Il riait beaucoup, mais traitait de choses très sérieuses.
L'Afrique libre se souvient.
Desmond était un géant pour le continent. Contemporain de Nelson Mandela, il était une force électrisante derrière les mouvement anti-apartheid au travers des époques. De tous les regroupements anti ségrégation raciale et anti discrimination, il était l'une des plus importantes icônes et assurément le leader spirituel le plus influent du continent africain.
Archevêché et théologien, il militait sans cesse pour le droit humain. Né à Kierksdrop, en Afrique du Sud, il commence sa vie adulte comme enseignant et épouse, à 24 ans, la militante Nomalizo Leah Shenxane, avec laquelle ils auront ensemble, 4 enfants. À 29 ans, il est ordonné prêtre anglican et deux ans plus tard, il déménage au Royaume-Uni pour y étudier la théologie. En 1966, il retourne en Afrique, au Federal Théological Seminary de l'Afrique du Sud, puis à l'Université du Botswana, Lesotho et Swaziland.
En 1972, il devient directeur du Fond d'Éducation Théologique pour l'Afrique, une position qui le force à retourner vivre et se poster à Londres. Mais il s'organise alors pour faire de très nombreuses tournées sur le continent africain. Retournant y vivre dès 1975, il sera doyen de la cathédrale de Sainte-Marie, à Johannesbourg. Puis, il devient évêque de Lesotho. De 1978 à 1985, il sera secrétaire général du conseil des Églises d'Afrique du Sud. Il en émergera comme l'un des plus ardents opposants à l'apartheid et à la discrimination raciale. Il décrira vivement et de manière répétée la surreprésentation des blancs et des Afrikaners parmi les décideurs et les élites, malgré la majorité noire.
Comme activiste il prêche continuellement en faveur de manifestations non violentes. À la position la plus sénior Anglicane africaine, il est à l'origine de nouveaux modèles de leadership et introduit même, avec modernisme, l'accès au femmes dans la prêtrise. Il devient président des conférences sur les églises africaines, ce qui le fait voyager dans toute l'Afrique. En 1984, il est récompensé du Prix Nobel de la paix pour ses efforts en ce sens, en Afrique. Quand le président Fredrik Willem de Klerk, un autre prix Nobel de la paix. libère Nelson Mandela, Tutu est médiateur comme il sera très souvent aussi auprès de factions rivales africaines.
Quand Mandela est élu président, Tutu agit toujours comme agent facilitateur pour des regroupements de coalition. Il est aussi choisi par Mandela pour être à la tête de la commission de la vérité et de la réconciliation. Mouvement créé afin d'enquête sur les crimes et les abus du passé.
À la chute de l'apartheid, il en est reconnu comme un des auteurs principaux de ce succès social. Il fera campagne en faveur des droits des gays, en appui aux Palestiens/Palestiniennes, sera opposé à l'intervention des États-Unis en Irak, et sera très critique des présidents africains Thabo Mbeki et Jacob Zuma.
Tout ça est très audacieux.
Quand Tutu a commencé à gagner en visibilité, dans les années 70, les conservateurs blancs qui appuyait l'apartheid l'ont vite pris en grippe. Les Libéraux l'ont parfois trouvé trop tranchant ou trop radical. En revanche, ils sont presqu'aussi nombreux, en Afrique, à l'avoir trouvé trop modéré et concentré sur sa propre protection par l'élite blanche. Les Marxistes-Léninistes l'ont trouvé trop anti-communiste, tandis que la majorité Noire de l'Afrique l'a toujours considéré comme une idole et un modèle à suivre.
Atteint du cancer de la prostate, en 1997, il encouragera les hommes d'Afrique de révéler de telles choses, sujet tabou. En 2010, il choisit de se retirer de la vie publique et supportera les programmes de morts assistées.
Auteurs de nombreux livres développant sa pensée, de sermons compilés, de prières, c'est à l'âge de 90 ans, dimanche, qu'il a poussé son dernier souffle.
Souffle qui en a inspiré plus d'un dans l'Afrique Noire et blanche.