" Tout le monde dit que je suis gentille, brave, c'est pas vrai. J'ai passé ma vie à faire des choses uniquement pour qu'on m'aime. " (Jane Birkin).
Au moins, ça a marché, qu'on l'aime, quand on devient l'égérie d'un pays entier pendant si longtemps ! Eh oui, les années passent, comme on dirait dans un troquet du coin, et la toute jeune fille est devenue une femme un peu plus mûre mais toujours envoûtante et impressionnante. Jane Birkin a 75 ans ce mardi 14 décembre 2021. Pour beaucoup de Français, elle est l'Anglaise qui a choisi la France depuis une cinquantaine d'années et ils s'en réjouissent.
Elle est impressionnante pour son histoire et son talent. Son couple avec Serge Gainsbourg est aussi légendaire que le couple Simone Signoret et Yves Montand. Avec lui, la jeune actrice était aussi une jeune chanteuse. Elle transformait tout en or à l'époque. Gainsbourg aussi. Et un or à odeur de scandale.
La chanson "Je t'aime moi non plus" (le Vatican a trouvée la chanson obscène) mais aussi le film du même nom en 1976 (de Serge Gainsbourg) qui était sexuellement très ambigu, elle a joué l'amoureuse de Brigitte Bardot dans "Don Juan_73" en 1973 (de Roger Vadim)... Elle s'était fait connaître au cinéma anglais pour avoir joué une scène d'une femme entièrement déshabillée de force, ce qui était une première, dans le film "Blow-Up" en 1967 (de Michelangelo Antonioni).
Sur cette lancée, elle est devenue la fille un peu légère, belle et un peu stupide. Mais elle valait plus que cela, et si elle a eu beaucoup de succès dans des comédies françaises dans les années 1970, notamment de Claude Zidi, en duo avec Pierre Richard (on retiendra "La moutarde me monte au nez" en 1974 et "La course à l'échalote" en 1975), elle a eu aussi la chance de rencontrer des réalisateurs qui l'ont regardée autrement que sous l'angle de la légèreté et la beauté, le premier sans doute était Michel Deville pour "Le mouton enragé" en 1974, puis Jacques Doillon, qu'elle a épousé par la suite, lui a confié plusieurs rôles dans des films dits intellectuels (en 1984, le réalisateur l'a fait jouer avec son frère, également acteur, Andrew Birkin, dans "Le Pirate"). Et cela a marché ! Elle n'était plus seulement une "ravissante idiote" mais désormais une égérie du "cinéma d'auteur".
Ce qui est impressionnant, c'est le nombre de réalisateurs et d'acteurs avec qui elle a joué pendant une trentaine d'années dont l'énumération deviendrait un catalogue du cinéma français (et pas seulement français). Le sujet des films peut être aussi parfois étonnant, et c'est cette diversité qui est également impressionnante. Juste un exemple, en 1980, elle joue la maîtresse du peintre Egon Schiele dans un film biographique franco-germano-autrichien consacré à l'artiste.
Même au théâtre, elle a pu jouer entre autres avec Fanny Ardant ou Michel Piccoli. Elle a aussi réalisé et scénarisés deux ou trois films (d'inspiration autobiographique), puis conçu leur adaptation au théâtre... Et cela sans oublier, bien sûr, l'autre branche de son talent, la musique. Initialement interprète, elle s'est mise aussi à écrire ses chansons et a fait de nombreux concerts, accompagnée parfois d'un orchestre symphonique, et son travail de chanteuse a toujours su se compléter avec de nombreuses collaborations, là aussi leur énumération serait un annuaire de la chanson française.
Reconnaissance de la profession, certainement, avec deux Victoires de la musique, une de la meilleure interprète féminine de l'année 1992 et l'autre, une Victoire d'honneur attribuée cette année en hommage à sa carrière. En revanche, le cinéma et le théâtre n'ont fait que la nommer, trois fois pour les Césars (en 1984, en 1986 et en 1992), et une fois pour les Molières (en 1990).
Elle a eu trois filles, la photographe Kate Barry (1967-2013), et les actrices et chanteuses Charlotte Gainsbourg (qui a eu 50 ans cette année) et Lou Doillon (qui aura 40 ans l'année prochaine). En mars 1991, Jane Birkin a appris en quelques jours d'intervalle la mort de Serge Gainsbourg et celle de son père malade qui, pendant la guerre, aidait la Résistance française en transportant clandestinement des résistants dans son camion, et François Mitterrand aurait même bénéficié d'un de ses convois. Jane Birkin a parcouru son chemin artistique de manière très personnelle. Ses derniers albums sont sortis en 2017 et 2020.
Voici sa chanson mémorable, avec Serge Gainsbourg, qui a fait tant couler d'encre.
Quant au cinéma, je citerai quatre films qui m'ont particulièrement marqué, pas forcément dans le rôle principal.
1. "La Piscine" de Jacques Deray (1969) : Jane Birkin joue la petite fille sage d'un père odieux (Maurice Ronet) qui s'invite chez son ami Alain Delon en présence de la compagne de celui-ci (Romy Schneider). Un jeu à quatre avec d'effroyables conséquences.
2. "Sept morts sur ordonnance" de Jacques Rouffio (sorti le 3 décembre 1975) : Jane Birkin joue l'épouse très bourgeoise d'un chirurgien arrogant Gérard Depardieu amené par son patron de clinique, l'horrible Charles Vanel, vers un destin tragique, histoire parallèle d'un autre chirurgien, Michel Piccoli.
3. "La Belle Noiseuse" de Jacques Rivette (sorti le 4 septembre 1991) : Jane Birkin est la femme d'un grand peintre (Michel Piccoli) qui rencontre la très sensuelle Emmanuelle Béart qui accepte d'être son nouveau modèle pour achever un vieux tableau dont sa femme était le modèle.
4. " Quai d'Orsay" de Bertrand Tavernier (sorti le 6 novembre 2013) : Jane Birkin y fait une brève apparition en tant que Prix Nobel de Littérature (étrangère) reçue par Dominique de Villepin (Thierry Lhermitte) pour un déjeuner au ministère. Un peu étonnée, elle ne peut pas placer un mot, noyée par le bavardage du ministre qui aligne des lieux communs, muni de sa petite fiche de renseignements sur l'illustre et silencieuse écrivaine.
Jane Birkin a fait de nombreuses tournées, encore en 2019, et elle s'est produite en 2021 aux Francofolies de La Rochelle. À la fin de l'été 2021, elle a eu un pépin de santé et elle a mis trois mois à s'en remettre, avec de la chance car sans séquelle. Elle s'est confiée dans l'émission "Laissez-vous tenter" sur RTL le 8 décembre 2021 où elle a raconté son "petit" AVC : " Moi, j'étais avec ma copine qui a trouvé que je parlais bizarrement. Elle a vu tout de suite que quelque chose n'allait pas. ". Elle a ainsi pu être prise en charge immédiatement. Je lui souhaite donc, avant l'heure, et pour un long temps encore, une très bonne santé !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (12 décembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Serge Gainsbourg.
Jane Birkin.
Philippe Noiret.
Jean Amadou.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211214-jane-birkin.html
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/bon-anniversaire-jane-birkin-237918
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/12/11/39258666.html