Notre ami Alain, nous a convié, Joseph et moi, à une visite à Petrus commentée par Olivier Berrouet, début Juillet.
Le vignoble de Pomerol a une surface globale en production de l’ordre de 790 hectares, ce qui, ramené à la taille moyenne d’une propriété de cette appellation, donne une superficie d’environ 5 hectares.
La caractéristique principale de ce vignoble, c’est la nature lithologique de son sous-sols, qui schématiquement peut se résumer à un jeu d’ellipses emboités, constituées du nord au sud de l’appellation de sables et sables limoneux, de graves et d’argiles (au centre du plateau ), série lithologique que l’on redescend vers le sud, avec la même composition à partir du point central qu’est Petrus, en direction de Cheval Blanc.
Le terroir de Petrus
Petrus est situé au point culminant du plateau, qui présente une légère déclivité, vers le nord et le sud de l’appellation. Cette situation géomorphologique va jouer le rôle de drain naturel pour les parcelles de Petrus. Petrus, c’est avant tout l’exception de ses sous-sols, ce que l’on nomme communément la boutonnière argileuse. Les sols et sous-sols sont constitués d’une première couche argileuse (argile noire), d’environ 70 centimètres d’épaisseur, tout ceci pourrait être assez banal, si ce n’est que ces argiles sont des smectites (argiles gonflantes).
Bien que cette visite soit rapportée sur un forum dédié au vin, il me semble nécessaire de détailler la nature de ces argiles. Les minéraux argileux se présentent sous forme de feuillets (phyllosilicates), plus ou moins bien organisés. Les smectites ont un empilement de feuillets élémentaires désordonnés, ce qui facilite l’écartement interfoliaire. Dans cet espace interfoliaire peuvent de loger des cations divers, des molécules d’eau et des molécules organiques. Les smectites ont donc une aptitude particulière à stocker l’eau, et à la restituer « goutte à goutte » à la vigne, elles ont aussi la faculté de se comporter comme une éponge, c'est-à-dire à ne pas stocker davantage d’eau qu’elles ne peuvent en contenir, les excès d’eau s’écoulant lentement vers le bas du plateau de Pomerol. L’enracinement des vignes est faible, en profondeur (60 à 70 centimètres), autant dire que les vignes sont enracinées entièrement dans les argiles noires (smectites), qui reposent sur des argiles bleues riche en fer (ferreux). Nous sommes en présence d’un sol et d’un sous-sol, caractérisant un grand terroir bordelais, équilibré, sans excès hydrique en millésime humide, et sans rupture d’alimentation de la vigne en période sèche, bref un facteur limitant dans un sens ou dans l’autre. En ce sens les sols et le sous-sol de Petrus sont exceptionnels, au sens premier du terme.
A suivre....