Qui annule quoi ? Laure Murat (éd. du Seuil)

Publié le 13 janvier 2022 par Onarretetout

Pour évoquer la cancel culture, il fallait bien quelqu’un qui vive dans les deux langues, l’américaine et la française. De quoi s’agit-il ? Littéralement c’est la « culture de l’annulation », ce sont des termes utilisés par la droite américaine. C’est plutôt avant tout un « mode d’expression et de protestation », qu’on désigne aussi sous le nom de « pensée woke (éveillée) », qui énerve aussi beaucoup les « néoconservateurs français », selon les termes d’André Gunthert (Cancel culture mode d’emploi - Médiapart).
Laure Murat, dans cette conférence, va prendre plusieurs exemples, comme le déboulonnage de statues aux États-Unis, en Angleterre et ailleurs, y compris en Tchéquie (ce qui a entraîné une réaction russe considérant les dégradations de monuments de héros soviétiques comme un crime, y compris à l’étranger). Elle examine dans quelles conditions, quel contexte ces actions ont été menées, et montre en quoi elles révèlent la nécessité de regarder l’histoire dans ses ambiguïtés, de s’intéresser à l’histoire même, réinvitée dans le débat public. Elle engage aussi une réflexion sur la nécessité de sortir de l’héroïsation statuaire pour imaginer une autre façon, plus démocratique, d’inscrire l’histoire dans les villes, l’espace public, citant Kristin Ross, une historienne américaine, qui, dans un article de la revue Ballast, écrivait : « Le passé est imprévisible ».