"La joie fait entièrement partie de la vie, pas moins que la peine. Et chanter « quand même » est loin d’être une faute. C’est un devoir. C’est un devoir envers les autres, car si l’on s’enfonce dans le malheur, on ne répand que du malheur. Mais c’est aussi un devoir envers la vie tout court que nous avons reçue. S’il faut que la vie soit complète, pleine et entière, l’on ne peut pas, lorsqu’on en a les moyens, ne faire que pleurer ou se laisser happer par la misère tout court. Il faut tout autant s’essayer à rehausser les beautés de la vie, et la possibilité donnée absolument à tout le monde, quelle que soit sa condition, de la joie de vivre. Elle appartient à tous."
"Si l’on ne fait jamais l’effort de voir que la vie est tout aussi belle, heureuse, féconde, mélodieuse que laide, malheureuse, stérile, disharmonieuse, alors on joue le jeu de la laideur, du malheur, de l’avancée du désert, et du manque général de musique. On est « méchant » au sens fort. C’est-à-dire, suivant l’étymologie, qu’on ne sait pas – ni ne veut ? – saisir sa chance. "
"Cela ne revient pas à dire qu’il ne faut que chanter. La vraie vie, la vie pleine, est la vie où l’on sait qu’il y a tour à tour des pleurs et des rires. Où l’on fait tout pour pleurer avec ceux dont c’est le moment des pleurs, et pour rire avec ceux dont c’est celui de rire. Nous « blessons » sinon l’ordre des choses, en l’empirant à ne plus jamais rire, et en le perdant à croire qu’on peut ne faire que rire. Rires et pleurs, comédies et tragédies sont les deux faces d’une même médaille : la vie."
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