après un week-end de quatre jours
pour le passage du jour de l'an
j'étais bien reposée
au début de la semaine
et de plus en plus enchantée
de mes séjours au chalet
en plein hiver
avec comme terrain de course matinal
notre rue nommée boulevard
que j'appelle affectueusement
ma ruelle
cela ne fait que quelques semaines
que j'ai commencé
à y prendre des marches
puis à y courir
saluant un matin celui-ci
puis un midi celui-là
et envoyant la main
aux rares voitures qui me dépassent
ou que je croise
car vois-tu
ici je suis chez moi
désormais
je m'y sens bien
le soir venu
alors que je prépare mes vêtements d'entraînement
pour le lendemain matin
j'ai déjà hâte
et même si je n'arrive pas à me lever
suffisamment tôt pour courir chaque matin
je me prépare quand même
au cas où
il n'y a pas une seule fois
alors que je cours ou marche
dans cette rue bordée
par les forêts non défrichées
ou par les arbres des jardins
où je me sens mal
au contraire
la vue des cèdres
des grands pins
des bouleaux et des immenses sapins
ces temps-ci saupoudrés de neige
me réconforte et m'enveloppe
je me sens protégée par ces grands arbres
dont certains cachent la rivière
que j'entends lorsque la rue s'en approche
j'aime cette compagnie tranquille
je sors
en toute sécurité
je suis heureuse et ouverte
je deviens légère
aérienne
je vole
je cours
je rajeunis
dans cette rue
devenue ruelle
une extension de ma maison
je continue à grandir.