Critique des Gros patinent bien, de Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois, vus le 11 décembre 2021 au Théâtre du Rond-Point
Avec et mis en scène par Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois
J’ai découvert Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan dans Le gros, la vache et le mainate, il y a près de dix ans maintenant. Et depuis c’est un rendez-vous plus qu’attendu de découvrir leurs nouveaux imaginaires, leurs nouvelles lubies. Et chaque fois, j’ai un peu peur, car jusqu’ici, il ne se sont pas encore plantés. Mais quand on propose un spectacle qui se base entièrement sur des cartons, ça passe ou ça casse. Rassurez-vous : ça passe. Et ça passe avec brio, même.
En fait, ce n’est pas vraiment exact de dire que le spectacle se base entièrement sur les cartons. C’est vrai, il n’y a rien d’autre sur scène que les deux comédiens et pleeeeeeein de cartons. Mais le spectacle ne serait pas aussi dingue si les deux comédiens se contentaient de lever les cartons au bon moment. Quand on n’a que des cartons pour raconter une histoire, on n’a pas d’autre choix que donner tout ce qu’on a pour l’incarner à côté. Et tout ce qu’ils ont, c’est déjà beaucoup.
Durant plus d’une heure, ils vont mimer, à l’aide de ces cartons, donc, les aventures rocambolesque de cet américain parti d’Islande et qui va traverser l’Ecosse, l’Angleterre, la France, et l’Espagne. Tout ça, sans que le comédien qui l’incarne ne bouge de son tabouret ni ne parle une langue intelligible – rassurez-vous, grâce au talent de Olivier Martin-Salvant, on a l’impression de tout comprendre. C’est surréaliste et génial à la fois. Pierre Guillois, qui incarne l’environnement qui entoure notre protagoniste, est absolument prodigieux. Il se donne corps et âme pour donner vie à cette histoire : au son approximatif vient se greffer un visuel d’une créativité monstre qui permet à tout le monde de s’y retrouver.
Je pense que tout ce qu’il y avait à faire avec des cartons, ils le font sur cette scène. Leur inventivité sans limite provoque un rire sans limite. C’est du théâtre de tréteaux de pauvre d’une richesse infinie, c’est guignol poussé à l’extrême, ce sont des clowns des temps modernes qui cherchent leurs nez rouges. Moi qui avais peur que ce spectacle créé pour le plein air ne trouve pas sa place dans la grande salle du Rond-Point, j’étais complètement à côté de la plaque. La salle n’est qu’un grand éclat de rire durant toute la pièce.
Ce spectacle, en apparence plutôt simpliste, est probablement l’un des plus demandeurs en terme de logistique, en terme de régie, que j’ai pu voir récemment. Même dans les rares longueurs du spectacle, on peut se contenter d’admirer la prouesse technique, la démonstration de rigueur et de créativité qu’ils donnent, c’est simplement une leçon. Une incroyable leçon de théâtre. Bravo !
Toujours plus fan de ce duo.
© Giovanni Cittadini Cesi