Mémoires d'un amant lamentable

Par Nicolas S.
« Celia, le dernier numéro de mon petit calepin. J'avais déjà investi un demi-dollar en téléphone. Je me souvenais très bien de Celia, une petite avec des verres de contact, la fesse plate mais suffisamment de poitrine pour remplir deux soutiens-gorge. Plutôt mignonne, mais, malheureusement, intellectuelle. Elle habitait Greenwich Village et ne se séparait jamais, même pour aller au petit endroit, d'un bouquin de Spinoza.
Ce dernier numéro ne m'emballait qu'à moitié, mais, si vous vous êtes déjà trouvé seul dans une chambre d'hôtel, une pluie fine et glaciale battant les vitres, tandis que, dehors, les klaxons des taxis évoquent pour vous des couples énamourés se ruant vers de larges divans, vous savez qu'il ne vous reste comme choix que de vous précipiter du haut de l'Empire State Building, ou dans les bras de Celia. »
Groucho MARX, Mémoires d'un amant lamentable - 1963
216 pages, coll. Points-Virgule - 3 €