À coups de chapitres de quelques pages, il nous invite à contempler le vide laissé par celle qui vient de le quitter après presque soixante ans de vie commune, tout en cherchant à prolonger sa présence en continuant à lui écrire. Au fil des pages, « Jacqueline Jacqueline » se transforme en mausolée de papier visité par un veuf solitaire partageant son chagrin, voire même sa honte et sa colère d’être encore là, tandis qu’elle n’est plus. Ces petits passages non chronologiques qui prennent vie en fonction de l’endroit, des rencontres et des souvenirs sont d’une authenticité tellement bouleversante que je me suis parfois senti mal à l’aise de plonger ainsi dans l’intimité de ce couple, l’auteur faisant certes preuve de beaucoup de tendresse, de franchise, d’auto-dérision et d’humour, mais parfois également d’une bonne dose d’impudeur.
Etant déjà fan de l’écriture tout en finesse de Jean-Claude Grumberg, je me suis une nouvelle fois délecté des mots qu’il dépose ici avec énormément de justesse sur son deuil, rendant le plus bel hommage qui soit à sa belle Jacqueline. Une complicité prolongée le temps de quelques pages, donnant presque l’impression de lire un ouvrage écrit à quatre mains…
Profitez de ceux que vous aimez tant qu’ils sont encore là !
Jacqueline Jacqueline, Jean-Claude Grumberg, Seuil, 350 p., 21 €.
Ils en parlent également: Audrey, Christine, Jean, Nath, Gambadou
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