En 1885 Geneviève est infirmière à la Salpêtrière dans le service du professeur Charcot, neurologue renommé. Elle s'occupe notamment de Louise, adolescente violée par son oncle et sujette ensuite à des crises d'hystérie, de Thérèse, surnommée la Tricoteuse et des autres femmes enfermées là souvent contre leur gré. Elles préparent le bal de la mi-carême avec entrain.
" Loin d'hystériques qui dansent nu-pieds dans les couloirs froids, seule prédomine ici une lutte muette et quotidienne pour la normalité. "
Geneviève a pris de la distance et a renoncé à voir des femmes derrière les patientes depuis que l'une d'elles a cherché à l'étrangler. Et pourtant, l'arrivée de Eugénie, jeune femme qui communique avec les morts, trahie par les siens, va ébranler ses convictions...
Dans ce roman étonnant, admirablement bien conçu, nous découvrons les coulisses de cet hôpital célèbre, ce "dépotoir pour toutes celles nuisant à l'ordre public. Un asile pour toutes celles dont la sensibilité ne répondait pas aux attentes. Une prison pour toutes celles coupables d'avoir une opinion. "
Les destins différents des femmes présentent le lieu ou comme un échappatoire à une vie souvent opprimée par les hommes, ou comme une prison pour celles devenues trop encombrantes pour leur famille en raison de "leur tare". Les personnages incarnent à merveille ces différents profils auxquels on s'attache et illustrent parfaitement cette sentence universelle : " la foi inébranlable en une idée mène aux préjugés. " Un appel à douter de tout ...