Je l’ai dit dans ces colonnes, l’année de mes 28 ans fait partie des années plutôt intenses de ma vie. J’ai en effet vécu un petit concentré de vie, entre un projet professionnel un peu fou et une histoire d’amour qui a vite tourné en eau de boudin. C’est la première année également où j’ai vraiment senti le poids de l’adulthood et mes premières angoisses existentielles – et Dieu sait si elles m’envahissent encore plus dix ans après. Ca a également été l’année où j’ai consolidé l’une des plus grandes amitiés de ma vie, basée sur l’organisation d’événements professionnels, soirées de joies ou de consolations diverses. Dix ans après, que Dieu te bénisse encore, ma chérie, grand témoin de cette année complètement folle et des meilleurs moments de ma vie par la suite.
Musicalement, je connais mes premiers vrais jugements de connasse qui ne comprend plus l’industrie musicale – au point de caricaturer ce trait dans les pages de feu Ladies Room. L’un de mes plus gros « plantages » de jugement à ce propos a été ma réaction à l’écoute de Video Games de Lana Del Rey et ma réaction qui en a découlé. Alors que j’avais une tripotée de cool kids qui s’extasiaient dessus, j’ai cru que j’étais devenue cette vieille à la ramasse. Il a fallu que je réécoute certains de ces titres à la lumière de ma découverte de sa collaboration avec Dan Auerbach en 2014 pour me convaincre que je m’étais salement plantée à l’époque.
Je réévalue d’autant plus 2011 que 2021 a été l’occasion d’apprécier certains trucs qui m’avaient échappé à l’époque. En effet, Je me suis prise de passion dès le mois de janvier pour, par exemple, ce titre :
Alors qu’à l’époque, Rihanna me faisait le même effet que Britney Spears. Il faut dire que 2011 m’a donné matière à devenir une vieille connasse, ayant « accompagné » ma cousine au Stade de France au concert des Black Eyed Peas et ayant de fait vécu l’une de mes pires laryngites de ma vie anté-CoVid. Comment voulez-vous que je fasse confiance dans la pop music dans ces conditions-là ?
Allez, c’est parti.
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1 – Adele – 21 (janvier)
Alors que son premier album 19 avait marqué les esprits et la fit comparer avec sa collègue Duffy (qui a malheureusement disparu des radars depuis) comme une succédanée d’Amy Winehouse, 21, qu’elle a également écrit après une rupture, transforma Adele Adkins en Céline Dion des temps modernes. Puisant ses influences musicales dans le gospel ou la pop et ses thématiques d’écriture dans sa vie sentimentale, elle surprend également en reprenant Lovesong de The Cure. Avec des pointures telles que Rick Rubin et Ryan Tedder du groupe One Republic à la production, cet album avec ses inspirations américaines a conquis 35 millions d’auditeurs, ce qui en fait l’album le plus vendu de la décennie 2010.
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2 – Brigitte – Et vous, tu m’aimes ? (avril)
Après diverses expériences chacune de son côté, Sylvie Hoareau et Aurélie Saada se font connaître sur leur Myspace avec une reprise de Ma Benz en 2010. C’est ainsi qu’elles enregistrent leurs compositions qui se retrouvent dans ce premier album aux accents psychédéliques qui se vend à 200.000 exemplaires en France. Avec la tournée qui a accompagné cet album, elles ont obtenu la Victoire de la Révélation scène en 2012.
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Metronomy – The English Riviera (avril)
Je persiste à dire que ce troisième album du groupe britannique est celui qui a marqué mon année 2011, mais, à l’instar de The Reminder de Feist (2007), j’ai dû en blacklister l’écoute pour cause de rupture amoureuse – d’autant plus qu’il est le cadeau dudit compagnon.
Avec cette ambiance pop et des titres tels que The Look ou The Bay qui se prêtaient avec perfection à l’ambiance estivale, le groupe fondé par Joseph Mount était clairement ce qu’il me fallait pour apprécier cet été où j’avais l’impression que tout me souriait. La critique britannique ne s’y est pas trompée, considérant que The English Riviera était un tournant pour la carrière du groupe.
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4 – Lady Gaga – Born This Way (mai)
Troisième album de l’artiste new-yorkaise, il est teasé dès fin 2010 : lors de la cérémonie des MTV Music Awards le 12 septembre 2010, alors que Lady Gaga reçoit son prix du meilleur vidéo clip pour Bad Romance, elle interprète un extrait de ce qui sera la chanson-titre de son prochain album, qu’elle dit avoir écrit en dix minutes. Le single Born This Way sort le 30 décembre 2010, suivi des singles Judas, The Edge Of Glory, Hair, Yoü and I et Marry The Night. Lady Gaga avait prévu la sortie de neuf ou dix singles parmi ces 14 titres que comptent la version « normale » de l’album, projet qui n’a pas abouti. Si les critiques sont mitigées sur l’album, reprochant parfois des mélodies déjà entendues, cela n’empêche pas les fans de se ruer dessus au point de s’en écouler 15 millions d’exemplaires.
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5 – Orelsan – Le chant des sirènes (septembre)
Aurélien Cotentin, après le succès de Perdu d’avance (2009), porté par la polémique Sale pute, s’est enfermé dix-huit mois par peur de la page blanche. Du haut de ses 29 ans, bien qu’il ait promis de ne pas sortir de deuxième album, le Normand fait même une campagne de communication assez péchue pour le promouvoir.
Après avoir joué le vingtenaire perdu dans Perdu d’avance, Aurélien Cotentin a joué le pré-trentenaire qui n’y comprend plus rien à rien (Plus rien ne m’étonne, La terre est ronde), le rageux (Suicide Social) ou même le gros geek (Raelsan, Ils sont cools). Comme cela a fait écho à la vie que je vivais à l’époque, force est de constater que j’ai saigné l’écoute de cet album. Malheureusement, je n’ai pas suivi OrelSan sur ses albums suivants et encore moins sur Civilisation qui vient de sortir. Ce que je trouvais mignon à presque trente ans, je le trouve pathétique à presque quarante.
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6 – Noel Gallagher’s High Flying Birds – Noel Gallagher’s High Flying Birds (octobre)
En 2011, je n’avais pas encore rencontré le Mari, Liam Gallagher avait déjà sorti son album avec Beady Eye et toute la presse enfonçait le fils aîné pour avoir fait faux bond. Après donc deux ans de travail, il revient avec un combo additionnel composé du claviériste d’Oasis Mike Rowe et des parties de batterie de Jeremy Stacey du groupe The Lemon Trees. Sinon, les chœurs, les guitares, la basse, le banjo… est assuré par Noel Gallagher tout seul. Ce premier album éponyme est en majeure partie composé des chutes de studio du dernier album d’Oasis, Dig Out Your Soul (2008). Des titres comme Everybody’s On The Run, AKA What A Life ou If I Had A Gun a suffi de convaincre les fans pas hooligans que non seulement Noel se démerdait très bien sans Liam, mais surtout qu’il se démerdait très bien tout seul.
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7 – Coldplay – Mylo Xyloto (octobre)
Quand j’ai eu la nouvelle d’une nouvelle sortie d’album de Coldplay durant l’automne 2011, c’était encore l’été et je roucoulais encore à la terrasse de cafés aux bras d’un homme qui écarquillait des yeux quand j’achetais des robes Lolita-style – c’est la preuve ultime pour une femme qu’elle est bonne dans sa robe. Mais je digresse.
J’étais donc en phase passionnelle et nous discutions de ce quatrième album à venir. Nos attentes étaient grandes, notamment la mienne, puisque je considère toujours Viva la vida comme mon album préféré de la décennie 2000. Et puis est venu un truc aussi WTF qu’Every Teardrop Is A Waterfall, puis un truc crevé de bons sentiments comme Paradise. Concrètement, je me suis longtemps tâtée pour finalement acheter l’album. Tout ce que je peux dire est que Mylo Xyloto est l’album du désaccord artistique avec Coldplay que j’ai quand même suivi depuis Parachutes (2000).
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8 – Cœur de Pirate – Blonde (novembre)
La Québécoise Béatrice Martin, après un album éponyme en 2008 qui rencontre beaucoup de succès, retourne en studio pour l’écriture d’un deuxième album en parallèle de sa collaboration avec son compagnon de l’époque au groupe Armistice. Pour ce deuxième album, elle s’est entourée du producteur Howard Bilerman, qui a notamment collaboré avec Arcade Fire, pour orienter son son du côté folk, et du composteur Michael Rault pour donner une touche sixties. Blonde ne fait pas les mêmes ventes que Cœur de Pirate deux ans auparavant, malgré des locomotives telles que Golden Baby, Adieu et Place de la République.
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9 – The Black Keys – El Camino (décembre)
Ce septième album du groupe originaire de l’Ohio a été pour moi une bombe à retardement. En effet, si je le voyais passer dans les radars de la presse française dès sa sortie en décembre 2011, il m’a fallu quasiment un an et la diffusion massive de Lonely Boy sur Oüi FM fin 2012 pour me dire que l’album valait le coup de l’écoute. Et effectivement, c’est un album de rock brut comme on n’en faisait déjà plus à l’époque et qui était très appréciable pour ceux qui ont été comme moi biberonnés à Led Zeppelin et à Creedence Clearwater Revival. El Camino est tout simplement une réactualisation du bon gros blues rock sudiste mêlée à des claviers modernes et une production aux petits oignons.
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10 – Amy Winehouse – Lioness: Hidden Treasure (décembre)
Je suis encore traumatisée par le décès prématuré d’Amy Winehouse 10 ans après – nous n’avions que quelques mois d’écart, et je ne peux m’empêcher de l’imaginer si elle avait pu vivre comme moi l’aube de son 39e anniversaire. Alors imaginez-moi à 28 ans, après une année où je suis passée par tous les stades émotionnels possibles, seulement 4 mois après sa mort, avec la promesse d’inédits. Un album était effectivement en préparation, mais dans sa grande sagesse, David Joseph, patron d’Universal UK, a préféré tout détruire pour ne pas générer de fétichisme ou de marketing malsain.
En guise d’album posthume, nous avons donc ces outtakes prises entre 2001 (sa petite voix timide sur The Girl From Ipanema) et début 2011, où elle a collaboré avec Tony Bennett, une de ses idoles, sur Body And Soul. On retrouve tout ce qui a inspiré Amy durant sa vie : de la soul, du jazz, du ska… et c’est une bien maigre consolation face au vide qu’elle a laissé dans la musique.
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Alors certes, je poste cet article le 5 janvier 2022 sans même faire un bilan musical de 2021. Il faut dire que tant ma vie professionnelle que certains problèmes de santé me donnent la flemme d’écrire, et ça s’est bien ressenti en 2021. Je ne sais pas encore à l’heure actuelle si ce blog continuera, ou à quelle fréquence je le nourrirai. Cela ne veut pas dire que je n’aime plus la musique, bien au contraire. Mais voilà, je ne suis plus la petite fille de 22 ans qui écrivait au kilomètre sur ce qui l’inspirait, parce qu’elle se faisait chier à la BU et qu’elle n’était pas motivée à écrire son mémoire. Et même, je partage ma passion de la musique sous d’autres formes.
Malgré tout, je vous souhaite une excellente année musicale, qu’elle puisse vous remplir de joie comme le retour de Stromae me galvanise à l’heure actuelle. Je devrais peut-être m’en inspirer…
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À bientôt (je l’espère) pour de nouvelles aventures musicales.