En quoi la prospective peut-elle vous aider ?

En période d’incertitude, chacun aimerait se raccrocher à des prévisions fiables, mais comment s’assurer qu’elles n’émanent pas d’un idéologue ? Qu’elles ne sont pas juste la projection des peurs et des espoirs de leur auteur ? Dans son ouvrage « Où va l’humanité ? » Marc Halévy précise ce qui distingue le prospectiviste du prophète, du devin ou encore de l’idéologue. Le prospectiviste doit être capable d’embrasser la complexité et cet « esprit de finesse » cher à Pascal. L’auteur s’en explique dans cet extrait :

« Ce que doit être la prospective

La prospective scientifique et professionnelle refuse le déterminisme (ce qui ne signifie nullement que tout est possible ou que le hasard seul est déterminant). Rien n’est écrit, mais tout évolue dans le cadre d’un certain nombre de lois et de règles, et d’un champ de contraintes bien réelles. Le champ des possibles est ouvert, mais il n’est pas infini et, dans certaines circonstances, il est presque fermé, et, alors seulement, tout devient assez bien déterministe pour un temps. Mais ces cas sont rarissimes.

La vie réelle est la perpétuelle rencontre entre des opportunités extérieures et des potentialités intérieures. Chacune de ces rencontres offre un champ, plus ou moins étroit ou large, de scénarios possibles entre lesquels il faut choisir, au mieux, avec plus ou moins d’intelligence et de clairvoyance, avec plus ou moins de lucidité ou d’habileté.

L’existence ne se subit pas ; l’existence ne se rêve pas ; l’existence se construit. Et cette construction permanente repose sur quatre piliers : les potentialités, outils et talents intérieurs ; les ressources et contraintes extérieures ; les savoirs, savoir-faire et valeurs accumulés par le passé ; et une volonté ferme de construire un avenir possible et souhaitable.

La prospective aussi se construit sur un socle ferme et solide, déjà évoqué : le constructivisme.

L’histoire humane est un processus complexe, et cette complexité doit être pleinement respectée et assumée, sans simplismes ni simplifications. Cependant, la complexité est l’antithèse de la complication : pour modéliser la complexité, il faut de la simplicité…et la simplicité est tout sauf facile ! la complication est une mécanique, un assemblage.

Blaise Pascal faisait une distinction nette entre « l’esprit de géométrie » et « l’esprit de finesse ». Cette distinction est importante et éloquente : « l’esprit de géométrie » mène à la complication, alors que « l’esprit de finesse » assume la complexité avec simplicité. C’est cette attitude que nous adopterons dans les chapitres qui suivent. »

L’approche par scénarios est souvent privilégié pour évoluer en situation incertaine, elle permet d’explorer les possibilités et d’éviter l’immobilisme qui serait dommageable. N’attendez pas d’y voir plus clair, élaborez, idéalement avec vos équipes, différents scénarios, que vous adapterez en fonction de l’évolution de votre environnement. L’incertitude est inconfortable mais elle ne doit pas freiner le passage à l’action.