Parmi les choses, en France, qui m’ont le plus étonné, c’est la dictature de la pensée de la part des intellectuels. Un étranger qui s’installe en France, est dans un premier temps, ébloui par tous ces débats démocratiques.
Les arrivants, souvent issus de pays où les débats télévisés sont contrôlés, regardent ces discussions passionnées avec dévotion.
Querelles, joutes verbales, sont les grandes vertus de ces discussions grisantes à première vue. Toutefois, l’homme averti, après un moment d’adaptation, finit par comprendre que tout cela n’est que du vent. Le vent, non pas de la liberté et de la démocratie, mais celui sinistre de la dictature mentale.
Ces intellectuels, ces philosophes, ces journalistes tracent la frontière de la pensée permise. Seule y est autorisée une pensée légale selon leurs propres critères. En dehors de ces limites tracées, point de salut. Et si, par malheur, vous aviez eu le tort de croire que vous étiez en démocratie, et que vous aviez osé avancer une opinion audacieuse qui outrepasse ce cercle convenu, dites-vous bien que vous vous trompiez.
Ceux-là mêmes qui paraissaient des ennemis deviennent des alliés pour vous abattre.
Ceci n’est pas nouveau puisque Tocqueville l’a déjà décrit dans le second volume de son livre « De la démocratie en Amérique ». Mais il s’agissait de la tyrannie de la majorité. Dans le cas présent, il s’agit de la tyrannie de la minorité.
Encore, si cette minorité portait la sagesse, cela pourrait aller. Au contraire, il s’agit de personnes maîtrisant mal leurs sujets, voire strictement incompétentes.
Rien n’est pénible, rien n’est grave que les personnes incompétentes qui se prennent pour des lumières du savoir. Elles sont les plus dangereuses.
Malheureusement, cette inconnaissance affecte tous les domaines : journalisme, milieux artistiques, chroniques télévisées…
Pire, les débats, les analyses journalistiques ne sont qu’une exhibition sans retenue des angoisses et des problèmes psychologiques de ces penseurs avides de reconnaissance et de notoriété. Ceci les conduit à l’élaboration de théories pour le moins aberrantes telles que le choc culturel, le choc des civilisations.
Aberrantes, cela va de soi, mais essentiellement dangereuses puisqu’elles peuvent influer des esprits inhibés par la dictature mentale imposée depuis bien longtemps.
La chose est tellement ahurissante que l’on a du mal à croire que cela existe réellement.
On pourrait penser que les réseaux sociaux sont là pour contester cette dictature intellectuelle. Malheureusement il n’en est rien.
Les réseaux sociaux, pour une raison de mimétisme, s’évertuent à cloner le comportement de leurs bien médiocres modèles. Ainsi y fleurissent les inepties qui côtoient les inexactitudes.
Ceux qui réussissent dans les médias sociaux, les influenceurs, finissent par imposer à leur tour une dictature de la pensée.
Au bout du compte, médias sociaux et médias classiques finissent par se comporter comme les vases communicants : les incohérences, quand elle encombrent les uns, se répartissent de façon équitable vers les autres.
Il s’agit d’un jeu bien dangereux puisqu’il conduit à la standardisation de la pensée, qui elle-même mène à des conduites aussi insensées que la cancel culture.
Merci pour votre attention. C’était Abdesselam Bougedrawi.
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vidéo visible à partir du 05/01/2022 a 8 h
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