoles, fermetures et restrictions de voyage) mis en oeuvre pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2, a également réduit les admissions pour les infections infantiles courantes. Si une grande partie des mesures ne se justifiera pas hors pandémie, certaines pourraient cependant être poursuivies, avec des bénéfices, en particulier, pour protéger les enfants plus vulnérables et réduire aussi la charge hospitalière.
Ces résultats reflètent donc une réelle diminution des infections non-COVID, mais une réduction susceptible de n'être que temporaire…
Source: The BMJ 12 Jan, 2022 DOI: 10.1136/ bmj-2021-067519 Indirect effects of the COVID-19 pandemic on childhood infection in England: population based observational study
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Équipe de rédaction SantélogJan 15, 2022Rédaction Santé log