Il est sorti, il est tout neuf, le DVD Studio Canal des Cruels de Sergio Corbucci. Le film a toujours été inédit en France, de sorte que la VF de ce film est très récente. Et c’est curieux, parce que ça ne colle pas. Tout comme la VF récente des scènes coupées du Bon la brute et le truand ne colle pas. La façon de parler des années 2000 s’entend et détonne comme un coup de feu dans la sierra Nevada. Dans le cas du Bon la brute et le truand, ça peut se comprendre, on passe brutalement de la façon de parler des années 60 à la façon de parler des années 2000. La rupture de ton est criante et gênante. Mais dans le cas des Cruels, c’est plus problématique. Pourquoi cela nous choque-t-il alors que cela ne nous choque pas quand on entend la VF d’un western récent comme l’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Open Range ? De même, les VF des westerns des années 90 (Tombstone, Wild Bill) ont leur timbre propre qui se reconnaît instantanément. Et ce n’est sûrement pas une histoire de doublage : évidemment même en VO, un western des années 60 ne « sonne » pas comme un western des années 90, et il est clair que la sonorité des années 50 ou 60 n’est pas plus proche historiquement de la façon de parler de la fin du XIXe siècle. Alors pourquoi bougre diable fichtre crotte sommes nous gênés d’entendre une VF récente sur ce film ? Avons-nous vu tant de films des années 60 que nous établissons inconsciemment un lien direct entre l'aspect de l’image et la sonorité des dialogues ? Notre cerveau est-il à ce point formaté ? Sans doute que non, car après quelques minutes d’accoutumance, les neurones ne font plus attention à la chose, d’autant que cette VF reste malgré tout de qualité, les acteurs de doublage ne parlent quand même pas comme ils parleraient dans la rue, et la traduction respecte assez bien le style des westerns de l’époque. Pas d’hésitation, donc, jetez vous sur ce bon petit Corbucci méconnu qui vaut le détour !