" Un (...) motif d'espoir est que, malgré l'épreuve sanitaire, malgré la fatigue, la lassitude, notre pays continue à avancer. Nous n'avons cessé d'œuvrer pour attirer des entreprises et des investissements, ouvrir des usines, créer des emplois. Jamais depuis quinze ans, le chômage n'avait été aussi bas. La réindustrialisation de notre pays est bien une réalité. Nous avons protégé les travailleurs, aidé les plus modestes d'entre eux, nous avons investi pour défendre la dignité de nos compatriotes en situation de handicap (...). " (Emmanuel Macron, le 31 décembre 2021).
Le Président de la République Emmanuel Macron a adressé aux Français ses vœux pour l'année 2022 au cours d'une allocution télévisée le vendredi 31 décembre 2021 à 20 heures. Auparavant, la veille, il avait mis en ligne une vidéo qui célébrait les réussites françaises de l'année 2021, réussite auxquels ont contribué de nombreux Français de toutes origines. Un réponse implicite à la vidéo vieillotte et ringarde, sentant la naphtaline, du polémiste passéiste Éric Zemmour lors de sa déclaration de candidature.
Les candidats d'extrême droite et aussi (hélas) de droite modérée sont tombés dans le piège du drapeau européen sous l'Arc-de-Triomphe de Paris. La polémique dérisoire sur l'absence de drapeau français a montré (hélas encore) l'absence de projet de ces candidats qui se sont polarisés sur la forme d'un concurrent au lieu de leur propre fil.
À ma connaissance, on ne mettait pas le drapeau tricolore sous l'Arc-de-Triomphe le 31 décembre et le 1 er janvier et si le Président Macron a proposé cette année de mettre le drapeau européen, c'était pour célébrer la Présidence française de l'Union Européenne. Ces candidats supposés aimant la France feraient mieux de célébrer avec le Président de la République ce moment, rare pour la France, une fois tous les quatorze ans, un signe de la puissance nationale : car la France, plus que ses successeurs ou prédécesseurs dans cette Présidence, a construit une ambition très forte pour ce semestre européen.
En tout cas, maître des horloges, Emmanuel Macron, à qui on ne peut pas retirer le patriotisme et l'amour du drapeau tricolore (encore pendant ses vœux, le bleu-blanc-rouge flottait derrière lui), a encore réussi à placer l'Europe et la construction européenne comme premier thème politique de l'année 2022, thème de campagne présidentielle, et c'est heureux car je vois peu ses concurrents y penser.
En particulier, je regrette que Valérie Pécresse n'ait pas présenté son projet européen pour le quinquennat à venir, et ait préféré se noyer dans une polémique inutile sur le drapeau, imitant ainsi l'extrême droite peu constructive. Finalement, la polémique a permis de mettre en évidence que le seul qui a une vision européenne, le seul qui a une ambition pour l'Europe et pour la France dans l'Europe, et je le répète, je le regrette, c'est Emmanuel Macron.
Revenons au message "philosophique" des vœux présidentiels. La petite vidéo publiée le 30 décembre 2021 et une partie des vœux du 31 décembre 2021 sont assez claires : il s'agit de rappeler qu'il n'y a pas deux sortes de personnes, des Français avec une définition partiale (pour Éric Zemmour, il faudrait avoir un prénom français, ne pas avoir pour religion l'islam, etc.), et des non-Français. Il n'existe pas deux catégories, mais 67 millions de catégories, 67 millions d'identités, toutes différentes mais unies, autant que de citoyens, et ces citoyens se réunissent ensuite sur la base de valeurs de la République, en particulier de la laïcité.
C'est le sens de son message des vœux qu'il a fait passer : " Faire progresser notre pays dans l'unité (...). Chemin bien difficile car il est si aisé d'opposer les générations, les catégories sociales, les origines, les territoires. Mais chemin nécessaire car lorsqu'il est rassemblé, rien ne peut résister au peuple français. (...) Continuons à respecter nos différences, à avoir confiance en ce que nous sommes, à regarder avec courage, audace et lucidité notre avenir pour agir. Décidons pour nous-mêmes d'être tout à la fois enracinés dans notre langue, notre culture, notre laïcité. Et épris de liberté, d'universel, de créativité. Restons unis, bienveillants, solidaires. Restons du côté de la vie. C'est là, ce que nous nous devons à nous-mêmes. ".
Un responsable politique qui recherche l'unité au lieu de la division ou de la stigmatisation, et un responsable politique qui célèbre les réussites françaises, qui voit dans notre pays une peuple fier prometteur de ses succès ( " Je veux vous dire que je suis résolument optimiste pour l'année qui vient. "), c'est quand même plus optimiste et constructif, c'est une perspective d'avenir plus pertinente que des candidats qui ne cessent de dénigrer notre pays et notre peuple, qui ne cessent de vouloir revenir à une époque idéalisée d'un pays qui n'a jamais existé.
Dans cette allocution télévisée, Emmanuel Macron a reparlé longuement de la pandémie de covid-19, ce qui est normal dans la mesure où nous sommes en pleine sixième vague (omicron) alors que la cinquième vague était loin d'être achevée (delta).
Dans un premier temps, comme il le fait systématiquement quand il s'adresse aux Français, il a fait part de son affliction pour les conséquences humaines : " J'ai avant tout une pensée pour nos 123 000 compatriotes à qui le virus a enlevé la vie. Une pensée pour tous ceux qui traversent ce moment dans le deuil, la peine ou la solitude. Je n'oublie pas non plus ceux d'entre vous qui sont touchés par le covid long comme ceux qui subissent les conséquences psychologiques de la crise sanitaire. ". J'aimerais que ceux qui aspirent à gouverner le peuple français expriment également une pensée pour ces tragédies individuelles avant de foncer bille en tête pour critiquer la gestion de la crise sanitaire alors qu'ils n'ont rien à proposer d'intelligent pour mieux protéger la population.
Dans un deuxième temps, il a exprimé toute sa lucidité, pas très bonne à dire trois mois avant une élection majeure : " Les semaines à venir seront difficiles, nous le savons tous : le virus circule et circulera de plus en plus. ". Et il n'y a pas de raison que le virus s'en aille avant l'élection présidentielle.
Ensuite, il a confirmé son rôle moteur dans la campagne de vaccination : " Notre objectif est de permettre à chacun d'être vacciné et de faire son rappel. Nous pourrons ainsi surmonter cette vague en limitant au maximum les restrictions. En continuant, comme nous l'avons fait depuis le début, de tout faire pour préserver l'activité et ce que nous avons de plus précieux, c'est-à-dire l'école, l'éducation de nos enfants. ".
Et son plein engagement et son esprit de responsabilité : " Alors ce soir, je veux le redire avec beaucoup de force et de conviction : la vaccination est notre plus sûr atout. Elle réduit fortement la transmission, elle divise par 10 le nombre des formes graves. C'est pour cela qu'une nouvelle fois, j'en appelle aux 5 millions de non-vaccinés Faites ce geste simple. Pour vous. Pour vos compatriotes. Pour notre pays. Toute la France compte sur vous. ".
Tout en assumant que la vaccination n'est pas l'unique arme contre le covid-19 : " La vaccination est-elle seule suffisante ? Non. C'est pour cela que le respect des gestes barrières contre le virus demeure essentiel, en particulier le port du masque. ".
Trois principes rappelés : protéger les personnes les plus vulnérables et aider les secteurs économies impactés, prendre des mesures proportionnées, et miser sur la responsabilité individuelle.
En effet, comme l'a rappelé le Premier Ministre Jean Castex le 27 décembre 2021, Emmanuel Macron en a rajouté une nouvelle couche pour insister sur la règle générale du gouvernement : " Nous attacher, sur la base des faits et de la science, à prendre des mesures proportionnées. C'est exactement ce que le Premier Ministre et les ministres ont fait ces derniers jours. Tout faire pour éviter de prendre des restrictions qui pèsent sur nos libertés et veiller à respecter tous nos principes démocratiques. ".
Et aussi (le troisième principe) : " Nous appuyer sur la responsabilité de chacun, principalement en se faisant vacciner, pour soi et pour les autres. Être un citoyen libre est toujours être un citoyen responsable pour soi et pour autrui ; les devoirs valent avant les droits. ". On y retrouve curieusement le slogan du RPR pour la campagne des élections législatives du 16 mars 1986 : "libre et responsable".
Faisant la transition avec son bilan, Emmanuel Macron a voulu montrer que son ambition n'a pas été revue à la baisse malgré le covid-19 : " Là où nous aurions pu tout reporter, nous n'avons jamais renoncé à notre ambition collective. (...) La France, malgré les épreuves, est donc plus forte aujourd'hui qu'il y a deux ans. Tout cela, c'est grâce à vous, grâce à nous tous, grâce à notre esprit de résistance, notre solidarité, notre civisme, notre engagement et notre esprit d'entreprendre. ".
L'optimisme se décline aussi avec la pandémie : " 2022 peut être, sera l'année de sortie de l'épidémie, je veux le croire avec vous ; l'année où nous pouvons voir l'issue de ce jour sans fin. Dans notre pays en déployant ces campagnes de rappel et en nous organisant comme il se doit pour domestiquer le virus et écraser sa diffusion. Et au niveau mondial en agissant pour vacciner l'humanité. ". Cette dernière phrase vise à réaffirmer la volonté de la France à aider massivement les pays pauvres dans la vaccination de leurs peuples.
Bien entendu, Emmanuel Macron a évoqué l'Europe et la construction européenne, a célébré les 20 ans de la monnaie unique européenne, a énuméré l'intérêt national de bâtir l'Europe dans tous les domaines et a rappelé les perspectives de l'ambition française dans le cadre de sa Présidence : " 2022 doit être l'année d'un tournant européen. (...) Oui, les valeurs que porte notre Union, la démocratie, l'équilibre entre liberté et solidarité, une certaine idée de l'homme, sont, j'en suis convaincu, celles qui permettront de relever nos défis contemporains. Et notre Europe est bien le seul chemin par lequel la France sera plus forte face aux fracas du monde et des grandes puissances. ".
Enfin, il a évoqué le futur proche.
La fin de son quinquennat : " Fort de votre confiance, j'agirai jusqu'au dernier jour du mandat pour lequel vous m'avez élu. ". Et son éventuelle candidature qui n'est pour l'instant pas déclarée : " Nous aurons donc cette année des choix majeurs à faire pour notre Nation. Ces choix, nous les ferons avec la conviction que la France a un chemin singulier, unique, à poursuivre. Nous les ferons, je le sais, en étant fidèles à l'esprit de résistance, l'esprit de tolérance et le choix de notre avenir commun qui nous ont toujours inspirés. Pour ma part, quelles que soient ma place et les circonstances, je continuerai à vous servir. Et de la France, notre patrie, nul ne saura déraciner mon cœur. ".
Ces deux dernières phrases (que j'ai mises en gras), j'aurais pu les mettre en tête de l'article pour signifier l'idée générale des derniers vœux de ce quinquennat : Emmanuel Macron propose son roman national (son amour de la patrie), et il entend bien participer à l'élaboration de l'avenir de notre pays pour quelques années encore...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (31 décembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Vœux d'Emmanuel Macron : protéger les Français et renforcer la France par l'Europe.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2021 à Paris (texte intégral et vidéo).
Emmanuel Macron l'Européen, Président jusqu'au bout.
La France d'Emmanuel Macron.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 9 novembre 2021 à Paris (texte intégral et vidéo).
COP26 : face à l'alarmisme, le leadership mondial d'Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron, l'homme qui valait 30 milliards.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211231-macron.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/voeux-2022-d-emmanuel-macron-238341
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/12/11/39258660.html