C'était les années 50.
Mais c'est aussi les années 2020.
Le populisme vs le journalisme.
Le populisme existe depuis la nuit des temps. D'Aristote et Socrate à nos jours.
Dans les années 50, un peu connu sénateur, celui du Wisconsin, s'adresse gravement au peuple qui voit tout juste naitre la télévision et est habitué à nettement plus léger. D'un ton présidentiel, il demande qui pourrait ruiner la nation Étatsunienne, "this great nation" sinon des traîtres au sein de notre propre gouvernement. Il a pour cibles, les membres, partisans et ceux qui flirtent avec le communisme. Avec la Guerre Froide, le mythe est fort, particulièrement chez les conservateurs, concernant les espions soviétiques potentiels oeuvrant aux États-Unis. Il y avait effectivement, surtout au début de la guerre froide, des espions au sein du gouvernement qui ont vite été identifiés. Le doute n'est donc pas innocent. Toutefois, la manière de gérer la chose est pénible.
Le sénateur Joseph McCarthy se présente comme un gars du peuple, parlant au nom de celui afin de braver "l'élite" qui ment à son peuple. Vous reconnaissez des airs connus?. Il prétend avoir trouvé 205 communistes au sein du gouvernement. Mais il ne veut donner aucun nom. On découvre qu'il y inclus des soupçonnés homosexuel(le)s. L'idée d'y trouver quelque chose de péjoratif est toujours à l'agenda des conservateurs. Encore de nos jours. On doute asses gravement de sa bonne foi quand on découvre que ses soupçons sont principalement partisans. En effet, la plupart des soupçonnés communistes sont Démocrates.
McCarthy a du flair pour le drame et comprend vite l'influence de la télé. C'est sa carte forte. C'est aussi l'unique raison pour laquelle il suscite tant d'attention. Ses interventions, il les fait à temps pour les heures de tombées des journaux et les diffusions aux nouvelles. Il a compris le jeu. Le temps de vérifier la véracité des énormités qu'il a lancé, il en a lancé de nouvelles. Ça vous rappelle quelqu'un?.
Pendant ce temps, des gens perdent leurs jobs. Soupçonnés de "communisme". Alors qu'ils n'ont que quelques opinions et inclinaisons naturelles gauchistes. Les artistes donc, beaucoup. Une liste noire sabotera la carrière de plusieurs. Ça devient gravement ridicule.
Le journaliste de CBS Edward Murrow n'en peut plus et choisit de dénoncer. Murrow avait clommenté la guerre à la radio, s'invitant dans les foyers comme si vous y étiez. Il était devenu un intime de la nation des États-Unis. Lui aussi, avait une grande influence. Et le McCarthisme, il le voyait, très justement plus dommageable que la "disloyalty" dont était accusé injustement bien des gens accusés, au final, de ne pas être assez conservateurs.
Déjà dans les journaux, on a beaucoup encerclé ce qui ne fonctionne pas dans les opinions, car c'est de cela qu'il s'agit, de Joseph McCarthy. Murrow et son équipe étudient religieusement les propos de McCarthy sur plusieurs mois et découvrent qu'il se contredit partout et au fond, ne cherche qu'à se faire un nom. On présente à la télévision ses errements et ses discours et on commente ce qui ne fonctionne pas. Toute l'entreprise de la Commission qui est tenue afin de questionner les suspects communistes est démontrée mal avisée.
La population n'a jamais vu un reporter faire autre chose que rapporter la nouvelle. Ils voient maintenant Murrow, à heure de grande écoute, dénigrer un Sénateur "populaire". Et la guerre est déclaré quand McCarthy répond qu'il défendra tout agressivement. Ce dernier diffuse une réponse traitant Murrow de chacal , prêt à sauter à la gorge de tous ceux qui voudraient chasser les traitres parmi la nation. Il suggère aussi qu'il en soit un, en lui prêtant faussement des associations "louches". Mais comme c'est justement faux, le vent tourne largement en faveur de Murrow.
Tout n'est pas nécessairement rose du côté de Murrow non plus. Don Hollenbeck, présentateur de nouvelles de CBS, offre un support clair à Murrow, en direct, à la télévision. Le chroniqueur Jack O'Bryan est sans merci pour Hollenbeck et écrit continuellement sa haine de l'individu. Quand Hollenbeck offre son support public, il le traite de limace et est particulièrement cruel envers Hollenbeck. Dont le mariage est en train de s'effondrer aussi. Il tombe en dépression et s'enlèvera la vie.
Mais Murrow n'abandonne pas sa lutte contre McCarthy. Même que le suicide de Hollenbeck donne un autre sens aux mots de Murrow qui dit "que cette commission ressemblant à un cirque a fait beaucoup plus de mal aux familles de cette nation qu'on pense en danger, en plus d'aider nos vrais ennemis". Le public penche davantage pour le journaliste.
Le président Eisenhower voit les choses comme Murrow. L'armée aussi. On commence à se demander qui sert mieux la nation des É-U, Murrow ou McCarthy? C'est une bataille qui se livre sur la naissante télévision.
McCarthy est théâtre. Ce sont "nous" contre "eux". Ça vous rappelle quelqu'un?. Quand McCarthy exige qu'on investigue les gens de l'armée. Déjà, l'idée ne gagne pas la faveur du public. Quand l'avocat de l'armée, le bostonnais Joseph Welch lance, dégoûté, son fameux "have you no sense of decency, sir?", c'est un écho qui se fait entendre partout en Amérique du Nord et ça annonce la fin de McCarthy. Ses projets ne passent plus la rampe de l'acceptation publique.
Ça se produit deux semaines avant le suicide de Hollenbeck.
La télévision fait naître McCarthy, et la même, le fera mourir. Comme qui déjà?
Au sens propre, Joseph McCarthy décède dès 1957, à seulement 48 ans, de complications liées à son alcoolisme des dernières années.
Ce qui fait peur est que ces mêmes États-Unis ont vécu, pendant facilement 6 ans, la même chose avec le pire président de son histoire.
Et cette fois, c'est lui qui semble avoir gagné...
Un an, jour pour jour, après avoir été à la source du drame du Capitole, les appuis pour le président M.E.R.D.I.E.R n'ont jamais été aussi forts.
L'excellent film de George Clooney, Good Night & Good Luck, raconte cet affront entre les deux hommes. Qui n'aura jamais fait de clair gagnant, semble-t-il.