"Patronimo, Patronimo..." Ça me dit quelque chose... ;-)
Quel bon dans le temps nous fait vivre Mathieu Bonhomme, avec cette réinterprétation du chef Apache un peu loufoque, découvert dans le classique Canyon Apache de 1970 paru aux éditions Dargaud (depuis peu alors) originellement. Même si dans cette aventure, il nous fait un peu moins rire pour le coup.
Une rencontre fortuite, (quoi que ?), comme cette autre avec Phil Defer ou plutôt son fils, tenant toutes ses promesses. Ce hors la loi à l'apparence de Jack Palance défie à nouveau Lucky Luke, 65 ans après son duel mortel... Et cette vue entre jambes de la couverture d'époque, quasi impossible à reproduire dans la réalité au cinéma, va cette fois être assaisonnée par Mathieu Bonhomme aux...petits oignons.
L'auteur convoque un paquet d'années cinquante dans ce deuxième album d'une série ("Lucky Luke vu part") ouverte à d'autres dessinateurs, dont la fameuse bande de bras cassés de Joss Jamon,
(apparue dans la revue Spirou en octobre 1956), qui peut au moins se vanter d'avoir pris deux
fois le cowboy au lasso à son arrivée en ville.
Et dire que Goscinny lui-même faisait partie du Posse, alors qu'il n'était pas encore scénariste. Sacré Morris !Matthieu Bonhomme a réussi le tour de force d'emmener notre héros de 74 ans dans l'univers de la bande dessinée "nouvelle vague" moderne, tout en lui gardant ses attributs (entre autre la fameuse brindille, dont il use dans le cadre d'une moquerie à la limite du respectueux -bpas envers lui d'ailleurs mais plutôt de la censure qui lui a imposé - cela en gardant néanmoins une grande tendresse pour le personnage et en lui attribuant au passage une dimension quasi mythique, qui était sans doute indispensable. C'est pourquoi d'ailleurs il lui garde un visage presque effacé, tout juste rempli, à l'inverse des autres protagonistes, plus détaillés, afin de lui assurer une part d'aura symbolique. A cela s'ajoute une profondeur psychologique qui, si elle était déjà présente dans certains épisode, est décuplée par l'aspect du dessin encore plus semi réaliste et les relations entre personnages. Ceci dit, l'auteur a bien compris l'importance de l'humour de la série originale, et en joue avec malice, introduisant des clins d'œil puissants et bien trouvés.
Verdict : j'avais aimé le premier tome, mais...je kiffe à 200% ce second One Shot de Mathieu Bonhomme sur notre cowboy solitaire préféré et je le range juste à côté du Blueberry de Christophe Blain. Yep m'dame.