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Lettres philosophiques de Voltaire

Publié le 03 janvier 2022 par Christophefaurie
Lettres philosophiques de Voltaire
Voltaire, en délicatesse avec le pouvoir royal, va penser librement en Angleterre. C'est une puissance émergente, qui vient d'infliger une défaite totale à Louis XIV, avec l'élégance de ne pas lui avoir fait perdre la face. 

Voltaire observe les moeurs locales. Ce qui fait penser aux lettres persanes de Montesquieu, son contemporain. Ou peut-être, encore plus, à la pensée sauvage de Lévi-Strauss. 

Il a une tendresse pour les Quakers, en particulier, et une de leurs réalisations : la Pennsylvanie : "c'était un spectacle bien nouveau qu'un souverain que tout le monde tutoyait et à qui on parlait le chapeau sur la tête, un gouvernement sans prêtres, un peuple sans armes, des citoyens tous égaux, à la magistrature près, et des voisins sans jalousie". Mais il parle aussi de la science, en particulier de Newton, dont Descartes fut l'éclaireur, de la vaccination, et de la littérature anglaise, dont il admire le génie inculte. Il en donne des traductions. Ce qu'il apprécie, c'est que l'Anglais a "l'admiration des grands hommes", ceux qui ont accompli quelque-chose de notable dans leur vie. D'ailleurs, la haute noblesse elle-même ne trouve rien de bas au négoce ou à l'art. "Leurs ouvrages leur font plus d'honneur que leur nom."

Il termine, paradoxalement, son livre par une mise en pièces des pensées de Pascal, "misanthrope sublime". "Au lieu donc de nous étonner et de nous plaindre du malheur et de la brièveté de la vie, nous devons nous étonner et nous féliciter de notre bonheur et de sa durée." Pascal n'aurait certainement pas publié de telles inepties, s'il était resté en vie. 

Voltaire traite Newton de "philosophe". Comme Tocqueville ou Montesquieu, il ne semble pas croire au monde des "idées" de Platon. C'est un pragmatique. Pour lui la philosophie est vie et action, et enseignements tirés de l'observation par un esprit sain. Il faut "joindre la pratique à la spéculation", sans se faire prendre au piège de la science art pour l'art : "il y a un point passé lequel les recherches ne sont plus que pour la curiosité". La philosophie ne se professe pas, elle est discipline intellectuelle de l'honnête homme ? 


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