Véronique Anger-de Friberg : Déborah, j'aimerais que vous expliquiez aux lecteurs de ConfiNews comment vous avez eu l'idée des Confkids ?Déborah Le Bloas :J’ai bien peur d’enfoncer des portes ouvertes, car la démarche pour insuffler de l’optimisme et de la dynamique est, selon moi, la même depuis la nuit des temps. Avant tout : éduquer, sensibiliser. Plus on en apprend sur un sujet, plus on se rend compte que de nombreuses solutions et « poches d’air » existent. C’est encore plus vrai en ces heures de catastrophisme médiatique justifié (mal d’ailleurs) par la course aux audiences. Ensuite : discuter, échanger. Il y a une réelle éco-anxiété chez les jeunes. La première façon de s’en libérer est d’en parler, voire d’en rire. Il ne s’agit pas de trivialiser ou de banaliser, mais de réaliser que ces sujets ne préoccupent pas que nous-mêmes. On se sent plus forts à plusieurs pour les affronter. Enfin, et c’est au moins aussi important que tout le reste : donner des occasions d’agir. L’angoisse nait aussi de l’impuissance, du sentiment de compter pour quantité négligeable. Montrer qu’on a des occasions d’agir à tous les niveaux et à tout âge donne une grande force.
Véronique Anger-de Friberg : Vous êtes très investie dans le milieu associatif. Je pense notamment à l'inclusion des jeunes délinquants. Pourquoi ce choix en particulier ?
Véronique Anger-de Friberg : Aujourd’hui, vous lancez une nouvelle action www.enfants2022.fr pour faire voter à la Présidentielle les moins de 18 ans. Est-ce que cette expérience pourra servir de boussole aux adultes pour mieux comprendre les attentes et le niveau d’engagement citoyen de la jeunesse ?
Déborah Le Bloas : Le niveau d’engagement citoyen de la jeunesse est déjà élevé. C’est manifeste sur les questions écologiques, économiques et sociétales. Simplement, ils s’expriment plutôt dans la rue, en créant des collectifs ou des pétitions… plutôt que dans les urnes où il ne sont pas admis. En effet, nous espérons que les résultats de ces élections « Enfants2022 » seront entendus et analysés. Pour être considérés comme valides, pertinents et qu’ils invitent les analystes à s’en saisir, les votes se feront sur un mode proche du scrutin traditionnel : vérification de l’identité par un assesseur et anonymat du bulletin. Il faudra également un nombre de votes significatifs.Notre plus gros défi est justement d’arriver à fédérer les maisons de la République et les assesseurs autour de cette expérimentation puisque ce sont eux qui donneront accès à la plateforme et animeront ces temps citoyens avec les jeunes : écoles, collèges, et lycées publiques et privés, centres sociaux, centres éducatifs, établissements pénitentiaires pour mineurs… « Enfants2022 » propose d’ailleurs des outils pédagogiques pour les y préparer tout en respectant le devoir de neutralité. Nous avons la conviction que c'est dans l'appropriation par les jeunes des enjeux de notre pays, dans le développement de la pensée critique, dans la prise d'habitude du geste électoral, que réside la meilleure promotion auprès d'eux des valeurs et de la vie démocratiques.Pour en savoir plus sur Enfants2022 et les Confkids
Première publication le 20 décembre 2021 par Véronique Anger-de Friberg dans la rubrique "L'interview Forum Changer d'Ère" qui fait écho au Forum Changer d’Ère créé et organisé par Véronique Anger depuis 2013 à la Cité des sciences et de l'industrie, Paris.