L’année commence avec un gros bruit de casseroles pour Bitcoin et ses descendants : les cours des principales cryptomonnaies ont largement dévissé alors que l’année 2021 avait été remplie de plus hauts historiques et de mouvements violents, parfois propulsés par les déclarations plus ou moins intelligentes de l’un ou l’autre gourou industriel, et la médiatisation rapide des Non Fungible Tokens (NFT ou jetons non fongibles) a largement ajouté à la fébrilité du marché très spécial des cryptomonnaies.
Cependant et comme j’en faisais alors mention en mars dernier dans un billet à ce sujet, cette médiatisation et ces mouvements violents (dans les deux sens, à la hausse et à la baisse) masquent en partie plusieurs phénomènes de fond que certains commencent à percevoir.
D’une part, les cryptomonnaies sont bel et bien là pour rester, et les douleurs de naissance ne changent rien à la donne ; si Bitcoin et la plupart de ses descendants sérieux avaient dû mourir, ils l’auraient fait depuis un moment.
D’autre part, aussi incroyable que cela puisse paraître, si ces cryptomonnaies persistent à exister malgré tout et, mieux encore, à s’apprécier de plus en plus solidement au fil du temps, c’est bien qu’elles remplissent un besoin et couvrent des fonctions que les concurrents qui existaient auparavant remplissent mal ou pas du tout.
À ce titre, on pourra sourire des arguments qu’on qualifiera généreusement d’amusants des contempteurs des NFT qui, opaques au concept, ne comprennent pas l’engouement dont ils font l’objet : même si l’on peut aisément accepter que certains prix de ces jetons et la spéculation qui les entoure participent d’une folie de masse clairement disproportionnée bien qu’habituelle maintenant dans le monde des cryptomonnaies, il n’en reste pas moins que l’idée de base (qui, pour résumer rapidement, permet de créer enfin des biens rivaux dans le monde numérique).
Or, ceci représente, tout comme la comptabilité en partie triple qu’introduisent les technologies de la DeFi (finance décentralisée), de vraies révolutions majeures qui, progressivement et au contact du marché réel, acquièrent valeur et cherchent maintenant un prix. Cela prendra probablement encore des années, mais le processus est, indéniablement, lancé.
Cependant, de telles révolutions dans le domaine de la gestion des droits de propriété privée, de finance et de création monétaires ne peuvent avoir lieu sans qu’elles soient dûment remarquées et évaluées par les autorités financières actuelles, dont le pouvoir est, au final, intrinsèquement basé sur la monnaie et la gestion de la propriété privée.
Eh oui, le monde physique, notamment celui des Banques centrales et de la monnaie fiat, regarde attentivement ce qui se passe du côté des monnaies numériques… Et pas forcément d’un bon œil.
Ici, j’en veux pour preuve les éléments rassemblés par Sam Callahan dans un intéressant fil Twitter dans lequel il a résumé les tendances qu’il observe à ce sujet. Comme c’est un fil en anglais, en voici un résumé synthétique, avec les liens qu’il fournit, pour vous faire votre propre opinion.
Pour Callahan (et je tends à rejoindre sa position), tout indique que ces Banques centrales et surtout, derrière elles, la Banque des Règlements Internationaux (BIS), feront absolument tout pour sinon mettre en pièces (!), au moins règlementer (à mort) les cryptomonnaies indépendantes pour ne laisser survivre que celles qu’elles auront choisies ou, plus simplement, directement émises sous leur férule.
C’est ainsi que dans leur récent rapport annuel 2021, la BIS plaide pour (je vous le donne en mille) un système d’identité numérique mondial, ce qui nous rappelle au passage une antienne du Grand Reset, et cette volonté obstinée de coller chaque individu derrière un code barre.
C’est donc sans surprise que cette institution financière se prononce pour la vaccination généralisée (au prétexte qu’elle seule permettra une reprise économique) et pour la mise en place rapide des CBCD, ces monnaies numériques de banque centrales qui viendront en remplacement pur et simple des euros (et des autres dollars ou livres) que vous manipuliez jusqu’à présent.
Jouant bien évidemment sur les fadaises habituelles qui voient Bitcoin comme une monnaie pratique pour le blanchiment, le terrorisme et, air du temps, une menace pour l’environnement car trop consommatrice d’énergie (ce qui est une énorme bêtise, au passage), l’institution estime donc qu’il faut tout faire pour combattre cette abomination dont elle n’aurait pas le contrôle.
Dans leur idée, le remplacement de Bitcoin passe par l’utilisation des bonnes idées que les cryptomonnaies ont mis en œuvre, mais sous l’exclusive responsabilité des banques centrales. Dans ce schéma, chaque citoyen dispose d’un compte directement émis auprès de sa banque centrale (sans aucun autre intermédiaire bancaire) et chaque transaction est alors directement effectuée sur ces comptes.
Schéma intellectuellement séduisant pour ces banquiers puisqu’alors, la moindre transaction monétaire, partout dans le monde et pour chaque individu, chaque commerce, chaque entreprise, peut être décortiquée et analysée ; dans un monde de « Big Data » (dont se servent très largement les Banques centrales), voilà qui donne des possibilités particulièrement croustillantes de prévisions économiques. Mieux encore, après l’analyse vient la politique qui peut, à tout moment, décider qu’une transaction est valide ou non, « flécher » des dépenses, en interdire certaines en fonction de politiques spécifiques (environnementales par exemple au hasard), ou appliquer des taux (d’inflation par exemple) sur les comptes bancaires de millions d’individus d’une seule commande.
Soyons clair : une fois mis en place, ce système leur accorde immédiatement l’intégralité du pouvoir de vie ou de mort (sociale puis physique) sur chaque individu, pris seul ou en groupe, en fonction de critères plus ou moins arbitraires.
Le fil twitter va plus loin puisque le courageux analyste des pensées profondes de ces banquiers a identifié quelques autres éléments qui laissent plus que songeur sur l’avenir que nous réserve cette coterie : notant l’augmentation (dans un rapport 6) des outils de surveillances lors de la crise Covid, ils en profitent pour pousser toujours plus les régulations et la surveillance des plateformes crypto-monétaires, et ne se cachent même pas d’admirer les efforts entrepris… par le régime communiste chinois pour surveiller sa population.
Soyons clair : tout indique que les banques centrales sont de plus en plus chaudes à l’idée de s’associer pour former un système mondial d’identification numérique et de CBDC.
Dans ce tableau, Bitcoin, les cryptomonnaies en général, la finance décentralisée et les NFT apparaissent comme un incroyable caillou dans les chaussures de ces autocrates non élus, la voie d’une échappatoire possible pour les individus en dehors d’un système financier proprement hallucinant dans lequel le citoyen lambda n’est plus qu’une variable d’ajustement, éliminable à l’appui d’un bouton.
Il faut se rendre à l’évidence : si les cauchemars d’Orwell et de Huxley se mettent en place, ils ne le seront pas avec l’usage de la force, par la guerre et la violence directe, mais tout simplement avec l’usage détourné de la monnaie qui permettra un asservissement de chaque individu comme jamais auparavant.
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