Lana Del Rey. La simple évocation de ce nom suffit souvent à créer le débat, à faire s'émouvoir les fans de musique, qui ont tous leur avis sur la chanteuse. Adulée et élevée au rang de Reine pour certains, elle agace et insupporte ses détracteurs. Artiste au style parfois difficilement qualifiable, elle enchaîne les succès depuis presque 10 ans, avec pas moins de 7 albums studio depuis le légendaire Born To Die en janvier 2012. Bien qu'elle ne soit pas une bête médiatique, il est difficile de ne pas avoir entendu parler de Lana Del Rey depuis ça. Aujourd'hui rare sur les plateaux TV et à la radio, c'est bien grâce aux réseaux sociaux et au web qu'elle doit l'explosion de sa carrière. N'assurant quasiment pas la promo de ses albums, elle doit son succès à la qualité de sa musique et à une " fanbase " toujours au rendez-vous. On voit ensemble dans cet article pourquoi Lana Del Rey est une icône pop libre et indépendante qui ne laisse personne indifférent et comment elle fait de sa différence une force.
Lana Del Rey, une personnalité unique
Complexe et captivante
Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, tout le monde a son avis sur la Lana Del Rey. Elle débarque dans nos vies en 2012 sur une scène musicale occupée par Adèle, qui sortait son album " 21 " un an plus tôt. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la nouvelle venue détonne par son style et sa différence. Avec son look inspiré de l'Amérique des années 50, elle crée le buzz autour de son univers vintage sombre qu'on adore ou qu'on déteste. À peine arrivée, le succès est immédiat et les premières critiques pleuvent. L'Américaine est attaquée sur son physique tandis que son album est bien accueilli par la presse spécialisée. Véritable OVNI dans le paysage médiatique du moment, les réactions extrêmes qu'elle suscite témoignent d'une société où tout va trop vite et où les personnes sont perçues comme des produits.
Parfois excentrique, souvent réservée, la chanteuse intrigue et certaines de ses sorties resteront fameuses. Elle amuse quand elle lance à Nagui, en 2011, avant la sortie de Born To Die, dans l'émission Taratata, un " shut up " bien senti. Elle choque une partie de l'opinion quand elle déclare dans " The Guardian " être triste de ne pas faire partie du club des 27, ces artistes, véritables légendes de la musique telle que Kurt Cobain ou encore Jim Morrison, morts à 27 ans. Des propos qui font de Lana Del Rey une artiste qui divise, mais aussi et surtout une artiste triste et mélancolique dont on se demande si elle est réellement bien dans sa peau, en phase avec son époque.
Lana Del Rey : Free
À ses débuts, ses performances en live ont fait l'objet de violentes critiques et il faut reconnaître qu'en concert, en festival ou sur les plateaux de télévision, ses prestations sont inégales et certaines sont carrément mauvaises. Sa voix grave et réconfortante sur les albums est beaucoup moins maîtrisée en live et c'est à force d'années de travail et de persévérance qu'elle élèvera son niveau. Aujourd'hui irréprochable sur scène, ses chansons sont de véritables câlins pour les oreilles que ce soit en live ou sur vinyle.
Lana Del Rey a surmonté les turbulences médiatiques qui ont jalonné le début de sa carrière et elle est aujourd'hui une artiste plus mature, plus solaire et positive. Engagée et féministe elle chemine maintenant loin des médias traditionnels et nous livre des albums plus intimistes, toujours autant appréciés de ses nombreux admirateurs. Elle mène sa barque en véritable électron libre, guidée par ses envies et ses projets, pour le meilleur.
Ecouter Lana Del Rey, un acte pas si anodin
Style et ténacité
Poser un vinyle de Lana Del Rey sur une platine ou sélectionner un de ses morceaux dans une de vos playlists est presque un acte engagé. C'est prendre parti dans le débat qui oppose les pros et les antis, c'est faire le choix de soutenir une artiste qui a ses détracteurs. C'est très certainement moins vrai aujourd'hui, mais écouter madame Del Rey, ce n'est pas rien et il faut en être fier.
Elle est encore vue comme une artiste qui fait des albums tristes pour des gens dépressifs. Ces premiers opus très mélancoliques (Born To Die et Ultraviolence) lui collent encore aujourd'hui à la peau alors que le style a bien changé depuis. Et bien c'est la même chose pour ceux qui écoutent sa musique : des gens pas drôles qui s'ennuient en soirée. Mais ça, c'est l'avis de ceux qui n'ont pas le feeling avec cette voix douce qui fait du bien, avec cette personnalité changeante qui les déboussole. Peut-être que l'Américaine est simplement incomprise par certains et comprise par d'autres. Peut-être est-ce juste une histoire de sensibilité. C'est bien probable.
Lana Del Rey c'est aussi l'histoire d'une personne qui ne lâche jamais le morceau. Elle compose et chante depuis l'âge de 18 ans sous de multiples pseudonymes, dont le plus connu avant Lana Del Rey : Lizzy Grant. Son album " Lana Del Ray A.K.A Lizzy Grant " sorti en 2010 passe inaperçu même s'il regorge de chansons devenues aujourd'hui des classiques pour tous les admirateurs de la chanteuse. Elle a aujourd'hui la carrière qu'on connaît même si aucun de ses albums n'aura le retentissement de son désormais mythique Born To Die. Elle ne cesse malgré cela de se réinventer, et après 10 ans de carrière l'Américaine s'affirme dans son style et ne cesse de surprendre.
Une artiste reconnue par la profession
Le moins que l'on puisse dire de la chanteuse, c'est qu'elle est souvent là où ne l'attend pas. Un premier album qui cartonne, quid du second ? Eh bien ce sera une édition deluxe de Born To Die. Un nouvel opus bientôt dans les bacs qui sort finalement quatre mois plus tard. Allez hop, un recueil de poèmes entre deux albums et puis tiens, pourquoi pas deux albums à seulement sept mois d'intervalle. Il y a de quoi en perdre son latin. La constante, c'est l'attente autour de chacun de ses projets. Plusieurs fois nommée au Grammy Awards, mais jamais sacrée, c'est la presse spécialisée qui lui réserve toujours le meilleur accueil. Le magazine Billboard déclarera " la dernière décennie ne serait pas la même musicalement sans Lana Del Rey " mettant en avant son influence sur la nouvelle génération d'artistes. Elle sera même sacrée artiste de la décennie lors de l'évènement Hitmakers qui s'est tenu le 4 décembre 2021 à Los Angeles. Bruce Sprinsteen, le Boss en personne, lâchera même dans une interview qu'il la considère comme une des toutes meilleures " songwriters ".
L'Américaine fait incontestablement partie des meilleurs et sa créativité est reconnue dans le monde entier. Figure majeure de la musique de la décennie 2010, elle n'est plus aussi clivante qu'elle le fut bien malgré elle et sa musique, en perpétuelle évolution, séduit toujours ceux qui savent l'apprécier. Alors assumons d'écouter Lana Del Rey, car il semblerait que cela rende heureux, n'en déplaise aux sceptiques.