Cette étude menée par une équipe de la Johns Hopkins Medicine (Baltimore) suggère que la leptine, une hormone impliquée dans la satiété, produite par les cellules adipeuses, semble annuler les effets de la thérapie bloquant les œstrogènes, le tamoxifène, un médicament couramment utilisé pour traiter et prévenir les cancers du sein. Ces données publiées dans la revue npj Breast Cancer appellent à généraliser les interventions qui peuvent réduire la leptine, comme les médicaments permettant de cibler les gènes favorisants ou, plus simplement, en encourageant la perte de poids.
Le cancer du sein à récepteurs d'œstrogènes positifs est le type de cancer du sein le plus courant et sa croissance et sa propagation reposent sur l'hormone œstrogène. En conséquence, il répond généralement bien aux thérapies hormonales qui interfèrent avec la production d'œstrogènes par le corps. Cependant » certaines femmes obèses peuvent ne pas tirer pleinement parti du tamoxifène, l'un des médicaments les plus prescrits pour le traitement et la prévention du cancer du sein à récepteurs d'œstrogènes positifs », rappelle l’équipe du Johns Hopkins Kimmel Cancer Center.
«Avec l'augmentation de l'obésité dans le monde et sa prévalence élevée (40 %) dans la population américaine, de trop nombreuses patientes atteintes de cancer du sein risquent de mauvais résultats », relève l’auteur principal, le Dr Dipali Sharma, professeur d'oncologie à l'Université Johns Hopkins.
L'obésité est associée à un risque accru de cancer du sein,
- mais aussi à des tumeurs plus grosses, à une progression métastatique plus importante, à un risque plus élevé de récidive et à de plus mauvais pronostics. Cependant, cette association n’est pas totalement comprise.
- ces mauvais résultats pourraient être liés, en fait, à une réponse moins bonne aux thérapies anticancéreuses, l’effet thérapeutique étant influencé par les molécules endocrines – les cytokines – produites par les cellules adipeuses ;
- la leptine en particulier, une hormone sécrétée par les graisses apparaît liée à la croissance et à la progression du cancer.
Cet effet de la leptine sur la réponse thérapeutique est ici observé chez des souris nourries avec un régime riche en graisses pendant 8 semaines, ayant entraîné l'obésité et l’augmentation des niveaux de leptine chez l’animal. Les souris ont ensuite été greffées avec des cellules cancéreuses du sein humaines à récepteurs d'œstrogènes positifs, devenant « des souris modèles de cancer du sein ».
- Lorsque les souris sont traitées par tamoxifène, alors que les tumeurs des souris maigres répondent et régressent, celles des animaux obèses ne diminuent pas ;
- enfin, les souris maigres qui reçoivent de la leptine, ne répondent plus non plus au traitement par tamoxifène ;
- pris ensemble, ces résultats suggèrent que la leptine annule l’effet anticancéreux du tamoxifène.
Quel mécanisme ? L’équipe montre que la leptine semble activer les récepteurs des œstrogènes sur les cellules cancéreuses du sein, même en l'absence d'œstrogènes, déclenchant à son tour une cascade de gènes favorisant le cancer. Un gène clé de cette cascade est Med1, qui s'associe à des dizaines de gènes liés à l'obésité. Lorsque les chercheurs « éteignent » ce gène, les tumeurs répondent alors au tamoxifène, même en présence de leptine.
Les auteurs appellent donc à encourager les interventions qui peuvent réduire la leptine chez les femmes souffrant d’obésité et de cancer du sein- parmi ces interventions possibles, la perte de poids ou de futurs composés, qui restent à développer- pouvant cibler les gènes favorisant ce processus, dont le gène Med1.
Source: npj Breast Cancer August 2021 DOI: 10.1038/s41523-021-00314-9 Hyperleptinemia in obese state renders luminal breast cancers refractory to tamoxifen by coordinating a crosstalk between Med1, miR205 and ErbB
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Équipe de rédaction SantélogDéc 21, 2021Rédaction Santé log