13 - LA PAGODE DU CANON
1987
ARRIVÉE À LA GRANDE PAGODE
DE L'OIE SAUVAGE
PAR AVENUE LARGE
BORDÉE
DOUBLE RANGÉE D'ARBRES
MARCHANT
AU MILIEU DE LA CHAUSSÉE
VOIR L'ÉDIFICE DANS L'AXE
PHOTO
PAS DE VOITURES
DES VÉLOS
AVEC EUX L'ÉVITEMENT RESTAIT
NÉGOCIABLE
CHARRETTE ATTELÉES
UN CHEVAL
TRANSPORT DE MATÉRIAUX
UN UNIQUE BRUIT DE MOTEUR
MOTOCULTEUR TIRANT
UNE REMORQUE
FERMÉ AU PUBLIC
CONTOURNER UN MUR
PAR DERRIÈRE S'APPROCHER
DE LA PAGODE
SEPT ÉTAGES
TERRAIN EN FRICHE
FIN D'APRÈS-MIDI
LE SOLEIL COUCHANT ACCENTUAIT
LA COULEUR OCRE
CI'EN MONASTÈRE
DE LA GRANDE BIENVEILLANCE DES BRIQUES
HERBES FOLLES SUR LES CORNICHES
FESTON VERT AUX ÉTAGES
UN CHIEN ERRANT
DÉBOULA
POURSUIVAIT EN GROGNANT
AU SEPTIÈME SIÈCLE LE MOINE
PÈLERIN XUAN ZANG
PARTIT EN INDE
LONG PÉRIPLE
DURANT PLUSIEURS ANNÉES
RAPPORTA
DES ÉCRITS BOUDDHIQUES
TEXTES SOURCES
DE LA RELIGION SINISÉE
S'INSTALLA
DANS CE MONASTÈRE
DEUXIÈME VAGUE
DE TRADUCTIONS
EN ÉQUIPE
ENSEMBLE CONCOCTÈRENT
UNE NOUVELLE VERSION
CHINOISE DES SÛTRAS
652
LE MOINE ORDONNA
QUE SOIT CONSTRUITE
UNE PAGODE
CINQ ÉTAGES
DÉPOSA À SA BASE
LES ORIGINAUX
RELIQUAIRE SACRÉ DU CANON
BOUDDHIQUE
DEUX ÉTAGES AJOUTÉS
PILE EN 701
L'ANNÉE OÙ NAQUIT
WANG WEI
ET MONTA JUSQU'À DIX
QUAND GRIMPA
FIN HUITIÈME SIÈCLE
ZHANG BAYUAN
POÈTE
À SEPT ÉTAGES
CONSTRUITE
SOUS LES QUING
DANS LE STYLE
DES MING
TOUJOURS LA MÊME NOSTALGIE
DE CE QUI PRÉCÉDA
DÉSERTIQUE EN 87
L'AVENUE RECTILIGNE ABRITE
MERCANTILISTE
ENTRÉE DU MONASTÈRE
OUVERT AU PUBLIC
(...)
Michèle Métail, Le Paysage après Wang Wei, Vingt vues à traits superposés (Chine 2011), LansKine, 2021, 224 p., 20€, pp. 118-120
Cet extrait fait partie de la deuxième partie du livre, conçue pour être lue en suivant les images présentées sur le site de l'université de Chicago (appuyer sur >> pour faire défiler lentement le bandeau).
sur le site de l'éditeur:
" Le Paysage après Wang Wei s'est écrit à partir d'un voyage qui commence par l'étude d'un recueil poétique avant de se réaliser 'en vrai', confrontation d'un paysage passé et actuel. L'intérêt est bien sûr dans cet écho (reflet ?) entre les vingt vues et les vingt quatrains de Wang Wei (701 - 761). Si les traductions des poèmes de Wang Wei et Pei di existent déjà en français, ici elles diffèrent car elles sont faites en en fonction de la topographie des paysages évoqués, ce qui en change la compréhension. Elles s'accompagnent aussi de commentaires. De même, cette proposition de lire tout en regardant les illustrations ajoutent une dimension visuelle, n'oublions pas que Wang Wei est à la fois poète et peintre. Le livre de Michèle Métail qui sera aussi l'occasion de lectures performées, ce qu'elle nomme pour en montrer toute l'importance, des publications orales, témoigne encore de l'importance accordée à l'écrit, l'oral, le visuel de son travail. "
et :
" Michèle Métail, née en 1950, est une figure essentielle de la poésie expérimentale, visuelle et sonore. Elle diffuse, depuis 1973, ses textes au cours de 'publications orales', la projection du mot dans l'espace représentant le 'stade ultime de l'écriture', son travail étant avant tout celui d'une 'présence dans la langue'. Diapositives et bande-son accompagnent parfois ses lectures, entre oralité et visuel.
Michèle Métail est lauréate du prix Bernard Heidsieck - Centre Pompidou 2019, ce prix 'met à l'honneur des formes de création et de diffusion de la littérature autres que le livre : poésie sonore, performance, conférence performée, lecture... "
À LA PAGODE DU MONASTÈRE DE LA GRANDE BIENVEILLANCE
DIX ÉTAGES ÉLEVÉS DRESSÉS DANS LE VIDE
QUARANTE OUVERTURES EXPOSÉES À TOUS LES VENTS
DES OISEAUX SINGULIERS S'ENVOLENT AU-DESSUS DE LA PLAINE
EFFRAYÉS PAR LES VOIX HUMAINES AU MILIEU DES AIRS
À TÂTONS DANS L'OBSCURITÉ L'ESCALIER EN COLIMAÇON
RESSEMBLE À LA TRAVERSÉE D'UNE GROTTE
SE HISSER AU PLUS HAUT POINT
COMME ON PASSERAIT LA TÊTE HORS D'UN PANIER
SOLEIL COUCHANT SUR LA VILLE DU PHÉNIX
L'AIR PUR LUI CONVIENT
PARTOUT SUR LES ARBRES PRINTANIERS DE LA VILLE
TOMBE UNE PLUIE FINE
AUJOURD'HUI RAMENÉE LA VILLE DES GRANDS TANG
SUR LAQUELLE LA NUIT NE TOMBE JAMAIS
DÉDIÉE À LA NOUVELLE DOCTRINE