TGV Est : ce que la SNCF ne vous a pas dit

Publié le 02 juillet 2007 par Frédéric-Michel Chevalier

Billet d'humeur
Depuis le temps qu’on l’attendait et après toute la publicité faite autour, c’est avec joie et curiosité que je m’apprêtais mercredi dernier à emprunter le TGV pour me rendre à Strasbourg pour un séminaire professionnel.

Record de vitesse sur rail avec 574,8 km/h le 3 avril 2007, pas loin du record absolu détenu par le Maglev (581 km/h) le train japonais à sustentation magnétique. Cabines au design intérieur dessiné par Christian Lacroix. Paris-Strasbourg en 2h20. Le tout sur fond de concurrence sur la ligne avec les trains à grande vitesse allemands. De quoi faire rêver.

Pourtant, les déceptions n’ont pas tardé à venir. Dès mon arrivée à la gare à 7H45, première déconvenue : le parking est complet ! Impossible de négocier avec le cerbère qui en interdit l’entrée au moyen d’une barrière ! J’essaie pourtant de lui dire que j’ai un train à prendre et plein de matériel dans mon coffre, rien n’y fait ! « Il faut aller au parking de la gare du Nord ou au parking Magenta ! », me dit-il, un rien autoritaire, après m’avoir fait reculer en hâte, au risque de me retrouver sur la voie de circulation située derrière moi. Pas très pratique tout ça ! Mais bon, doté d’une confortable avance, je fais contre mauvaise fortune bon cœur et me mets en route pour le parking Magenta. Pour cela je dois d’abord affronter les indescriptibles bouchons source d’un pollution qui irrite la gorge et résultat d’une politique d’aménagement urbain doctrinale et mal pensée. Au bout de 10 minutes, me voilà en vue du parking Magenta. Complet également ! C’est le bouquet ! Heureusement, je finis par trouver une place de stationnement dans une rue assez éloignée. En voyage pour trois jours, je m’attends donc à recevoir au moins trois contraventions à 11 € et me voilà parti avec mon fardeau en direction de la gare. Juste le temps d’arriver pour ne pas manquer le train, alors que j’avais initialement 40 minutes d’avance.

Au-delà de l’anecdote, ce qui me parait scandaleux, c’est qu’en près de 10 ans de travaux la SNCF ait trouvé le moyen de construire une ligne à grande vitesse longue de 300 km, mais pas d’achever à temps l’aménagement des gares ! En effet, les abords de la gare de l’est sont en travaux et il semblerait qu’un deuxième parking soit en cours d’aménagement. En tout cas, les capacités sont gravement sous-estimées. C’est avec le même étonnement que je constaterai quelques heures plus tard que la gare de Strasbourg et ses abords sont ne sont encore qu’un vaste chantier.

Côté vitesse… outre le fait que la ligne à grande vitesse n’est pas achevée, le train démarre et moins d’un kilomètre plus loin, marque un arrêt de plus de 20 minutes. Un second de près d’un quart d’heure sera observé peu avant l’entrée en gare de Strasbourg, soit un retard global de 34 minutes. Pas mal pour 2h20 de trajet théorique ! Le calcul est vite fait : le temps d’arriver à la gare du Nord avec les embouteillages, 40 minutes d’avance gaspillées pour trouver une place par chance à 10 minutes de marche et 34 minutes de retard…j’aurais mieux fait de prendre l’avion. Surtout avec les tarifs promo mis en place par Air France pour répondre à la nouvelle concurrence du TGV (à ce propos, relire mon billet du 20 avril : TGV Est, Air France organise la riposte).

Mais la légèreté de la SNCF ne s’arrête pas là. Le lendemain, en parcourant l’édition strasbourgeoise de 20 minutes, j’apprends que le TGV est victime de son succès avec 90 % de taux d’occupation. Même à plein tarif, il est difficile de trouver de la place. « C’est l’effet de la nouveauté et des tarifs de lancement à 15 € » plaide la direction régionale de la sncf. Celle-ci table sur une normalisation de la situation dans les six mois ! Forcément, quand on casse les prix… encore faut-il être capable de fournir. Ce n’est pas le tout de soigner le marketing, la com et la pub ! Cité par 20 minutes, Nicolas Di Mario, responsable régional de la CGT cheminots met d’ailleurs le doigt où ça fait mal : «  la SNCF a proposé une offre promotionnelle en sachant pertinemment que les réservations allaient être saturées. Elle est dans l’incapacité de répondre à la demande, faute d’avoir suffisamment de matériel ». Un matériel roulant qui, au risque de décevoir ceux qui rêvent au record du 3 avril dernier, date en fait de 1993. Ce sont des rames rénovées. Rien de nouveau de ce côté-là. Même pas le moindre TGV duplex à l’horizon !

Si Air France, joue à fond la carte du marketing, avec tarif compétitif, e-services, offres de miles promotionnels, etc. l’avion a encore de beaux jours devant lui !