Berceuse de la Mère-Dieu, de Marie Noël

Publié le 24 décembre 2021 par Francisrichard @francisrichard

La Vierge et l'Enfant avec le jeune Saint Jean-Baptiste, de Sandro Botticelli (Musée du Louvre)

Obéissant fidèlement à la Tradition, le saint Concile déclare que la sainte Mère l'Église considère comme égaux en droit et en dignité tous les rites légitimement reconnus, et qu'elle veut, à l'avenir, les conserver et les favoriser de toutes manières.

[...]

L'usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins.

(Sacrosanctum Concilium, Constitution conciliaire promulguée le 4 décembre 1963 par le saint pape Paul VI)

Inutile donc de commenter le cadeau (?), Responsa ad dubia, préparé le 4 décembre 2021 par Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, sur les dispositions claires, hélas, de Traditionis custodes de Pape François.

À tous mes lecteurs chrétiens, en cette Vigile de la Nativité de Notre Seigneur, je souhaite par avance un joyeux Noël, en famille et/ou avec leurs proches. Même ceux de mes lecteurs qui ne sont pas chrétiens pourront apprécier le poème ci-dessous que je dédie à tous.

Marie Noël est le nom de plume de Marie Mélanie Rouget (1883-1967). Aujourd'hui cette poétesse est bien méconnue. Pourtant, de son vivant, elle a reçu, pour son oeuvre, de nombreuses récompenses, notamment de la part de la vénérable Académie française.

Dans Berceuse de la Mère-Dieu, Marie, douce et humble de coeur, comme son fils Jésus, est reconnaissante envers Dieu pour la grâce qu'Il lui a faite d'être mère d'une telle merveille, mais cela ne l'empêche pas d'avoir une tendre lucidité pour ce qu'il Lui adviendra.

Dans notre monde qui se déshumanise et se déchristianise de plus en plus, processus porté en ces temps hystériques à un acmé, une telle poésie apparaît lumineuse et bien réconfortante. Le poème reproduit ci-dessous, et qui est extrait du Rosaire des joies, le confirme.

Fêter Noël, ce qu'une soi-disant élite d'Europe, foulant au pied ses origines, voudrait interdire, c'est bien sûr célébrer la naissance de l'Enfant-Dieu, mais c'est aussi rendre hommage à Marie, la Mère-Dieu, ce que cette berceuse maternelle fait de manière humaine et divine.

Francis Richard

Berceuse de la Mère-Dieu

Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,

Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,

J'adore en mes mains et berce étonnée,

La merveille, ô Dieu, que m'avez donnée.

De fils, ô mon Dieu, je n'en avais pas.

Vierge que je suis, en cet humble état,

Quelle joie en fleur de moi serait née?

Mais vous, Tout-Puissant, me l'avez donnée.

Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba

Votre grâce? ô Dieu, je souris tout bas

Car j'avais aussi, petite et bornée,

J'avais une grâce et vous l'ai donnée.

De bouche, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour parler aux gens perdus d'ici-bas...

Ta bouche de lait vers mon sein tournée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.


De main, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las...

Ta main, bouton clos, rose encore gênée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De chair, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour rompre avec eux le pain du repas...

Ta chair au printemps de moi façonnée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De mort, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour sauver le monde... Ô douleur ! là-bas,

Ta mort d'homme, un soir, noir, abandonnée,

Mon petit, c'est moi qui te l'ai donnée.

Marie Noël