Sécurité Sociale, clarifier le système !

Publié le 05 août 2008 par Marc Vasseur

    

L’enjeu de notre système de santé dépasse son seul cadre, il constitue à n’en pas douter le futur de nos sociétés, individualiste ou solidaire. Il revient par conséquent aux socialistes de réfléchir et de proposer des options claires pour l’avenir de la sécurité sociale, celles-ci devant affirmer à mon sens, un choix de société.

Cependant, avant même d’aller plus loin, sommes-nous au préalable d’accord sur le diagnostic initial. Le premier d’entre eux, est celui du fameux déficit… qui lorsqu’on creuse, s’apparente au mieux à un mythe au pire à accréditer le bon vieux slogan reaganien « TINA » (There is no alternative).

Sans être un expert, je mets en parallèle ce « trou » et les largesses consenties par les pouvoirs en place depuis plusieurs décennies en matière d’exonérations de charges sociales, dont l’utilité économique semble pour le moins aléatoire et ce même pour la Cour des Comptes.

A cette question du coût de notre système de santé, soit dit en passant moins coûteux que le « modèle » américain, se pose également la place de l’individu dans de celui-ci. D’une part, l’essentiel des recettes repose sur lui et de plus en plus à travers les franchises, le ticket modérateur et d’autre part, même à gauche, on a une tendance à considérer le malade non plus comme un patient mais au mieux comme un usager au pire un client. En somme, la santé devient un bien, un service comme un autre.

Enfin et pour en terminer provisoirement sur l’aspect financier, si le citoyen a été mis régulièrement à contribution, on ne peut pas dire que les praticiens ont été particulièrement lésés. Selon Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, en 14 ans, le revenu des médecins spécialistes a progressé trois fois plus que celui des salariés et celui des généralistes 2,5 fois plus.

C’est bien là, le second enjeu pour le ¨Parti Socialiste, outre l’affirmation d’un choix de société, c’est de redire que la santé, au même titre que l’éducation d’ailleurs, n’est pas un bien comme les autres et son « bénéficiaire » n’est définitivement pas un simple consommateur.

Alors quelles propositions ?

Il faut en finir définitivement avec ce système libéral financé très largement par la collectivité, à lui seul le domaine de la santé est le parfait exemple du principe de la mutualisation des pertes et de la privatisation des recettes.

En schématisant, les options sont relativement simples, soit on libéralise totalement le secteur et l’Etat ne sert plus d’agent régulateur en matière de tarifs pour les professionnels, soit on « fonctionnarise » la santé avec la mise en place de paiement au forfait au lieu du paiement à l’acte.

Pour ma part, je suis de gauche, socialiste (stalinien pour certains bobos parisiens) aussi, ma préférence va pour la deuxième solution et ce pour au moins trois raisons. Tout d’abord, elle permet une égalité d’accès au soin pour chacun, ensuite elle recentre le médecin sur le fait qu’il soigne un patient et non un client, enfin ; elle doit permettre un meilleur maillage du territoire.

Rien n’empêche par ailleurs de faire cohabiter les deux systèmes mais pour ceux qui opteraient pour une philosophie plus libérale, à eux d’en supporter les conséquences.

Dans ce cadre, ne serait-il pas souhaitable de généraliser les maisons médicales, je le répète, je ne suis pas spécialiste, mais cela me semble être un autre levier pour rationaliser un peu plus notre système de santé et permettre de faire face à l’augmentation du coût de la santé lié à l’augmentation de l’espérance de vie.

Voilà mes quelques réflexions (sur la base d’un A4) sur le devenir de la sécurité sociale, pierre angulaire du Programme National de la Résistance avec la retraite par répartition et l’indépendance des médias vis-à-vis de l’argent.

« There Is No Alternative » et son corollaire politique ont près de 30 ans… ne l’oublions pas et elle reste le refrain préféré de beaucoup de décideurs… La rupture n’est définitivement pas là.

Je reviendrai par la suite sur d’autres points.