Groumph!
Nous autres gros bonhommes velus, bourrés de testostérone explosive et de Kronenbourg tiède, avons certes des qualités en cuisine. Faire cramer une côte de bœuf à feu préhistorique, désosser un sanglier avec les dents, écraser des patates crues entre les fesses; ça, on peut le faire.
En revanche, mieux vaut recourir à des mains féminines quand il s’agit de farcir à la ricotta une fleur de courgette à peine éclose. C’est délicat ces choses-là.
Plantons-nous donc dans un coin de la cuisine. Et observons Mme Sonson à l’œuvre.
1 Mme Sonson fait la farce en touillant ricotta, pulpe de tomates hachée finement, éclats d’olive noire et basilic haché. Elle sale. Elle poivre. Elle goûte. Elle hoche du bonnet, satisfaite.
2 Mme Sonson attrape gentiment la fleur de courgette de la main gauche, l’écarquille, et la remplit de farce à gestes mesurés, jusqu’à l’orée des pétales. D’une suave et précise torsion, elle ferme ensuite la fleur entre le pouce et l’index. Avant de la ficeler.
3 Mme Sonson dépose doucement ses fleurs ainsi farcies dans la poêle, avec un peu d’eau et d’huile d’olive. Et fait cuire, à couvert et feu soft, cinq minutes. Retourne avec précaution les fleurs. Et poursuit dix minutes de plus, en baissant encore le feu.
4 Le mec de Mme Sonson sort de son coin dans la cuisine, attrape trois fleurs de courgette d’un coup. Et les avale cul sec en faisant des bruits infâmes. Scrounnnnchhhhh.
A bintôt. Et vivement bintôt.