Cela nous aura pris 40 ans, à ma sœur et moi, pour nous retrouver et repasser un Noël ensemble, le 24 décembre dernier.
Grâce à la crise sanitaire actuelle, je me suis retrouvée en Europe, sans activités et sans revenus, en octobre 2020 alors que j'étais partie pour une tournée sur ce continent puis en Asie. Ma sœur m'a invitée à venir habiter chez elle et m'a hébergée durant plus de trois mois.
C'était la première fois que nous avons ainsi pu échanger, partager et, surtout, se comprendre. Nous avons eu beaucoup de plaisir ensemble et avons retrouvé ce qui est notre famille, soit elle, moi et son fils.
La vie nous a séparées lorsqu'elle est allée en pensionnat quand elle avait 11 ans. J'ai quitté la maison l'année suivante pour aller à l'université dans une autre ville puis j'ai immigré au Canada cinq ans plus tard. Même quand j'étais encore en Suisse, je ne retournais à la maison que deux ou trois fois par an. Je détestais l'énergie qui y régnait et j'en revenais déprimée.
J'ai suivi l'évolution de ma sœur de loin, à travers ma mère puis avec quelques contacts sporadiques comme au décès de notre maman en 2002. Nous n'étions pas vraiment proches, de toute façon.
Les ragots familiaux, particulièrement d'une tante toxique, m'ont toujours décrite de façon fausse et hypocrite. Encore jeune, ma soeur y a alors cru. J'étais différente et personne ne me comprenait sauf maman qui s'était ouverte à mon cheminement. Elle était fière de ce que j'avais réussi à réaliser pour moi, à me sortir de ce milieu familial toxique et violent. Pour ma part, j'étais loin de cette famille et je faisais ma vie comme je l'entendais. Je ne voulais plus rien savoir de leur hypocrisie.
Quand j'ai commencé à retourner en Suisse chaque année pour mes tournées de stages, dès 2014, j'ai doucement repris contact avec elle. Nous nous sommes vues mais elle avait encore des considérations à mon égard qui provenaient de préjugés et de ragots de cette tante qu'elle aimait beaucoup et qu'elle avait crue.
Cela a pris sept ans avant que ma sœur me découvre telle que je suis, qu'elle voie enfin le jeu de cette tante et qu'elle réalise toutes les faussetés que celle-ci avait racontées à mon sujet.
C'est quand ma sœur a décidé de prendre soin d'elle avant de prendre soin des autres que tout a commencé à s'éclaircir dans sa vision de la vie. Elle s'est fait ce cadeau à son cinquantième anniversaire. Nous nous sommes alors rapprochées spontanément. Je l'ai aidée à trouver un thérapeute et autres soutiens et je l'ai aidée aussi. La transformation heureuse s'est opérée doucement et continue avec succès et je suis très heureuse de la voir devenir une femme qui a repris son pouvoir et fait des choix de vie avec cœur et conscience.
Je n'ai jamais poussé ni forcé personne à croire quoi que ce soit à mon sujet. Toute jeune, j'ai compris que j'étais différente et je l'ai assumé car, si je ne le faisais pas, je me pilais dessus et n'étais pas heureuse. J'ai fait ma vie, tout simplement. Je me suis respectée dans ce que je sentais que je devais vivre et je l'ai fait, peu importe ce que les autres pouvaient en penser. J'ai ainsi réalisé plusieurs rêves et je continue à en réaliser.
Faire ce choix implique aussi éventuellement de vivre seule, ce que je suis depuis de nombreuses années. Je préfère cependant être seule que mal accompagnée et je n'ai pas encore trouvé LE compagnon qui partagera mon cœur (mais je l'espère !).
Je n'ai jamais eu d'attentes quant au fait de retrouver ma sœur et renouer les liens familiaux avec elle, juste un souhait dans un tiroir de mon coeur. Petit à petit, à force de venir toquer gentiment à la porte de son cœur et de lui dire que j'étais là, ces dernières années, elle a ouvert la porte et a accepté d'écouter ma version de ma vie, celle que je suis seule à pouvoir connaître, contrairement à cette tante qui me critiquait sans me connaître, avec qui je n'ai plus de lien depuis bien longtemps.
Ma sœur et moi étions seules les deux ensemble à Noël dernier. Nous sommes allées manger un hamburger dans sa voiture (puisqu'on ne pouvait pas manger au restaurant) et sommes revenues chez elle. C'est là que nous avons réalisé, à papoter au salon, que cela devait faire quarante ans que nous n'avions pas passé un Noël ensemble. Nous en avons été touchées et heureuses.
Le temps n'existe pas. Nous avions à prendre ce temps pour comprendre et guérir afin de se retrouver. Au fond de moi, j'ai toujours cru et su que les gens entrent et sortent de notre vie quand on y est prêts. On doit parfois s'éloigner, peu importe le temps, avant de se retrouver.
Je n'avais jamais oublié ma petite sœur, même si nous n'avons pas le même père. Avec l'âge qui avance, j'avais envie qu'elle refasse partie de ma vie et ce rêve s'est réalisé.
Je pense à ces parents dont l'enfant s'est éloigné à l'adolescence ou plus tard, qui a même éventuellement coupé les ponts avec eux. Un jour, il reviendra, quand il aura compris.
" Patience infinie apporte un résultat immédiat ", nous disait un enseignant en spiritualité. Ne cessez jamais de croire.
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De tout cœur
© Dominique Jeanneret
Thérapeute et accompagnante
dominiquejeanneret.net
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