« Sukkwan Island » est une île isolée du sud de l’Alaska, où Jim décide d’acheter une cabane, afin d’y passer du temps avec son fils de 13 ans. Conscient d’avoir totalement loupé sa vie et éprouvant le besoin de prendre du recul, il espère pouvoir se débarrasser de ses démons intérieurs tout en renouant avec ce fils qu’il a négligé aux fils des divorces. Un séjour de quelques mois sur cette île déserte qui s’annonce physiquement… et mentalement éprouvant !
Si comme cet homme divorcé vous vous attendez à une bonne dose de nature writing, parsemé de complicité entre un père et son fils pêchant le saumon et coupant du bois pour affronter l’hiver, passez votre chemin car c’est bel et bien un huis-clos particulièrement sombre que nous sert David Vann. Le calme et le silence sont certes au rendez-vous de cette vie au grand air, mais les silences et les non-dits entre cet adulte brisé et cet ado qui se cherche encore créent immédiatement une ambiance pesante qui n’annonce rien de bon… et fait même craindre le pire !
Dès les premières pages, le lecteur se sent mal à l’aise en compagnie de cet homme dépressif et pitoyable, puis accompagne cette descente aux enfers angoissante au cœur d’une névrose qui n’épargne rien ni personne. Malgré le grand air, j’ai terminé ce voyage dévastateur qui nous plonge jusqu’aux tréfonds de l’âme humaine totalement asphyxié. J’ai par contre trouvé que la première partie du roman, dont la conclusion m’a laissé bouche bée, se suffisait à elle-même et que la deuxième partie poussait le bouchon inutilement trop loin.
Sukkwan Island, David Vann, Gallmeister, 212 p., 18€
Lisez également : « La Route » de Cormac McCarthy, « Blizzard » de Marie Vingtras ou « Dans la forêt » de Jean Egland.
Ils en parlent également : Hugues, Aude, Mes échappées livresques, Chinouk, Pierre, Culture VSNews, Lanie, Yan, Laila, Papillon, The Eden of Books, Anne-Sophie, Sylire, Moby, Cathulu, Cynic, Un coin de blog, Bladelor, Pamolico, Bouquins de poches en poches, Lydia
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