Tournesol, tournesol
C'est le nom de la fleur
Le surnom de la fille
Jacques Prévert
Julien Gonzalez-Alonso, 47 ans, a décidé d'écrire de bon matin pour découvrir ce qu'il vit, parce que son tournesol s'est détourné de lui. Il dédie cette confession, cette introspection, à celle pour qui [son] coeur ne cesse de battre, afin de rendre son absence supportable.
C'est une déclaration d'amour, dans laquelle il se dévoile pour qu'elle s'aperçoive combien il est complexe. Ainsi écrit-il sans suivre de plan établi, ni de chronologie, révélant par là-même que sa démarche est chaotique (comme sa vie jusque-là), si elle n'est pas sans but.
Il a traversé des crises, qui ne s'expliquent pas par le manque d'amour que lui auraient témoigné ses parents: ils ont toujours été là pour le soutenir. Non, c'est pourquoi il a cherché dans d'autres directions et a trouvé qu'elles résultaient d'un conflit personnel inconscient
Pour y parvenir, longue a été la route. Peut-être la rupture amoureuse avec celle à qui est dédié ce texte de connaissance de soi a-t-elle été le déclic lui permettant de chercher à voir clair en lui-même, comprendre qui il est vraiment et prendre enfin son destin en mains.
Pour illustrer son récit, il a choisi des poèmes (La poésie est à la vie ce qu'est l'émotion à l'amour): seule la poésie l'enivre. Il prétend ne pas lire beaucoup, ce qui est paradoxal pour un éditeur (il dirige les Éditions du Griffon), mais il lit tout de même pas mal.
Pour s'en convaincre, il suffit, tout en lisant son récit, de jeter un oeil sur ses notes, mises à la fin pour ne pas nuire à la lecture et ne satisfaire que les intéressés. Mais ses lectures ne sont pas celles du pékin, car elles sont peu ou prou en rapport avec sa quête de soi.
Ses mots de passe sont dépendance affective, peurs, notamment celle de l'abandon, syndrome de l'imposteur, transmission d'émotions par les gènes, confiance en soi, enfant intérieur, interaction entre les énergies et le corps-âme-esprit, et surtout amour inconditionnel.
L'auteur a échappé au monde imaginaire qu'il s'était créé. Il sait enfin qui il est, préférant être plutôt qu'avoir, ayant réussi grâce à la solitude à faire éclater en lui le plus de beau des mystères insolubles de Girassol - la guérison par l'amour de soi vers un libre essor.
Francis Richard
Girassol, Julien Gonzalez-Alonso, 232 pages, Éditions du Griffon