" Nous disposons aujourd'hui de vaccins pour nous protéger du covid-19. Ils donnent l'espoir de mettre fin à la pandémie, mais seulement s'ils sont accessibles à tous et si nous travaillons ensemble. Se vacciner (...) est un acte d'amour. Et contribuer à faire vacciner la majorité des gens est un acte d'amour : amour de soi, amour de la famille et des amis, amour de tous les peuples. L'amour est aussi social et politique. (...) Il est universel, toujours débordant de petits gestes, de charité personnelle capable de transformer et d'améliorer les sociétés. Se vacciner est un moyen simple mais profond de promouvoir le bien commun et de prendre soin les uns des autres, particulièrement des plus vulnérables. " (Message du pape François, le 18 août 2021).
Et voilà encore une année qui ne finit pas très bien. On se plaît à changer d'année en pensant au mieux du futur, et puis, on se rend compte à la fin que c'était-mieux-avant. Trêve de déprimitude, la fin de l'année 2021 s'achève comme elle a commencé, avec un mot à la bouche, covid-19.
J'ai relu ce que j'écrivais il y a juste un an, le 31 décembre 2020, et je pourrais faire le même exercice : le nombre de décès par covid-19 par exemple, il a doublé en France en un an, mais il a triplé dans le monde. Cette s@loperie de coronavirus, il n'y a pas d'autre mot, était accompagnée dès le début d'un autre mal, le complotisme aigu.
Désormais, la situation est claire. Certains complotistes se sont tus, soit qu'ils sont morts ou qu'ils ont failli mourir, soit qu'ils ont compris qu'on ne doit pas dire n'importe quoi quand un phénomène mondial vole la vie de plus de 5,4 millions d'êtres humains, nombre probablement sous-estimé et s'approchant de 10 à 15 millions. Dire n'importe quoi peut influencer le comportement d'autrui et peut provoquer des morts qui auraient pu être évitées. D'autres complotistes sont toujours en activité, je veux dire par là qu'ils continuent partout où ils peuvent à proférer des sottises qui peuvent coûter la vie de ceux qui les lisent ou écoutent. Je me dis que pour eux, tant mieux, ils en ont encore réchappé et ils sont encore bien vivants, et c'est ce que je souhaite à tout le monde. Mais pour ces derniers, je doute que l'année 2022 leur réserve un avenir radieux. Le véritable tsunami épidémique que subit la France depuis deux semaines (ainsi que principalement le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Espagne et l'Italie) ne va pas offrir l'insouciance d'avant il y a deux ans qu'on pourrait regretter avec nostalgie : la pandémie est bien là et tout est encore possible.
Les centaines de milliers de nouveaux cas par jour (au 29 décembre 2021, en une semaine, 2% de la population parisienne a été contaminée ; concrètement, plus de 3% de la population nationale est contaminée, car cela peut durer plus d'une semaine), ce sont des chiffres gigantesques, vertigineux. La vague est plus forte qu'en mars 2020 dont il était difficile de mesurer l'ampleur car il n'y avait pas de tests (à ce jour, près de 190 millions de tests ont été faits en France, soit 3 tests par habitant en moyenne). À ce jour, près de 10 millions de Français ont été au contact avec le virus et 1,6 million doivent actuellement être isolés pour ne pas faire circuler le virus.
L'entourage est forcément touché, et les complotistes qui ne sont soi-disant pas touchés, directement ou indirectement, tant mieux pour eux mais ils doivent vivre au fond d'une caverne. C'est ce qu'a affirmé le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran lors de son audition devant la commission des lois de l'Assemblée Nationale le 29 décembre 2021 : les personnes non-vaccinées auront du mal à échapper à la contamination.
Et oui, il existe le vaccin. Il y a un an, on le savait déjà mais on avait peur de son absence d'acceptation. Au 30 décembre 2021, 52 798 871 Français se sont fait injecter au moins une dose de vaccin contre le covid-19 ; 51 678 653 ont un schéma vaccinal complet (au sens des deux doses) ; et 23 059 934, soit plus de 30% de la population, ont déjà eu leur dose de rappel (troisième dose) qui est seule efficace contre le variant omicron après six mois de deuxième dose pour "rebooster" (comme on dit) le système immunitaire. C'est une grande réussite des Français (du gouvernement, mais aussi des collectivités territoriales et aussi de tous les Français qui ont compris l'enjeu et qui ont joué le jeu). Non seulement nous avons finalement eu une excellente organisation (aujourd'hui, on peut se faire vacciner sans rendez-vous dans beaucoup de lieux), mais on a su traiter les informations pour qu'elles restent à la fois confidentielles et utilisables, ce qui était deux injonctions paradoxales.
La vaccination réduit d'un facteur de 5 à 10 le risque de contamination et de transmission, et prévient des formes graves. J'évoque encore d'un mot sur les complotistes : la vaccination n'est pas seulement une protection individuelle mais aussi collective. Il ne s'agit pas de faire la morale, ce n'est pas l'objet, chacun a sa morale et il en fait ce qu'il veut avec sa conscience, mais il s'agit de protéger les autres. C'est la raison du code de la route. Il y a désormais un code sanitaire, un ensemble de règles pour réduire au maximum la circulation du virus, et il a deux composantes : les gestes barrières et la vaccination. La vaccination évite les formes graves et donc, réduit l'occupation des lits de réanimation qui pourraient être indispensables aux patients d'autres pathologies, c'est donc bien chacun de nous qui profitera de la vaccination massive, personne n'est pas l'abri d'un besoin en réanimation. Personne n'est à l'abri d'un accident ou d'une maladie.
La différence aussi avec les autres pathologies, c'est que lorsqu'on est admis en réanimation pour covid-19, on n'y reste pas un ou deux jours, mais en moyenne trois semaines, parfois dix semaines. Ceux qui osent utiliser l'argument pécuniaire avec le coût des vaccins feraient mieux de faire un autre calcul : 111 892 personnes ont été admis au total en réanimation pour cause de covid-19 depuis le début de la pandémie au 30 décembre 2021 ; le coût (seulement) financier d'une journée de réanimation est de 3 500 euros et la durée moyenne du séjour est de trois semaines. Cela donne environ un coût de plus de 8 milliards d'euros. Évidemment, il y a d'autres coûts, humains par exemple puisqu'il y a entre 20% et 50% de patients en réanimation qui, hélas, ne s'en sortent pas. Sans compter ceux qui aurait vécu s'ils avaient été opérés à temps pour une autre pathologie (cancer, greffe, etc.).
Bref, la vaccination est l'arme la plus redoutable contre le virus car elle freine la circulation du virus et elle empêche à 90% les formes graves. C'est là l'aspect optimiste de cette fin d'année et début de l'année 2022 : la vaccination a prouvé, depuis le début de l'été 2021, qu'une population bien vaccinée réduit le nombre de décès et d'admissions en réanimation. Avec ce tsunami omicron, on n'a pas encore la certitude qu'effectivement, les réanimations et les décès (dont la cause pour le moment est principalement le variant delta) ne vont pas être trop impactés par la poussée d'omicron.
En ce début d'année 2022, on ne parlera pas encore du rebond économique (en particulier l'emploi qui est à son taux d'avant la crise de 2008), à cause de la préoccupation sanitaire, et peut-être aussi parce que le rebond sera impacté par le variant omicron ; on ne parlera encore pas des bouleversements climatiques car on ne peut pas à la fois faire de l'urgence et faire du long terme, surtout quand les décisions à prendre seraient contradictoires (par exemple, retour aux petites bouteilles d'eau individuelles en plastique au détriment des carafes en verre en entreprises) ; on ne parlera pas non plus de la construction européenne et de la nécessité historique de fédérer une défense commune indépendante des Américains (d'autant plus que le Royaume-Uni était l'une des deux puissances militaires de l'Europe avec la France).
Mais on parlera quand même de politique, et heureusement, puisqu'il y a une élection présidentielle dans trois mois, c'est-à-dire, maintenant ! Au-delà du problème d'une campagne sous covid-19 (il faudra bien définir un modus vivendi démocratique), les thèmes de la campagne vont probablement impacter sur le choix final des électeurs. Tous les candidats ne sont pas encore connus, mais il y a la levée de l'inconnue LR, avec la désignation de Valérie Pécresse qui serait déjà qualifiée pour le second tour (de quoi rendre l'élection plus incertaine), il y a la certitude désormais de la candidature du polémiste Éric Zemmour et manque seulement la candidate socialistes, Anne Hidalgo susceptible de laisser la place à Christiane Taubira. Il serait temps que tous les candidats soient connus pour connaître leur projet présidentiel.
Le débat parlementaire qui s'engagera à partir du 3 janvier 2022 sur le passe vaccinal sera intéressant comme preuve de responsabilité nationale des candidats à l'élection présidentielle. Depuis quelques élections, le clivage devient liberté vs sécurité. Ce sera le cas encore cette fois-ci, mais peut-être pas comme certains le pensent.
Ceux qui sont obsédés par la sécurité intérieure, la lutte contre la criminalité (je recommande de lire les statistiques des homicides en France : en 2019, il y en a eu 970, très peu par rapport aux victimes de la route et surtout, aux victimes du covid-19) et qui "oublieraient" (par démagogie) d'être responsables pour résister au coronavirus auraient ouvertement perdu le sens des proportions, le sens des réalités et des priorités.
Mais ceux qui sont soi-disant obsédés par la liberté avant toute chose ne sont pas plus responsables : la liberté lorsqu'on est intubé dans un service de réanimation, voire lorsqu'on est à la morgue, elle est toute relative. La santé est bien la première des libertés. Plus la santé flanche, plus l'autonomie flanche, plus la liberté est une réalité qui s'éloigne. La liberté du patient mais aussi la liberté de son entourage immédiat.
Alors, c'est ce que je souhaite à nous tous, soyons libres, soyons d'abord en bonne santé, et faisons tout pour le rester, en nous protégeant et en protégeant les autres : bonne année 2022 !
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Sylvain Rakotoarison (31 décembre 2021)
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